mardi, septembre 03, 2019

Les Ravalet( 1)

Le parc du château de Tourlaville,
 au-delà du temps,  
bien loin  de la sanglante histoire de Marguerite et de Julien .
Lien ici 

 "C'était vers la fin du seizième siècle, - de ce siècle de fanatisme et de corruption qu'italianisa Catherine de Médicis et cette race des Valois qui furent les Borgia de la France. Alors, il y avait en Normandie - la solide Normandie, où les hommes, robustement organisés, gardent mieux qu'ailleurs la possession d'eux-mêmes, - une famille de seigneurs venue de Bretagne vers 1400, et devenue, depuis plusieurs générations, terriennement normande. Elle habitait sur la côte de la Manche, à l'est, et non loin de Cherbourg, un château fortifié par une tour, qui, de cette tour, s'appelait Tourlaville. Comme tous les châteaux du Moyen Age, ç'avait été longtemps une fortification de guerre, mais le génie amollissant de la Renaissance l'avait transformé, et préparé pour cacher des passions et des voluptés criminelles et pour les destinées qui, plus tard, se sont accomplies.



La famille qui vivait là portait sans le savoir un nom fatidique. C'était la famille de Ravalet... Et, de fait, elle devait un jour le ravaler, ce nom sinistre ! Après le crime de ses deux derniers descendants, elle s'excommunia elle-même de son nom. Elle s'essuya de l'ignominie de le porter, et ainsi elle se tua et mourut avant d'être morte.





Elle avait bien, du reste, mérité de mourir. Seulement, elle ne mourut pas comme les autres familles coupables et condamnées. Dieu fit une navrante exception pour elle. Cette outlaw de Dieu qui avait violé toutes ses lois, devait violer, en dernier, la loi providentielle des expiations divines. Chez elle, ce ne furent pas les plus coupables d'une famille sacrilège, dépravée et féroce, qui payèrent pour leurs crimes et les crimes séculaires de leur race. Ce ne furent pas des innocents non plus, - des innocents, qui rachètent tout avec leur innocence ! Chez les Ravalet, il n'y avait pas d'innocents. Mais ce furent des coupables d'un crime différent des crimes de leurs pères, de l'abominable lignée des crimes de leurs pères, et qui à ces crimes ajoutèrent le leur, que leurs pères n'auraient pas commis. En effet, dans celui-ci, du moins, il se retrouva - égaré et contaminé, il est vrai, par les vices héréditaires d'une race perdue, - un jet soudain de nature humaine reparue, que depuis longtemps on ne voyait plus et qu'on ne supposait même plus possible dans la poitrine sans coeur de ces Ravalet !"

Jules Barbey d'Aurevilly, Une Page d'histoire

11 commentaires:

  1. Coucou Miss Yves.
    Ha! l'histoire, l'histoire, source d'histoires...
    Nous y plonger nous apprend que rien n'est immuable il est inutile est vain de vouloir continuer à vivre dans un temps révolu !
    Pouvons nous le regretter? le déplorer ?...
    Je n'ai pas de réponse à cette question!
    Très bonne semaine, A +

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  2. Et Marguerite Yourcenar en a aussi écrit une page ?

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    1. Elle a écrit Anna Soror, un très beau texte, sur le thème de l'inceste entre frère et soeur.

      https://www.lecture-ecriture.com/2075-Anna,-soror-%E2%80%A6-Marguerite-

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  3. Dis-donc, ce n'était pas une famille à côtoyer les Ravalet! Mais le château est fort joli ainsi que les jardins. Bises alpines.

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    1. Très joli, sauf le jardin dit "zen"
      Bises normandes.

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    2. ah bon? Pas beau le jardin? :-(

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    3. Très beau, à l'exception du petit carré "zen"Dernière photo en bas à gauche du dernier collage.
      Il nous a semblé à l'abandon, envahi par les mauvaises herbes, sans les minéraux qui caractérisent un jardin zen.

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  4. Eh beh dis donc, quelle rude époque où il ne faisait pas bon vivre et où la bienveillance, la compréhension n'avait pas lieu d'être et le jugement prompt et définitif (ainsi que les punitions)
    Ce château parait merveilleux ainsi que les jardins qu'un ami de mon mari travaillant à Paris et originaire de Cherbourg (avec qui il a eu une longue conversation ce midi) doit bien connaitre

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  5. Très beau parc, mais le jardin "zen" nous a déçus.
    Dernière photo en bas à gauche du dernier collage.
    Il nous a semblé à l'abandon, envahi par les mauvaises herbes, sans les minéraux qui caractérisent un jardin zen.

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  6. Quelle famille !
    Ceci dit la château est beau et les jardins aussi.
    Effectivement le carré zen n'est pas top du tout.
    Merci pour cette belle visite !
    Belle journée !

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  7. Originale, l'architecture de ce château Renaissance. Vu sous l'angle de tes photos (splendides) son allure carrée, trapue, ramassée sur elle-même comme un animal prêt à bondir, contraste fortement avec la façade aux tours bien rondes illustrant l'article que tu as mis en lien.
    Serait-ce cette double face qui a inspiré ses histoires maléfiques à Barbey d'Aurevilly ?...

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Comme des poissons dans l'eau

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