dimanche, décembre 06, 2015

Pub d'autrefois



 Une image qui aurait  pu inspirer à Blaise Cendrars son éloge de la publicité... qui, de nos jours, nous  ferait plutôt composer une  diatribe !
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« La publicité est la fleur de la vie contemporaine ; elle est une affirmation d’optimisme et de gaîté ; elle distrait l’œil et l’esprit.
C’est la plus chaleureuse manifestation de la vitalité des hommes d’aujourd’hui, de leur puissance, de leur puérilité, de leur don d’invention et d’imagination, et la plus belle réussite de leur volonté de moderniser le monde dans tous ses aspects et dans tous les domaines.
Avez-vous déjà pensé à la tristesse que représenteraient les rues, les places, les gares, le métro, les palaces, les dancings, les cinémas, le wagon-restaurant, les voyages, les routes pour automobiles, la nature, sans les innombrables affiches, sans les vitrines (ces beaux joujoux tout neufs pour familles soucieuses), sans les enseignes lumineuses, sans les boniments des haut-parleurs, et concevez-vous la tristesse et la monotonie des repas et des vins sans les menus polychromés et sans les belles étiquettes ?
Oui, vraiment, la publicité est la plus belle expression de notre époque, la plus grande nouveauté du jour, un Art.
Un art qui fait appel à l’internationalisme, ou polyglottisme, à la psychologie des foules et qui bouleverse toutes les techniques statiques ou dynamiques connues, en faisant une utilisation intensive, sans cesse renouvelée et efficace, de matières nouvelles et de procédés inédits.
Ce qui caractérise l’ensemble de la publicité mondiale est son lyrisme.
Et ici, la publicité touche à la poésie.
Le lyrisme est une façon d’être et de sentir, le langage est le reflet de la conscience humaine, la poésie fait connaître (tout comme la publicité un produit) l’image de l’esprit qui la conçoit.

Or, dans l’ensemble de la vie contemporaine, seul, le poète d’aujourd’hui a pris conscience de son époque, est la conscience de cette époque.
C’est pourquoi je fais ici appel à tous les poètes : Amis, la publicité est votre domaine.
Elle parle votre langue.
Elle réalise votre poétique.

Le langage est né de la vie, et la vie, après l’avoir créé, l’alimente.
Il y a dans le langage parlé la spontanéité qui enveloppe et colore l’expression de la pensée et rend la grammaire instable.
La phrase est antérieure au mot de la grammaire, le mot est antérieur à la syllabe. Et le langage reste subordonné à la vie dans son infini développement.
Industriels, faites faire votre publicité par les poètes comme le fait Moscou pour sa propagande.
On m’a souvent demandé quelles étaient les sept merveilles du monde moderne ?
Elles sont :
  1. le moteur à explosion ;
  2. le roulement à bille SKF ;
  3. la coupe d’un grand tailleur ;
  4. la musique de Satie qu’on peut enfin écouter sans se prendre la tête dans les mains ;
  5. l’argent ;
  6. la nuque dénudée d’une femme qui vient de se faire couper les cheveux ;
  7. la publicité.
J’en connais encore sept cents ou huit cents autres qui meurent et qui naissent tous les jours. » 
Blaise Cendrars, Aujourd’hui, Paris, 26 février 1927

6 commentaires:

  1. Cendrars, il s'appelle Blaise ou Baise.
    J'aime ces vieilles pubs. Elles ont un charme que les pubs de maintenant n'ont pas.

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  2. aïe aïe aïe ! Fâcheuse faute de frappe! Je comprends sûelle t'ai frappée: je la corrigerai plus tard.

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  3. la publicité ça fait un moment qu'elle me cassse plutôt les oreilles qu'elle ne me réjouit l'oeil!!

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  4. 1927... Tout a changé depuis, on est plus "ouvert" on dispose de moyen de s'informer et la publicité est devenue surtout un attrape-nigaud qui fait rarement la part belle à l'humour à la beauté (ah les Villemot, les Savignac), elle fait appel aux plus bas instincts dont celui de posséder est le plus anodin. Comment faire acheter le superflu à ceux qui disposent du nécessaire ?
    Et puis tout ce qui est "vintage" est apprécié. Cette petite fille ressemble dans son habillement à mes tantes que ma grand'mère habillait, comme ses deux fils, de la même façon : bottines, tablier, anglaises. On ne cherchait pas à se singulariser...
    Il fallait à la femme être bonne épouse, bonne mère bref bonne ménagère...

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  5. "La musique de Satie"... Je me souviens avoir lu que Stevenson se jouait à la flûte à bec les grandes partitions

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  6. Me laisser prendre par la publicité, honnêtement je ne pense pas mais pour ce qui est de la regarder oui sauf à la télévision, principalement lorsque je suis en voiture, à l'arrêt feu rouge ou embouteillage. Je repère alors les expositions du moment.
    Ce pannonceau/affiche? me rappelle un magasin (avec le mot comptoir dans son enseigne) à Toulouse qui rassemble des tas d'objets pour la maison au charme d'antan mais je dois avouer ne pas être particulièrement fan.
    Les rues seraient-elles plus tristes sans pub? On trouverait nombre d'artistes pour combler les manques j'en suis sure. Ce qui ne m'empêche pas de lorgner sur les vieilles publicités dcomme sur les poupées dans la Semaine de Suzette ou les publicités des vieux Modes et Travaux, je m'amuse surtout de leurs lectures.

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