jeudi, septembre 01, 2011

Derniers remords avant l'oubli , J.L.lagarce -Journal de Festival- Sarlat

Sarlat , 27 juillet 2011
Belle découverte, pour moi, d'une pièce  de Jean-Luc Lagarce   transférée des  Enfeus au centre culturel Paul Eluard, à cause de la météo incertaine.

Le matin, la "metteuse en scène", Julie Deliquet  (la formule est de  J. P. Tribout) en avait présenté le sujet :(vidéo ici)
 Elle avait précisé  son intérêt et celui du Collectif in Vitro pour le contexte de l' intrigue : que sont devenues les utopies de mai 68 à travers les personnages de Pierre ( l'intellectuel "' rentré dans le rang" ), de Paul (le conciliateur dépassé) et d'Hélène (l'ex amante qui ne veut plus" se taire ni  sourire" )?

Et voici ce que dit  brochure du Festival  des jeux du théâtre   :
"L’action se passe de nos jours, un dimanche, à la campagne, dans la maison, vestige d’un amour vécu à trois, qu’habite aujourd’hui Pierre, seul, et qu’habitèrent, par le passé, avec lui, Hélène et Paul. Ceux-ci se sont mariés, séparément, ailleurs. Aujourd’hui, ils reviennent, embarrassés, avec leurs nouvelles familles, pour débattre de la vente de cette maison, achetée en commun, quelques années auparavant : Hélène a besoin d’argent. Ensemble, ils vont revenir sur leurs traces…"




Les non-dits, silences, rancoeurs vont brouiller les échanges,  brouiller les pistes et dans ce huis-clos, le langage  devient un élément essentiel de l'action, comme chez  Nathalie Sarraute , dans Tropismes .
C'est une sorte de  puzzle qu'il faut reconstituer et dont le spectateur n'a pas les réponses: cette scène de règlement de comptes   n'a -t-elle pas déjà eu lieu  ?("Nous nous sommes déjà rencontrés, n'est-ce pas "demande Anne ) Ne pourrait-elle pas recommencer? Quel  secret concerne la fille aînée d'Hélène "différente", de la cadette, "plus fragile"?
Quant à la fille cadette ("l'ado de service") très bien jouée par  Annabelle Simon   elle est  en quelque sorte  le témoin de cette histoire  et incarne la génération suivante, loin de l'esprit de mai 68.




J'ai aimé la  façon d' impliquer le spectateur-voyeur  dans le conflit et d'en suggérer le  ressassement  car   la pièce commence en pleine lumière, comme si  tous les conflits pouvaient se régler dans la clarté, puis tout s'obscurcit, et quand  tous partent,brisés,  c'est de nouveau sous l'éclairage cru  du début. Sentiments de gêne, de distanciation, de comique et de pathétique  se mêlent tout au long de la pièce. On rit beaucoup, malgré ou à cause des faux-semblants des uns et des autres .




La comédienne  Agnès Ramy jouait l'an dernier à Sarlat  une sémillante  môme crevette dans La dame de Chez Maxim de Feydeau,(article perso) cette année, dans le rôle d'Anne, fragile , perdue entre le rire nerveux et les larmes, elle est passée (toujours selon la formule de J.P. Tribout) du statut de "maîtresse" à celui d'"épouse".



Le lendemain de la représentation, les éloges ont été nombreux et les explications de Julie Deliquet ont accru , pour moi, l'intérêt de ce spectacle.(Vidéo)

-Le texte comprend trois scènes ponctuées de points de suspension qui sont devenues trois plans-séquences présent
/passé/ futur.
-"La maison est bâchée (le sol ,  voir photos) comme si elle était inoccupée, ou en transit.
- Aucune didascalie dans le texte de Lagarce . Les adresses (C'est--à dire les mentions indiquant qui l'on parle) changent , au cours des représentations, au gré des comédiens , ce qui les  fragilise,les  met en difficulté. Chaque acteur est à la merci de son partenaire, et  ces choses qui reviennent, toujours pareil, il va les transformer. Il en est de même pour les placements autour de la table, d'où une marge de hasard, de risque."


Cette  dernière précision sur la   mise en scène m'a d'autant plus  impressionnée que  le résultat était  tout à fait convaincant.



...................................................................................................................................................................
Le spectacle suivant -que je n'ai pas vu-et qui a  plu, s'intitulait "Jupe courte et conséquences"
avec Stéphanie Caillol et Hervé Devolder (à gauche sur la photo) dans une mise en scène de ce dernier .




12 commentaires:

  1. Très beau sujet tu nous donne envie de le voir...
    68 une nouvelles liberté revendiquée et acquise..
    Questions : les gens qui le vivent sont ils plus heureux de nos jour?
    J'ai quelques doutes, je suis de toute façons vieux jeux ...
    A +

    RépondreSupprimer
  2. Encore une belle oeuvre a reflexion.
    Un bel extrait video.
    Qui va reveler quoi? La peur de ce qui se dit ou se dira ici. Le temps, la parole, deux generations et surtout ce rire qui fait passer bien des choses qui autrement seraient insupportables.

    RépondreSupprimer
  3. Daniel: j'ai oublié de noter qu'un parallèle avait été fait entre le regard de J L Lagarce et celui de Houellebecq sur les utopies et mai 68: nostalgie et sympathie pour le premier, détestation pour le second.

    Thérèse:c'est tout à fait cela.

    RépondreSupprimer
  4. Il faut tout ton talent de "conteraise" pour rattraper mes étourderies...
    Dois je conclure que Houellebec n'est pas ta tasse de thé !!!
    Pourtant un homme qui a réussi à écrire un livre qui se passe dans mon pays natal (alors que selon toute vraisemblance jamais il n'y avait mis les pieds)ne peut être totalement mauvais... MDR
    Il c'est rattrapé car en pleine tempête l'hiver dernier il c'est rendu à Chatelus le Marcheix dédicacer son livre dans la minuscule biliothéque du bourg.

    RépondreSupprimer
  5. Daniel: pas du tout!Je rapportais des propos sur une comparaison entre les deux auteurs

    Même si je suis plus du côté de J L Lagarce que de Houellebecq sur la question des Utopies, M H est un auteur qui m'intéresse .

    RépondreSupprimer
  6. On voit la passionnée de théâtre, il va falloir que tu m'entraînes à celui de St-Lô !!!

    RépondreSupprimer
  7. Décidément, tu es fan d'expos, de lecture et de théâtre.
    Je lis en ce moment un livre sur le profilage. Ce n'est pas particulièrement culturel mais c'est intéressant.
    Si j'étais restée femme de la ville je me serais peut-être plus cultiver culturellement.

    RépondreSupprimer
  8. Tes souhaits vont être exaucés...lol

    Une vidéo:

    http://culturebox.france3.fr/all/30496/houellebecq-dedicace-a-chatelus-le-marcheix#/all/30496/houellebecq-dedicace-a-chatelus-le-marcheix

    Un article:

    http://www.lamontagne.fr/editions_locales/creuse/michel_houellebecq_fantasme_la_creuse@CARGNjFdJSsGEBIDBR8-.html

    J’espère qu'ils vont marcher (avec leurs petites jambes... lol)

    Bonne lecture A +

    Nota: Aucune remarque de bon aloi ne saurait m'offusquer; seul la bêtise et la méchanceté me sont importable...

    RépondreSupprimer
  9. J'ai boulier de te dire que je trouve ta nouvelle présentation très bien, cela fait plus gai, moins sérieux

    RépondreSupprimer
  10. "Remord" c’est aussi lorsque les peintres réutilisent une toile. Une façon comme une autre de préserver la planète ? Ou plutôt l’économie de moyens. Heureusement que nous avons inventé la radiographie.
    Ceci dit, je ne trouve rien là-dessus sur la... toile.
    J’aime bien le papier que tu as utilisé ou du moins l’effet qu’il donne qui fait penser à l’époque où le tissu était reconverti et particulièrement sur 6.

    RépondreSupprimer
  11. Enitram: fixons-nous Rv
    j'ai fait et envoyé mon abonnement, et toi ?

    Claude: c'est technique,je suppose, le profilage ?

    Daniel: merci pour les liens . Je regarderai cela un peu plus tard !

    Cergie: c'est un papier japonais, commandé dans un catalogue d'arts plastiques, idéal pour l'Etégami, et qui m'a bien servi pour mes croquis, car il est fin et presque transparent, aussi, j'ai pu reporter les croquis que j'ai donnés à l'équipe de festival, en souvenir.

    RépondreSupprimer
  12. A beautiful header! And many thanks for the haiku over at my blog!

    RépondreSupprimer

Comme des poissons dans l'eau

                                                                     Les Claies de Vire