L'un des objectifs des Amis des Musées Municipaux saint-lois est d'ouvrir et de faire vivre les musées de la ville en dehors des jours et des horaires habituels.
Samedi 9 mars 2011, un hôte de marque était attendu à l'écurie Numéro 5 du haras national :
l'écrivain Jérôme Garcin, venu parler de son roman L'écuyer mirobolant (Gallimard 2010) consacré à Etienne Beudant, ainsi que de son dernier ouvrage , Olivier, récit autobiographique publié chez Gallimard en 2011.
Un lieu accordé à la passion de Jérôme Garcin pour les chevaux et que celui -ci avait d'ailleurs eu l'occasion de visiter , à l'âge de dix ans en compagnie de son père. Il y avait assisté pour la première fois à une saillie et en avait été fortement impressionné. Non sans malice, l'écrivain s'est étonné - et amusé- de la fréquente reconversion d'anciens couvents voués à la chasteté en haras voués... à la reproduction.
Dans La chute de cheval , (paru en 1998 chez Gallimard et réédité dans Le livre de poche avec une postface essentielle écrite en 1999), Jérôme Garcin évoquait un double traumatisme: en 1973, la mort de son père, tué, à 45 ans par un cheval vicieux, et celle de son frère jumeau, Olivier, fauché en 1962 à l'âge de six ans sous ses yeux et ceux de ses parents par un chauffard. .
Deux drames qui l'ont fragilisé, persuadé qu' à tout instant un père pouvait être enlevé à sa famille, un frère arraché à son besson, le rendant sensible aux signes auxquels il refuse une signification religieuse, mais qu'il souligne, assemble, recompose dans sa création littéraire.Si ces deux épisodes tragiques n'apparaissent explicitement qu'au deuxième chapitre de ce recueil, et comme incidemment, parmi des textes consacrés au cheval dans l'art équestre , la peinture la littérature et la vie, ils en sont bel et bien le moteur . En effet, après l'accident de son père, et un rejet inconscient des chevaux pendant vingt ans, l'auteur les a redécouverts grâce l'attirance de son fils pour cet animal transformant ainsi les fantômes du passé en "une promesse d'avenir". Le lieu de cette redécouverte, Ouilly -du-Houley fait écho à celui où dans la fiction de l'écuyer mirobolant , un certain Philippe Meurdrac (au prénom prédestiné et doublement cher à notre auteur..) découvre enfin l'identité de Vallerine, la jument d'Etienne Beudant, qu'il avait trouvée du côté de chez Julien Gracq à Saint-Florent -Le Vieil, le 22 juin 1940, en pleine débâcle.
Le chapitre de la Chute de cheval joliment intitulé "Un rêve passe, il va l' amble" fait écho au dernier chapitre de l'Ecuyer mirobolant,dans lequel, à la faveur de la naissance d'un poulain, Philippe âgé de quarante ans-en 1962- revient sur cette rencontre décisive, sur le sens sa vie, et comprend en relisant extérieur et Haute école, le traité de Beudant "que rien n'effacerait jamais les traces des chevaux sur la terre des hommes".
(A suivre)
M. Vignaut, directeur du haras, ravi de recevoir une personnalité aussi attachée à l'univers du cheval que Jérôme Garcin ,avait obligeamment mis à notre disposition l'écurie numéro cinq , et Mme Catherine Barbey, directrice de l'Office du tourisme avait excellemment préparé cette rencontre, avec l'aide précieuse des services technique de la ville.
Signe faste ?Cette rencontre littéraire coïncidait avec la reprise des visites guidées du haras.
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Signes, fils et tissages:
Le journal Ouest France publiait le même jour un article sur la publication aux éditions José Corti des Manuscrits de guerre de Julien Gracq.(né en 1940 à Saint -Florent-le -Vieil, mort à Angers en 2007)
Il s'agit de son journal de guerre, rédigé au retour de captivité en 1942, découvert à la BNF par Bernild Boie, l'éditrice de Gracq à la Pléiade.
Dans ce cahier d'écolier rouge, de marque Conquérant, Louis Poirier, qui n'avait pas encore pris le nom de plume qu'on lui connaît, raconte en 77 pages trois semaines de campagne en Flandre, débâcle parachevée le 2 juin 1940,avec la défaite de sa section
Or, c'est en pleine débâcle,à l'entrée de St -Florent le 21 juin 1940 que Vallerine fausse compagnie à Madame Lajoinie qui devait restituer la jument à son maître, le capitaine Beudant...Disparition inexplicable,inexpliquée, dont on découvrira , au dernier chapitre quel cadeau prédestiné a été fait , mystérieusement, à Philippe Meurdrac, devenu , à 17 ans, puis 22 ans plus tard, le fils spirituel que rêvait d'avoir l'Ecuyer mirobolant .
" Un Fabuleux cadeau de Gracq à ses lecteurs", commente joliment Daniel Morvan dans O.F, ce 9 mars 2011, jour où nous recevions au haras, un peu comme chez lui, le gracquien Jérôme Garcin .
Cette photo d'introduction est superbe!
RépondreSupprimerNous n'avons qu'une envie: celle d'entrer.
Je rentrerai très certainement dans la lecture de ce livre à son heure.
La parution fortuite des Manuscripts de guerre de Gracq est une curieuse coïncidence, très certainement de bonne augure!
RépondreSupprimerDes photos intérieur-extérieur, notamment celle du bâtiment vu à travers la fenêtre magnifiée par le rai de soleil rentrant.
RépondreSupprimerCette remarque à propos de la reproduction... Les religieux ne refusent pas cet aspect nécessaire, préférant cependant lui donner un coté obligatoire et non gratifiant, le qualifiant de "devoir". Dans les haras, du plaisir efficace je présume surtout de nos jours avec la fécondation artificielle tarifée, les étalons et leur sperme en paillettes.
Quelle belle coïncidence !
RépondreSupprimerUn accueil chaleureux au haras pour un homme de cheval qu'est M Jérôme Garcin !
Tu sais comme j'aurais aimé être avec vous !