samedi, avril 17, 2010

Lettres d'amour



Lettre d'amour de Juliette Drouet à Victor Hugo


Vu à saint-Lô le 8 avril 2008 -fête de sainte Julie-
Victor Hugo mon amour
,un beau spectacle théâtral mis en scène par Jacques Décombe, interprété avec flamme par Anthéa Sogno etavec beaucoup de nuances par Sacha Petronijevic.

La grande variété des registres est l' un des atouts de cette adaptation d'une correspondance qui a débuté en 1833, lors de rencontre de l'auteur de Lucrèce Borgia avec une jeune comédienne , Juliette Drouet dans un petit rôle, celui de la princesse Négroni.
Lyrisme , libertinage, pathétique, humour, se côtoient et rendent compte de cette passion tumultueuse qui a duré cinquante années, non dénuées de jalousie et d'infidélités"passagères", comme la liaison de sept ans avec une femme mariée, Léonie Biard!

Comment adapter au théâtre le genre épistolaire ?
Très habilement, à un message de Juju fait suite une réponse de"Toto", ou vice versa, échange souligné par le jeu délibérément exubérant de la comédienne, et celui, plus mesuré du comédien dans un décor simple et signifiant: coiffeuse -écritoire de l'amante, table de travail du grand homme, et au centre, un canapé rouge vif tour à tour estrade, calèche, lit destiné aux ébats .

Quel tri effectuer dans la somme des centaines de lettres de Juliette ?
Le spectacle fait la part belle aux années de jeunesse et de maturité, depuis la première nuit d'amour-en 1833, le 16 février, qui deviendra la date à laquelle Marius et Cosette se donnent l'un à l'autre.
La correspondance commence par le conseil du dramaturge à jolie débutante écartée de la scène par son amant, par Adèle Hugo-dans l'intérêt de la nouvelle pièce Marie Tudor-par les intrigues d'Alexandre Dumas, soucieux de placer sa maîtresse, conseil qui sera suivi :"Ecris-moi, écris-moi tout ce qui te trottera par la tête, tout ce qui te fera battre le coeur".
Ce qui fait battre le coeur de la fidèle compagne au-delà des affres de la passion ? les deuils partagés par un père et une mère: celui de Léopoldine et celui de Claire , la fille du sculpteur Pradier, les discours politiques à la Chambre, la fuite vers la Belgique après le coup d'état de Napoléon III..
Si la partie relative à l'exil dans les îles anglo-normandes m'a paru trop succincte, il faut cependant retenir l'hommage de l'épouse à la maîtresse, dans une lettre adressée à ses enfants et le travail de Juliette , copiste, correctrice, lectrice et documentaliste pour la mise au point des Misérables, titre définitif des Misères .
Le 11 mai 1883, Juliette Drouet , l'amoureuse et la muse s'éteint...et à partir de ce jour, Victor Hugo renonça à l'écriture pour toujours.

Mais avec ce dernier épisode, émouvant, le spectacle ne se termine pas pour autant !
Anthéa Sogno, habitée par son personnage s'adresse au public , lui faisant part de son grand regret: que si peu de rues en France portent le nom de cette égérie ! Et , avec autant d'humour que de conviction, elle nous invite à signer une pétition pour que sorte enfin de l'ombre celle qui a accompagné le plus grand poète français dans sa vie, son exil, et surtout son oeuvre.
Et d'envoyer à la volée envoyer des lettres d'amour que les spectateurs conquis et galvanisés s'empressent de cueillir , en souvenir d'une si belle histoire et d'une si belle soirée!

12 commentaires:

  1. Je suis là et je ne sais quoi dire. Quelle belle histoire que celle de Juliette et Victor.
    Tu frappes très fort dès ton retour du baby-sitting. C'est beau ce que tu écris. On te sens passionnée et c'est contagieux.
    Il y a plus de rues qui portent le noms de grands hommes que de femmes qui fut muses.
    Je ferai une seconde lecture de ce post pour peut-être commenter davantage.
    Bon wouik Miss !

    RépondreSupprimer
  2. Très vrai ce que dit Claude. Une envie de relire...
    Une correspondance transposée au théâtre: on s'imagine la difficulté du tri, du choix, du ton enfin de tout.
    En lisant ton compte-rendu, on n'a qu'une envie: signer la pétition!
    As-tu lu quelque chose sur l'interprétation d'Hubert Delattre?
    Tu sembles avoir été emportée! On le sent dans ton texte si fort.

    RépondreSupprimer
  3. Hubert Delattre ne jouait pas ce soir-là, le rôle de V Hugo est joué alternativement par deux comédiens, au gré des tournées

    RépondreSupprimer
  4. Comme tu signalais que Sacha Petronijevic jouait avec beaucoup de nuances la question était de savoir comment jouait Hubert Delattre en compraison... pas facile pour deux caractères différents (probable) de se mettre dans la peau de Victor Hugo...ou était-ce peut-être la première représentation?

    RépondreSupprimer
  5. Pascal disait : "le coeur a ses raisons que la raison ignore". J'en suis de plus en plus convaincue. L'amour tient d'une alchimie curieuse qui transforme le plomb en or.
    Nous étions hier à Belleville près du cimetière du Père Lachaise ; pour notre cousin californien nous avons énuméré quelques illustres occupants des lieux dont Chopin. Nous avons terminé sur Victor Hugo qui s'était arrangé pour avoir à la fois sa femme à ses cotés et sa maîtresse pas loin et qui est à présent au Panthéon.

    RépondreSupprimer
  6. Ma tante m'a donné une lettre de mon grand'père à son "aimée" ma grand'mère, parlant de ses "petits chéris", dont mon père. Il était à la grande guerre. Emouvant de la part d'un homme dur et peu démonstratif de réputation.

    (Ne serait ce pas du lierre que tu as dans ton jardin ? Il y avait aussi d'autres petites herbes que je ne (re-)connais pas)

    RépondreSupprimer
  7. Se mettre dans la peau de VH ?
    Ou projetter sa personnalité propre ?
    > "Interprétation" dans les deux sens du terme, différente comme en musique.

    RépondreSupprimer
  8. Non, non, je parlais des petites herbes au pied de TA touffe de géranium-à moins que ce ne soient leurs racines aériennes ?

    RépondreSupprimer
  9. Non, non, je parlais des petites herbes au pied de TA touffe de géranium-à moins que ce ne soient leurs racines aériennes ?

    RépondreSupprimer
  10. Lettres d'amour, lettres de toujours...
    Plus top à la mode les lettres manuscrites!
    Les SMS ne lasserons surement pas le souvenir de telles émotions.
    Tu imagine une pièce de théâtres "Les SMS de Juliette Drouet à Victor Hugo"... MDR
    Bonne soirée A +

    RépondreSupprimer
  11. Au pied de ce géranium californien il y a les feuilles découpées au bout d'une longue tige, c'est joli n'est ce pas ? Et si haut (plus d'1 mètre)
    J'ai lu un(e) interview de Kitano qui disait qu'il ne se faisait pas aux courriels car de cliquer pour les envoyer lui semble du même ordre que de tirer la chasse d'eau
    Bonne soirée !
    (Marguerite)

    RépondreSupprimer
  12. Cependant, j'ai moi-même bien des souvenirs attendris de courriels...
    :'-)

    RépondreSupprimer

Gravure au MAH de Saint-Lô (3)

Notes exotiques Influence de l'orient (motifs, composition...) Fleur exotique, Manet, 1868, Musée Thomas Henry, Cherbourg