jeudi, octobre 09, 2014

Zoom sur le zoo (2)

Une patte repliée




Sous leurs plumes qui se figent,
Les hauts flamants rassemblés
S’efforcent de ressembler
A des roses sur leur tige.
Vit-on jamais dans le vent

Rosier plus vibrant de roses
Que ce bouquet de flamants roses,
Ce bouquet que le lac pose
Au pied du soleil levant ?
Et, quand le bouquet s’effeuille,

Qui peut encore distinguer,
De ce nuage rosé
Que la brise cueille,
Le flamant rose envolé ?

Maurice Carême
................................................................................................................................




Tyger! Tyger! burning bright 
In the forests of the night, 
What immortal hand or eye 
Could frame thy fearful symmetry? 
In what distant deeps or skies 
Burnt the fire of thine eyes? 
On what wings dare he aspire? 
What the hand dare sieze the fire? 

And what shoulder, & what art. 
Could twist the sinews of thy heart? 
And when thy heart began to beat, 
What dread hand? & what dread feet? 

What the hammer? what the chain? 
In what furnace was thy brain? 
What the anvil? what dread grasp 
Dare its deadly terrors clasp? 

When the stars threw down their spears, 
And watered heaven with their tears, 
Did he smile his work to see? 
Did he who made the Lamb make thee? 

Tyger! Tyger! burning bright 
In the forests of the night, 
What immortal hand or eye 
Dare frame thy fearful symmetry? 


1794
William Blake
From Songs of Experience




Tigre, Tigre, brûlant brillant,

Dans les forêts de la nuit, 

Quelle main, quel oeil si puissant

A forgé ton effroyable symétrie ?


Dans quels cieux ou abîmes insondés 
A brûlé le feu de tes yeux ? 
Quelles ailes peuvent l'emmener ? 
Quelle main a osé en saisir le feu ? 

Mais quel bras, et quel art 
Purent façonner les muscles de ton coeur ?
Écoute comme il bat ! 
Que des mains, que des pieds de terreur ?

Quelle chaîne, quel marteau ?
 De quelle fournaise sortit ton cerveau 
Et l'enclume ? Quelle poigne cruelle
 Osa étreindre ses terreurs mortelles ? 

Quand les étoiles eurent abandonné leurs armes
,Et trempé le ciel de leurs larmes,
 A-t-il souri son forfait accompli ?
 Celui qui créa l'agneau
 t'a-t-il fait aussi ? 

Tigre, Tigre, brûlant brillant,
Dans les forêts de la nuit,
 Quelle main, quel oeil si puissant
A forgé ton effroyable symétrie ?


William Blake

22 commentaires:

  1. Il n' y a que Maurice Carême pour comparer un flamant rose à une rose.
    J'ai eu du mal à lire le texte de Blake en français.
    Le tigre est un beau gros matou à la symétrie effectivement parfaite.
    Une belle création.

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    1. Je t'ai répondu sur mon blog.

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    2. J'ai oublié : par contre la fabrication de cuisines neuves marche plutôt bien.

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    3. C'est ce que disait l'artisan interrogé.
      Nous mêmes l'avons expérimenté.

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  2. Deux genres bien differents comme tu les rappelles si bien avec ces deux poemes!
    Lumieres et ombres jouent un role magnifique dans ta derniere photo.

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  3. SUPERBE et j'aime trouver ce poème de Blake un homme fascinant.

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  4. Décidément, j'aime tous les poèmes de Maurice Carême !
    Je trouve que ce poète avait bien du talent.
    Pour moi, tels que tu les as mis en boîte, ces flamands roses me font penser à des crevettes, beaucoup plus qu'à des roses :-))

    Tes photos du tigre sont du tonnerre !
    Mais Claude a raison de tiquer sur la traduction du poème de William Blake.
    Vouloir faire rimer à tout prix un poème traduit est une gageure loupée 99 fois sur 100 !
    Exemple ici : pourquoi traduire "immortal" par "puissant" ?
    La phrase n'a plus le même sens.
    Blake évoque, sans vouloir la nommer la main, ou l’œil, divin.
    Or, dans ce contexte, "puissant" est une pauvre image à côté de "immortel", qui est pourtant l'exact traduction de "immortal" !
    Au final, moi qui suis plutôt nulle en anglais, c'est la VO que je préfère.
    Ou alors, cette traduction :
    « Tigre ! Tigre ! lumineux incendie
    Dans les forêts de la nuit
    Quelle main, quel œil immortel,
    A conçu ton effrayante symétrie ? »

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    1. Il est rare qu'une traduction surpasse l'original (traduttore: traditttore))

      J'aurais dû suivre mon instinct, et ne mettre que le poème originel ou inverser l'ordre /français /anglais (ce que je vaiscorriger ), mais la peur d'être peu délicate envers les lecteurs français m'a retenue...

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    2. Il est rare qu'une traduction surpasse l'original (traduttore: traditttore)
      J'ajoute: à part celles de Baudelaire pour l'oeuvre de Poe et de Nerval pour le Faust de Goethe dont l'aura est égale à celle des originaux...qui peut avoir un tel talent,

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  5. Je viens de relire (j'ai presque fini) "la nostalgie heureuse" d'Amélie Nothomb. Elle rencontre sa traductrice qui s'est mise au français pour la traduire en japonais, elle a mis 5 ans pour apprendre puis 5 pour traduire, il parait selon l'auteure que le résukltat est d'une grande finesse.
    J'ai vu l'exposition Wiliam Blake au petit palais en 2009. Je serais en peine de faire un exposé dessus mais cet homme était un génie universel : gravures, aquarelles, poèmes.

    http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/william-blake-le-genie-visionnaire-du-romantisme-anglais

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    1. J'ai lu ce livre qui m'a beaucoup plu, j'avais regardé le reportage télévisé sur le retour d'Amélie au Japon: exercice délicat, pour lequel j,étais dubitative, mais qui m'a convaincue.
      Je me suis sentie en symbiose avec l'auteur , restée muette lorsqu'elle s'est vue demander qui était son poète préféré et qui un peu plus tard (esprit d'escalier) s'est exclamée: Nerval! En récitant le premier vers du plus mystérieux poème français:
      El Desdichado;
      J'ai corrigé avant ta remarque la disposition de la médiocre traduction du poème de Blake.Il arrive qu'une telle disposition se mette en place automatiquement, c'est agaçant!
      Je me doute bien qu'avec google ce doit être pire!

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    2. J'ai tenté de lire "Barbe-Bleue" mais j'ai laissé tomber, cela tient de "Hygiène de l’assassin", c'est un procédé...
      "La nostalgie heureuse" est plus sincère, honnête pour une fois...

      Mise en place automatique... Il te faudrait te plonger dans l'HTML de tes messages
      :-)
      La machine est au service de l'humain !

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  6. Ce tigre ferait bien de toi son quatre-heures.... Il est majestueux même encadré par des épines de résineux.
    J'avais été durablement impressionnée par le film "Derzou Ouzala"

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Dersou_Ouzala_(film,_1975)

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  7. Ce n'est pas tant la traduction qui m'avait gênée mais la disposition des vers.
    Avec mon gros dico, je viens confirmer la traduction de Tilia, plus appropriée.
    J'ai essayé avec google, c'est horrible.
    Il est vrai que les formules poétiques ne sont pas toujours faciles à traduire.

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  8. Réponse sur mon blog.

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  9. Je n'ai pas lu les poules d'Annie Duperey, mais j'ai entendu l'auteure à ce sujet lors de promotions. Je ne sais où ranger tous les livres sur les poules que mon mari reçoit. Les poules ne sont pas "que du plaisir" mais aussi des contraintes, bien plus que les chiens que l'on retrouve parfois abandonnés attachés à un arbre ou au mieux à la SPA

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  10. Avec ta louve garoue, tu m'a donné une idée.
    Lundi sur mon autre blog.

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  11. j'aime beaucoup les 2 messages zoo, il faut dire que j'adore les zoos, on peut me déposer le matin, j'y passerais la journée sans problème.
    Tu nous montres des animaux admirablement photographiés, avec les poèmes choisis .
    J'ai lu Blake en anglais et j'admire ta photo de ce magnifique tiger.
    je ne partage pas votre plaisir à lire A. Nothomb... Je n'aime pas trop le personnage d'abord et ensuite les écrivains qui se sentent "obligés" de sortir un roman toujours juste bien quand il faut!
    je suis dans la lecture de "la déesse des petites victoires" de yannick Grannec qui me convient parfaitement.

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    1. Ni Lucie ni moi n'apprécions TOUT ce qu'écrit A Nothomb , si tu relis le commentaire de Cergie, c'est ce qui en ressort clairement .
      Je ne connais pas le livre que tu cites .
      En ce moment, je suis plongée dans le Monde selon Garp, de J Irving, que je trouve inégal, comparé à deux autres romans que j'ai lus.

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    2. "Inégal"ne convient pas:arrivée quasiment à me moitié, il m'a semblé que l'on tombait dans l'insignifiant, mais par la suite, j'ai compris l'intérêt et la cohérence de ces passages

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