dimanche, juillet 14, 2013

Trois couleurs



14 juillet

Tout un peuple accourut écrire cette journée sur l'album de l'histoire, sur le ciel de Paris.
D'abord c'est une pique, puis un drapeau tendu par le vent de l'assaut (d'aucuns y voient une baÏonnette), puis - parmi d'autres piques, deux fléaux, un râteau - sur les rayures verticales du pantalon des sans-culottes un bonnet en signe de joie jeté en l'air .
Tout un peuple au matin le soleil dans le dos. Et quelque chose dans l'air à cela qui préside, quelque chose de neuf, d'un peu vain, de candide: c'est l'odeur du bois blanc du Faubourg Saint-Antoine, -et ce J a d'ailleurs la forme du rabot.
Le tout penche en avant dans l'écriture anglaise, mais à le prononcer ça commence comme Justice et finit comme ça y est , et ce ne sont pas, au bout de leurs piques les têtes renfrognées de Launay et de Flesselles qui, à cette futaie de hautes lettres , à ce frémissant bois de peupliers à jamais remplaçant dans la mémoire des hommes les tours massives d'une prison, ôteront leur aspect joyeux .

Francis Ponge, Pièces, NRF, poésie Gallimard 




4 commentaires:

  1. Quel beau billet!
    J'ai bien pris le temps de le relire pour m'en impregner en ce 14 juillet.

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  2. J'aime beaucoup ta vision-citations du 14 juillet !

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  3. Coucou Miss Yves.
    Tien donc, je ne suis passé par ici !!!
    Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
    ...
    Bonne journée A + :))

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  4. Qu'ils sont beaux ces drapeaux fleuris, bien loin des accents guerriers !

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