vendredi, septembre 05, 2008

Bicentenaire de la naissance de Barbey d'Aurevilly


Le Musée Barbey d'Aurevilly, entièrement réaménagé, a accueilli près de 3400 visiteurs depuis son inauguration le 20 juin 2008.

Les rues de Saint-Sauveur le Vicomte pavoisées aux couleurs de Barbey...
Ce samedi 6 septembre, les rafales de vent, anticipant celles du jour des morts , secouaient, froissaient les portraits sur tissu de Barbey d'Aurevilly.


Samedi - septembre 2008-Assemblée générale de la société Barbey d'Aurevilly.
Entourée de Mme Isabelle Barré, présidente, et de M. Claude Godefroy, secrétaire, Mme Dominique Bussillet présente son essai, Une nature ardente , illustré de gravures de Gilbert Bazard (Cahiers du temps)
Dominique Busillet a expliqué le titre de son ouvrage, en référence aux quatre éléments qui composent , de manière équilibrée, l'univers du Connétable des lettres, et le fil directeur qui l'a conduite à s'intéresserà trois autres écrivains normands :Flaubert , Maupassant, Proust.
Inspirée par cette pensée de Baudelaire:" le génie n'est que de l'enfance retrouvée", elle s'est attachée à rechercher en chacun d'eux "l'enfant triste", l'enfant caché , comme celui qui écoute, dans le salon des Touffedelys, sans que quiconque fasse attention à sa présence.

Le ressort même de l'oeuvre de Barbey , c'est la tristesse d'avoir été -ou de s'être cru- mal aimé par sa mère , à l'instar d'Aloys dans la Bague d'Annibal, "il était laid, ou du moins le croyait-il ainsi (....) Alors que sa mère elle- même, sa tendre mère, c'est-à -dire celle qui ne voit rien des défauts de ses enfants à travers l'illusion sublime de sa tendresse, l'avait raillé sur sa laideur comme eût pu le faire une marâtre (...)"
Ce manque d'amour, décelable le jour de sa naissance, puisque sa mère , ne voulant renoncer à sa partie de whist faillit provoquer la mort du nouveau-né étranglé par le cordon ombilical, conduisit Barbey, tout comme Aloys, à porter "un masque- un masque de fer cadenassé derrière sa tête (...) un masque plus dur et plus froid que celui du frère adultérin de Louis XIV/ car c'était le mépris qui l'avait forgé et l'orgueil qui l'avait scellé là."
Or, ce masque, Barbey souhaitait qu'on le lève , il veut voir le dessous des cartes, comme le narrateur se demandant ce qui se cache derrière les lourds rideaux de Valognes ou de Saint-Sauveur -le Vicomte , il veut savoir ...

Autre point commun entre Proust, Flaubert et Barbey d'Aurevilly: un père ou un oncle médecin. Aussi la médecine, la pathologie sont-elles un ressort puissant de ses intrigues : il y est question de névrose, de somnambulisme, de catalepsie, du traumatisme de la naissance, vu aussi bien du point de vue de l'enfant que du point de vue de la mère- ce qui est une approche novatrice- de neurasthénie, et l'un de ses personnages, la malheureuse Lasthénie de Ferjol a même donné son nom à un syndrome médical.

Dominique Busillet a ensuite parlé des toponymes et des noms des personnages dans l'oeuvre de Barbey. Si les premiers sont , rééls, identifiables et représentatifs du régionalisme de l'auteur, les seconds sont inventés, et, à la manière de noms de baptême colorés d'un certain romantisme, ils annoncent un destin .
Elle a enfin évoqué les rapports complexes entre Les Goncourt et Barbey d'Aurevilly, de 1860 à 1892, d'abord féroces, marqués par la rivalité, et qui , en 1865, à l'occasion d'un dîner chez Léon Daudet ont évolué favorablement .

Cette conférence rigoureuse et brillante a été suivie d'une séance de dédicaces
"Le roman est le dernier poème qui soit possible au peuple exténué de poésie"
Le roman, mais c'est de l'histoire, toujours plus ou moins défaite "
"Il n'y a pas de romancier qui ne trame de suppositions pathétiques "

Jules Barbey d'Aurevilly

4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup la photo des dédicaces; elles un un peu rembrandtienne.

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  2. Barbey d'Aurevilly a complement echappe a mon education...

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  3. A moi aussi il a échappé...
    Par contre, je note qu'il est quasi conscrit de George Sand qui a aussi évolué en Normandie (Mademoiselle Merquem)
    Bcp de points intéressants sur ce message, Miss, tu parles notamment de parents médecins ; les écrivains l'étaient souvent eux même à commencer par Rabelais ou Somerset Maugham.
    La pratique de la médecine est une bonne leçon d'humanité

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  4. Lucie, merci pour le lien, il peut alimenter la réflexion;
    je n'ai pas compris ce que tu veux dire à propos de G. Sand...
    Tiens, un nouveau logo ?
    miss Yves

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