lundi, août 30, 2010

Journal de festival- (12) journée SACD, dimanche 1er août 2010

Programme

CE MATIN, LA NEIGE
de Françoise du Chaxel
Mise en lecture : Sylvie Ollivier
Lu par Isabelle Gardien et Loïc Houdré.
Elia Compagnie

Le premier septembre 1939, l’invasion de la Pologne par l’Allemagne donna le signal de l’évacuation des Strasbourgeois vers le Sud-Ouest de la France. La Dordogne, département peu peuplé, vit alors arriver des dizaines de milliers d’Alsaciens qu’il fallut loger dans les villes et les campagnes. Langue, culture, style de vie, tout opposait les Alsaciens et les Périgourdins. Après l’armistice de juin 40, beaucoup d’entre eux retrouvèrent une Alsace allemande. Quelques-uns, ne supportant pas le bruit des bottes, revinrent en Périgord et participèrent à la Résistance, certains même s’y installèrent. Deux voix racontent la même histoire : celle d’Anna, qui vit les années de guerre dans une ferme au milieu des bois, aime un républicain espagnol, le perd, et construit sa vie là où elle est devenue femme, et celle de Thomas, le « taiseux », qui voit arriver cette étrange fille et ne voit qu’elle, qui le regarde à peine, puis rejoint les maquisards. Tous deux vivent les mêmes événements douloureux qui les feront grandir.

19 h 30 Apéritif et Assiette Périgourdine
1 août 2010
18 h 00 et 21 h 00 Abbaye Sainte-Claire
JOURNEE SOCIETE DES AUTEURS (lecture à 18 h 00 suivie d’un spectacle à 21 h 00 avec le même billet)
LE FRICHTI DE FATOU
de Faïza Kaddour
Mise en scène : Jean-François Toulouse
Avec Faïza Kaddour et Agnès Doherty.
Compagnie Tombés du Ciel

Depuis son bled en Algérie jusqu’à Paris, le regard nourri de deux cultures, maghrébine et occidentale, Fatou raconte son étonnante épopée, qui l’a amenée à organiser des conférences sur la sexualité. Entre les traditions du douar et les combats du planning familial des années 80 à Paris, une femme essaye de comprendre, de s’affirmer, de s’affranchir. A travers son expérience, ses mésaventures et ses prises de conscience, Fatou s’éveille peu à peu à la connaissance et tente de relier ses deux cultures. C’est un hymne à la tolérance, pétillant d’humour et de saveurs.
« C’est un récit coloré et plein d’énergie… Faïza Kaddour nous donne un cours magistral sur la sexualité d’une manière drôle et ludique, en même temps qu’une leçon de courage d’une femme qui veut se libérer. » (Jeanne-Marie Guillou - Bon Plan Théâtre.fr)

Cf site du festival


Les deux spectacles prévus , (voir programme ci -dessus) devaient se dérouler à* l'abbaye Sainte-Claire, troisième lieu de représentation sarladais, véritable petit écrin, mais la météo pessimiste a obligé les organisateurs a trouver dès midi, des solutions de repli.

*mes photos de l'an dernier/ Ste Claire

Pour la lecture, ce fut sous la tente, les spectateurs, installés aux tables dressées pour l'assiette périgourdine écoutèrent , dans un silence sinon religieux, du moins respectueux et pénétré , ce texte fort , émouvant, servi par des acteurs habités par leur rôle.
(Pas de photos personnelles)
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Pour le Frichti de Fatou, ce fut dans la salle de théâtre du pensionnat Saint-Joseph...celui-là même qui avait servi au tournage d'une télé réalité, le Pensionnat de Sarlat, prônant les mérites de l'éducation "à l'ancienne" ! Ce qui ne manquait pas de sel, vu le sujet traité: la découverte de la sexualité par une jeune femme au carrefour de deux cultures, maghrébine et occidentale .

Il faut tout d'abord féliciter et remercier l'équipe de bénévoles , qui toute la journée s'est dévouée pour assurer aux comédiens et aux spectateurs les meilleures conditions possibles, compte-tenu des circonstances. D'ailleurs, la pluie annoncée n'est pas tombée, mais il fallait éviter à tout prix l'improvisation et l'annulation de dernière minute.

Sylvie Ollivier (deuxième à gauche sur la première photo, à Plamon) a été très sensible à l'exceptionnelle qualité d'écoute des spectateurs- en dépit des bruits de la rue.
Au-delà de la question centrale , la Résistance, le sujet traité, l'exil, offre de multiples effets d'échos entre l' Alsace et la Dordogne en apparence si dissemblables: des parallèles s'établissent pourtant à partir de menus détails comme la culture du tabac, la présence ou l'absence d'un pasteur à l'école.

Ce texte, pur et tendu, peut être considéré comme stabilisé et la lecture qui en a été faite encourage Sylvie Ollivier dans son choix d'une future mise en scène extrêmement sobre et stylisée: aucun naturalisme, pas de décor, un travail sur la lumière et une recherche d'ordre chorégraphique sur la rencontre des corps.
Une fois mis au point, ce spectacle tournera dans la région et en milieu scolaire.

L'un des fils conducteurs de la programmation 2010 du festival aura été l'exil, d'où le lien avec le Frichti de Fatou.


J'ai personnellement beaucoup aimé ce récit enlevé , ponctué d'effets musicaux humoristiques- au violoncelle et à la contrebasse: Agnès Doherty- le langage mi poétique, mi technique , la jovialité, la vitalité de Faïza Kaddour.

Celle -ci avait expliqué qu'il s'agissait en fait d'une commande de Jean-François Toulouse,(son époux) dans le cadre d'une recherche scientifique d'abord sur la nutrition, puis sur l'origine de la vie.
L'angle d'approche de Faïza avait été simplement la question que tout un chacun s'est un jour posée : comment fait-on les enfants ?
A partir de là , elle a créé un personnage féminin, puisé dans la culture d'origine de son père, une sorte de double- à cette différence près que l'une est née en France et l'autre en Algérie, pays où la sexualité est très présente dans les livres, mais de manière euphémistique.


Le recueil , le Jardin parfumé en est un exemple et il faut préciser que 40 sourates du Coran traitent ce sujet.

Bizarre que ce spectacle jovial et bon enfant ait provoqué des réactions contrastées et des reproches sévères...
Caricature du féminisme et du planning familial par le biais du personnage de Janine?
Enjeu didactique "dépassé "? Spectacle "dangereux" susceptible d'apporter de l'eau au moulin de mouvements extrémistes ?

Faïza Fatou a répondu très posément à ces critiques en faisant observer que la caricature visait aussi bien les personnages de culture algérienne que les personnages de culture occidentale , que les ridicules ou les excès des uns et des autres servaient pareillement de cible à son regard d'humoriste, et que son texte se voulait libérateur et optimiste.

Comme quoi, a conclu Jean-Paul Tribout , notre engagement militant peut être un obstacle à notre sens de l'humour.

Cette journée mémorable a été la dernière de ma sélection de l'année: sept spectacles variés, riches et stimulants, qui correspondent à ce qu'a déclaré le regretté Laurent Terzieff, recevant le Molière du meilleur comédien le 25 avril 2010: "Le théâtre ne se laisse pas enfermer dans des clivages et des étiquettes. Il est avant tout projet de liberté et, encore une fois, le théâtre n'est pas ceci Ou cela mais ceci Et cela"

11 commentaires:

  1. *** Coucou Miss_Yves ! J'avais déjà entendu parlé du "Frichti de Fatou" avec Faiza Kaddour... quelle chance tu as eu de pouvoir assister à ce festival !
    Merci pour ton récit et les photos ! C'est génial ! :o) Bises et bon début de semaine à toi !!!! :o) ***

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  2. Je me demande si des séances de lecture me plairaient mieux que de lire un livre moi même.
    Je vois que tes vacances se sont passées dans le théâtre et la littérature.
    Moi, qui ne lis pas beaucoup dans l'anée, je lis en vacances et bientôt je me replongerai dans la langue créole.
    Je ne suis pas contre une pièce de Molière, surtout Tartuffe que je ne connais pas bien.

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  3. Nous sommes allés à Lille voir ma tante de 93 ans. Religieuse (soeur blanche missionnaire en Algérie) qui devait entrer ds les ordres au moment de l'entrée en guerre. Comme elle avait suivi des cours pour être infirmière, elle a été envoyée au "front". Le reste de la famille (mon père était en Indochine) est partie se réfugier ds le Jura car avait entendu, déjà, que les personnes faibles étaient en danger (crainte pour mon arrière grand mère et mon oncle de santé fragile). ETC ETC...
    Ma tante devrait écrire ses mémoires, elle nous raconte et parfois mélange les dates. Elle ne regrette rien de sa vie. Même d'être allée au front, cela lui a permis de côtoyer la vie avec les hommes crevant de solitude et du manque de femmes.

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  4. Claude,il est possible que les lectures-spectacles te plaisent!

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  5. Tu as décidé de me rentre plus instruit faute de plus intelligent!!!
    Je n'ai plus de mot, donc bravo!
    Bonne journée A +

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  6. Nancy, si tu as l'occasion de voir cette pièce, n'hésite pas!

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  7. Tu as de quoi te nourrir l'esprit pour les mois à venir...
    "...réactions... reproches...":
    Chaque prétexte est bon ces jours-ci pour relancer des polémiques, il y en a marre...

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  8. Thérèse:La parole est libre , à Plamon, c'est ce qui fait l'intérêt de ces discussions, courtoises, d'ailleurs et de ces différents points de vue .

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  9. je viens de revenir et revisiter les blogs que j'aime et je dois dire qu'une fois de plus je te retrouve avec plaisir, celui de lire des commentaires précis et si intéressants.Tu as dû y prendre du plaisir.

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  10. Tous ces spectacles!
    Où est prise la photo d'entête? Cette vue me rappelle vaguement Dinant et me taquine...

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  11. Spacedlaw:pour l'en-tête, c'est une photo de Brantôme, dans le Périgord
    Marguerite-Marie, beaucoup de plaisir à voir tous ces spectacles,et un bon exercice de rédaction pour les comptes-rendus.

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