mercredi, juillet 24, 2024

Promenade (3) dans le jardin de ville de Grenoble, avec Stendhal


    -Grenoble, le 8 août 1837.

C'est par Moirans et Voreppe que je suis arrivé à Grenoble; je loge rue Montorge, hôtel des Trois Dauphins, dans la chambre n° 2 , qu'occupa Napoléon à son retouir de l'Ile d'Elbe.

(...)

 "Ma fenêtre donne sur une sublime allée de marronniers hauts de quatre-vingts pieds, plantés par Lesdiguières, le représentant  et le  type du caractère dauphinois (brave et jamais dupe). Malheureusement, ces beaux arbres qui se trouvent précisément au centre de la ville et en face d'une belle montagne ont fait leur temps. Ils sont âgés de plus de deux cents ans, et chaque orage abat quelque grosse branche. Mais le plus beau de tous, qu'on appelle Lesdiguières, se porte encore fort bien, malgré le boulet reçu le 6 juillet, et dont je suis allé vénérer la marque.



   "Lesdiguières régna en Dauphiné toute sa vie,  et ne souffrit jamais que personne vînt le troubler chez lui.
Il avait construit le palais voisin que la ville acheta de ses héritiers, et dont la préfecture occupe aujourd'hui une partie moyennant un loyer de six mille francs."

 


Jardin de ville


       "L'hôtel de Franquières, jolie maison dans le style de la Renaissance, à quelques pas de la belle allée de marronniers, fut bâti par Lesdiguières pour loger une sienne maîtresse dont il avait fait assassiner le mari. Mais il envoya à Rome M. Barral, avocat célèbre, pour solliciter l'absolution du pape."

Stendhal, Mémoires d'un touriste, 1838.

"Si Stendhal n'a pas créé le mot touriste, il lui a donné , tout le premier, une la rge diffusion, en l'inscrivant sur le frontispice de son livre Mémoires d'un touriste, publié en 1838".
V. del Litto, préface de Grenoble &le Dauphiné, vus par Stendhal (tiré à part, de Stendhal, Oeuvres complètes, Mémoires d'un touriste, Cercle du bibliophile, 3 mai 1978)
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CNRTL
TOURISTE
Étymol. et Hist. 1803-04 en parlant des voyageurs anglais (J. L. Ferri de St-ConstantLondres et les Anglais, II, an XII, 333-334 ds Höfler Anglic.); 1833 s. référence  directe aux Anglais (BalzacCorresp., p. 392); 1934 classe touriste (Quillet). 
Emprunté à l'angl.tourist attesté  depuis  1780 (NED Suppl.2), dérivé  de tour (issu du fr. tour3*) attesté  depuis le milieu du xviies. au sens de « voyage, circuit au cours duquel on visite différents endroits » (NED). 
Tourist est couramment employé  comme déterminant ndiquant une certaine catégorie de l'ordre du confort et du prix dans des syntagmes tels que tourist hotel « hôtel touriste » (1927) et tourist class (1936), v. NED Suppl.2

samedi, juillet 20, 2024

Promenade à Grenoble (2) sur les pas de Stendhal


Le Musée Stendhal à Grenoble : un musée « en réseau , Revue de la BNU, 24/2021

       https://journals.openedition.org/rbnu/5612


La maison Gagnon: 

https://www.erudit.org/fr/revues/museo/2010-v4-n2-museo02116/1033538ar.pdf

Résumé de l'article :

Dans Vie de Henry Brulard, Stendhal évoque la maison grenobloise de son grand-père, demeure devenue depuis le Musée Stendhal. Il y décrit et dessine le cabinet d’histoire naturelle type du Siècle des Lumières, celui-là même qu’aurait constitué le docteur Gagnon, son aïeul. 

En 2008, à la maison Gagnon, on amorce la reconstitution du cabinet. 

Joëlle Rochas, experte scientifique attitrée à cette reconstitution, rend compte dans cet article des différentes étapes de ce projet et des divers problèmes qui ont dû être réglés entre son idéation et sa réalisation, tout en révélant sa portée historique et signifiante.



La treille de Stendhal

Itinéraire littéraire:


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A l’angle de la place Grenette et de la Grande rue, sur « le plus bel emplacement de la ville », se situe la maison de famille de Stendhal : l'appartement du docteur Gagnon, grand-père de l'écrivain. Ce lieu est au centre d’une œuvre autobiographique traduite dans le monde entier, Vie de Henry Brulard.

A sept ans, Stendhal, fils aîné d'une famille de la bourgeoisie aisée de Grenoble, perd sa mère qu’il aime passionnément et concentre sur lui toutes les attentions de ses proches, jusqu’à l’étouffement. Promis à de brillantes études, l’adolescent monte à Paris. C’est au terme d’un demi-siècle troublé, vécu à travers l’Europe, que le romancier termine sa carrière comme consul de France en Italie. Durant cette période très créative, il entame notamment le récit de son enfance, émaillé de nombreux croquis, publié à titre posthume sous le titre Vie de Henry Brulard.

Aux dires de l’enfant, le docteur Gagnon fut son « véritable père et son ami intime ». L’hôtel aristocratique, que ce « médecin à la mode parmi les dames » acquiert à la faveur des événements de la Révolution, donne lieu à pas moins de 24 croquis représentés dans Vie de Henry Brulard. Pour l'auteur, il s'agit d'un lieu d’inspiration et de formation, que l’on aperçoit depuis le Jardin de ville : 

« Cette terrasse, formée par l’épaisseur d’un mur nommé Sarrasin, mur qui avait quinze ou dix-huit pieds, avait une vue magnifique sur la montagne de Sassenage ; là, le soleil se couchait en hiver sur le rocher de Voreppe, coucher d’été, et au nord-ouest de la Bastille dont la montagne [...] s’élevait au-dessus de toutes les maisons et sur la tour du Rabot [...] ».
Source:





 


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6946b.texteBrut

Titre : Vie de Henri Brulard. 1 / Stendhal ; [révision du texte et préf. par Henri Martineau]

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Mon grand-père fit beaucoup de dépenses pour cette terrasse. Le menuisier Poncet  vint s'établir pendant un an dans le cabinet d'histoire naturelle, dont il fit les

 [ A. Première montagne. B. Seconde montagne. 0. Coucher de soleil en décembre. D. Coucher d'été en juin. L. Cabinet d'été do mon grand-père. Livres do mon oncle. N. Cabinet où s'établit Poncet.- G. Banc de menuisier auprès duquel je passais ma vie. M. Cabinet on losange de châtaignier avec forme d'architecture de mauvais goût, à la Bernin.]

armoires en bois blanc; il fit ensuite des caisses de dix-huit pouces de large et deux pieds de haut en châtaignier remplies de bonne terre, de vigne et de fleurs. Deux ceps montaient du jardin de M. Périer Lagrange, bon imbécile, notre voisin.

Mon grand-père avait fait établir des portiques en liteaux de châtaignier. Ce fut un grand travail dont fut chargé un menuisier nommé Poncet, bon ivrogne de trente ans assez gai. Il devint mon ami, car enfin avec lui je trouvais la douce égalité. Mon grand-père arrosait ses fleurs tous les jours, plutôt deux fois qu'une, Séraphie ne venait jamais sur cette terrasse, c'était un moment de répit. J'aidais toujours mon grand-père à arroser les fleurs, et il me parlait de Linné et de Pline, non pas par devoir mais avec plaisir.

Voilà la grande et extrême obligation que j'ai à cet excellent homme. Par surcroît de bonheur, il se moquait fort des pédants (les Lerminier, les Salvandy, les. d'aujourd'hui), il avait un esprit dans le genre de M. Letronne qui vient de détrôner Memnon (ni plus ni moins que la slalue de Memnon). Mon grand-père me parlait avec le même intérêt de l'Egypte, il me fit voir la momie achetée, par son influence, pour la Bibliothèque publique; là, l'excellent Père Ducros (le premier homme supérieur auquel j'ai parlé en ma vie), eut mille complaisances pour moi. Mon grand-père, fort blâmé par Séraphie appuyée du silence de mon père, me fit lire Séthos (lourd roman de l'abbé Terrasson), alors divin pour moi. Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c'est l'âme du lecteur. Mon âme alors était folle, et je vais dire pourquoi.


Pendant que mon grand-père lisait, assis dans un fauteuil en D, vis-à-vis le petit buste de Voltaire en V, je regardais sa Bibliothèque placée en B, j'ouvrais les volumes in-4° de Pline, traduction avec texte en regard. Là, je cherchais surtout l'histoire naturelle de la femme. 

L'odeur excellente, c'était de l'ambre ou du musc (qui me font malade depuis seize ans, c'est peut-être la même odeur ambre et musc). Enfin, je fus attiré vers un tas de livre brochés jetés confusément en L C'étaient de mauvais romans non reliés que mon oncle avait laissés à Grenoble, lors de son départ pour s'établir aux Echelles (Savoie), près le Pont-de-Beauvoisin. Cette découverte fut décisive pour mon caractère. J'ouvris quelques-uns de ces livres, c'étaient de plats romans de 1780, mais pour moi, c'était l'essence de la volupté.

Mon grand-père me défendit d'y toucher, mais j'épiais le moment où il était le plus occupé dans son fauteuil à lire les livres nouveaux dont je ne sais comment il avait toujours grande abondance, et je volais un volume des romans de mon oncle. Mon grand-père s'aperçut sans doute de mes larcins, car je me vois établi dans le cabinet d'histoire naturelle, épiant que quelque malade vînt le demander. Dans ces circonstances, mon grand-père gémissait de se voir enlevé à ses chères études et allait recevoir le malade dans sa chambre ou dans l'antichambre du grand appartement. Crac je passais dans le cabinet d'études, en L, et je volais un volume.

VIE DE HENRY BRULARD,  Stendhal

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mardi, juillet 16, 2024

Promenade à Grenoble (1) des bulles

https://www.grenoble-tourisme.com/fr/decouvrir/lessentiel/le-telepherique/ 






                                                                     Des bulles ? des oeufs ?


"Le Téléphérique Grenoble Bastille a été conçu par l'architecte Jean Benoit. Il se caractérisait par ses gares de styles différents et ses cabines dodécagonales pouvant accueillir 15 personnes. En 1951, ces cabines ont été remplacées par des modèles rectangulaires plus spacieux.
 Puis, en 1976, les emblématiques "bulles" de métal et de plexiglas, conçues par Denis Creissels en collaboration avec l’entreprise iséroise Pomagalski (aujourd'hui Poma), les ont supplantées. 
Au début des années 2000, les architectes Félix Faure, Macary et Page ont réalisé une rénovation majeure de la gare supérieure, marquant une nouvelle ère pour la Bastille et son Téléphérique."


"Autre point marquant dans l’histoire du Téléphérique : En 1976, il tombe en panne le jour de l'inauguration des “bulles” telles qu’on les connaît aujourd’hui."







dimanche, juillet 14, 2024

Nuage iridescent



 « C'est un phénomène d'irisation. 

On parle d'un nuage iridescent, ici un cirrostratus iridescent », explique le spécialiste. 

Selon lui, il est « assez rare d'en voir » car des conditions bien spécifiques doivent être réunies pour

 obtenir un tel phénomène.



mercredi, juillet 10, 2024

A pas de géants

"On ne fait pas de géants sans déplacer (un peu) les montagnes"



 Un beau mural, gâté par quelques graffitis intrusifs .

vendredi, juillet 05, 2024

C'est le pied ! (3)


Jean-Paul Gaultier pour Stéphane Kélian 
Histoire d'une rencontre.



                                                            Décors et costumes théâtraux










dimanche, juin 30, 2024

C'est le pied ! (2)



Musée de la chaussure à Romans -sur-Isère
Lien ici

Exposition événement:


Jean-Paul Gaultier pour Stéphane Kélian 
Histoire d'une rencontre.




"De 1984 à 1996, le savoir-faire de Stephane Kélian et la créativité de Jean Paul Gaultier ont généré des réalisations aux influences croisées, devançant les modes et donnant libre-cours à l’expression personnelle.

Chaussures, vêtements, documents d’archives, publicités et vidéos d’époque :
 cette

 exposition vous immerge dans la mode créative et décomplexée des années 80 - 90 !"










(A suivre )

 


Promenade (3) dans le jardin de ville de Grenoble, avec Stendhal

    -Grenoble, le 8 août 1837. C'est par Moirans et Voreppe que je suis arrivé à Grenoble; je loge rue Montorge, hôtel des Trois Dauphin...