dimanche, août 12, 2007

Nekrassov,Sartre.mise enscène:Jean-Paul Tribout avec Eric Verdin dans le rôle- titre

Présentation à Plamon
Doté d'un solide sens de l'humour, voire de l'autodérision, J.P. Tribout se plaît à dire qu'en adaptant des pièces inconnues de tous il ne déçoit personne!
On peut le remercier de nous avoir fait découvrir Nekrassov, l' unique comédie de Jean-Paul Sartre et de nous avoir donné envie de la lire grâce à sa brillante mise en scène .

Ecrite en 1955, en pleine guerre froide et au moment de l'affaire Krachenkov, haut fonctionnaire et dissident soviétique accusé d'être un agent des services secrets américains , cette" farce aristophanesque ", comme la qualifiait Sartre est une satire de la propagande anticommuniste de l'époque et un pastiche des méthodes de la presse à sensation , Jules, patron de Soir à Paris , rappelant Pierre Lazareff , patron du célèbre "France Soir ". Comme dans le Menteur de Corneille, faux-semblants, mensonges et 'imposture mènent la danse dans un jeu assez vertigineux d'autant plus qu'on peut y trouver un système d'échos actuels quant aux petits arrangements entre politiques et manipulations des média .
L'écriture de la pièce est surprenante, puisqu'elle utilise la manière d'Anouilh et de Sacha Guitry, à une époque où émergeaient d'autres formes de théâtre, celui d'Adamov ou de Brecht .Roland Barthes, tout en lui reconnaissant une certaine efficacité pensait qu'il était "difficile de faire du grand théâtre politique avec les formes compromises de la dramaturgie bourgeoise " Créée en 1956 par Jean Meyer, elle fut violemment critiquée , en raison du contexte politique , la presse refusait même les placards publicitaires pour Nekrassov .
Pour l'anecdote, Jean Meyer renvoya après plusieurs répétitions un débutant qui n'était autre que Louis de Funès !
Quinze ans plus tard, Georges Werler reprit Nekrassov : demi-succès cette fois-ci .

Bien qu'elle se méfie des coupures qui pourraient fausser la pensée de Sartre, la fille adoptive de J.P. Sartre a autorisé J.P.Tribout à en pratiquer quelques unes, sinon la pièce durerait plus de trois heures .
Elle mobiliserait 26 comédiens-limités ici au nombre de 9 - c'est à peu près la même équipe que pour Zoo, l'assassin philanthrope de Vercors - ce qui cadre bien avec le thème des identités multiples. Décor et costume sont dans l'esprit des années 50: poste de radio , musique et réclames en fond sonore , stores vénitiens en bakélite façon cinéma américain, teintes sépia .

RéactionsSuccès complet !
Le rythme est éblouissant, avec le côté feuilletonnesque des anciennes séries télévisées ou radiophoniques et dans le droit fil des lectures de Sartre, enfant et adulte , qu'il évoque dans les Mots :"J'inventais un univers difficile et mortel, celui de Cri-Cri, de l'Epatant, , de Paul d'Ivoi(...) J'adorais le Cyrano de la Pègre, Arsène Lupin (...)"Les comédiens sont tous excellents .Saluons en particulier le jeu irrésistible de Henri Courseaux , journaliste réactionnaire coincé entre honnêteté et arrivisme , la pétulance de Catherine Chevallier, et la véritable performance d'Eric Verdin .

Pour élargir et passer du plaisir théâtral à la réflexion philosophique rappelons l'analyse proposée par Michel Mourlet aux habitués de Plamon : le personnage de Georges de Valéra , faux Nekrassov, s'inscritdans la pensée existentialiste de Sartre où chacun se construit par rapport au regard des autres.Si sympathique soit-il, Valéra, le soi-disant Nekrassov , qui refuse de s'engager peut être mis en parallèle avec Garcin, le Lâche de Huis clos .


 

http://mourlet.blog.mongenie.com/
http://www.lelitteraire.com/article3014.html

Sur la mise en scène de G.Werler
Cliquez ici pour visionner un extrait video du
Magazine du théâtre : "Nekrassov

A propos d'une série télévisée mythique
Les Brigades du Tigre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Comme des poissons dans l'eau

                                                                     Les Claies de Vire