Des panneaux de grand format mettaient en regard reproductions de croquis et photos
.(Voir billet précédent )
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Cette exposition sur le monde rural a connu un prolongement le 3 avril 2011 au musée de Bois-Jugan par une conférence de M. Armand Frémont
"La géographie, lorsqu'elle est trop académique me laisse sur ma faim" a déclaré l'éminent professeur , "J'ai voulu la nourrir par d'autres rencontres, la photographie, l'art de peindre, d'écrire, l'architecture."
D'objective, la géographie est devenue sensible, et depuis l'écriture de sa thèse en 1960 sur l'élevage en Normandie, Armand Frémont, qui d'ailleurs n'a pas d'ascendence agricole , a toujours voulu garder le contact avec les paysans , lorsqu'il a réédité cette thèse ou publié ses livres.
Importants, moins numériquement (encore que leur pourcentage soit légèrement supérieur à la moyenne française ) que par l'espace occupé et surtout par leur production économique, les paysans normands ont un poids réel et sont les héritiers d'une double identité, terrestre et maritime.
Trois caractéristiques peuvent les définir: ils sont divers, ils se revendiquent comme des paysans et ils sont anxieux.
Leur diversité est manifeste,dans les paysages agricoles (plaine de Caen ou bocage), la taille et l'importance de leurs exploitations, la psychologie -les romans récents de Jean Mouchel traduisent bien ce fait .Une nouvelle recomposition de l'agriculture s'organise autour de trois types très différents:
-Les agriculteurs qui jouent le jeu d'une agriculture "productiviste"( Ils sont majoritaires, ce qui n'était pas le cas en 1960 )
-Ceux qui- minoritaires-sans refuser le progrès technique, tentent de l'harmoniser avec des conditions plus naturelles, plus rustiques.
-Une catégorie mixte , qui cumule un autre métier avec celui de paysan, sur une petite exploitation familiale, catégorie la plus fragile .
"Nous sommes des paysans", attachés à la terre et aux bêtes, quelle que soit la manière dont les paysans les travaillent , ce lien avec des organismes vivants reste primordial aujourd'hui.
Il en de même pour le lien entre famille et organisation du travail , la devise "Une bonne ferme , une bonne femme" est toujours valable, même si "la famille fout le camp "(sic). A la différence de la Grande Bretagne,où l'on peut devenir agriculteur, sans être né agriculteur, le paysan normand , lui, conçoit l'agriculture comme un patrimoine qui se transmet. Des traits de mentalité de la Normandie traditionnelle sont toujours présents: réalisme, prudence, vis à vis du climat et du nouveau dieu qu'est Bruxelles. Une prudence face aux innovations qui n'est pas forcément le lot des paysans bretons, picards ou de l'ïle de France .
L' anxiété a toujours imprégné la psychologie normande, mais elle s'accentue, à cause de l'effritement des valeurs fondamentales, de la rétractation de l'espace agricole (significatif à Saint-Lô si l'on observe l'extension de la ville au détriment dela campagne), des références nouvelles (Paris, Bruxelles, la mondialisation), des périodes de sécheresse et de leurs conséquences sur les prix), des épizooties, et bien sûr de l'instabilité de la famille contemporaine. La transmission n'est plus vraiment assurée, les descendants- s'il y en a - envisagent un autre métier que celui de la terre, et le moteur de l'organisation de la vie paysanne dans les années 50 , le couple change lui aussi: la femme (plus rarement l'homme )travaille ailleurs, très souvent dans les secteurs de la santé ou de l'enseignement. Précisons que l'épouse reste toujours associée aux grandes décisions .
Cet exposé très clair a été suivi avec beaucoup d'intérêt par un public attentif: adhérents ou non des des amis des musées, personnes issues du monde rural, et d'anciens étudiants de Monsieur Frémont. Une petite discussion s'est instaurée autour de la terminologie employée après guerre pour parler des paysans : "agriculteurs" ou "exploitants agricoles" ? Et quoi de plus naturel que conclure et prolonger cette conférence autour d'une bolée de cidre!
M.S pour la revue des A. M .M
M.S pour la revue des A. M .M
Ton texte est passionnant. Quel plaisir ont du etre cette exposition et ce debat.
RépondreSupprimerJe retrouve beaucoup de choses vraies apres mes sejours en Normandie dernierement et mes discussions avec des fermiers normands: eclatement des familles, la ferme qui aura un avenir incertain car aucun des enfants ne veut reprendre, la femme qui travaille au dehors mais reste le "pilier" de la maison etc... et pourtant certaines fermes marchent bien, choix judicieux? conjoncture du moment? On oublie souvent de parler des etudes necessaires pour etre fermier aujourd'hui.
encore un message très intéressant: je crois qu'on paut trouver des grosses similitudes entre les "paysans" bretons et normands même si là il y avait une rivalité entre les gens de mer et les gens de terre...les vrais étaient dans la bretagne intérieure dont mon grand père maternel et certains de mes oncles...Il y avait de la terre battue chez mes grands parents, l'eau au puits et les toilettes en plein air,ils travaillaient pour pouvoir d'abord payer le propriétaire, puis manger.
RépondreSupprimerJ'en ai gardé un amour très modéré (!!!) pour la campagne.
Thérèse: d'où l'utilité des lycées agricoles...dont les crédits et les postes diminuent ...
RépondreSupprimerMarguerite-Marie:certaines différences existent aussi en Normandie, entre "gens de terre "et "gens de mer". La peinture des paysans bretons reste inégalée je crois, avec le "Cheval d'orgueil"
Je me demande si ces trois caractéristiques sont propres aux paysans normands ? Mon mari dit que le paysan est celui qui en se levant regarde le ciel ! Il a le sens du temps et des saisons et il travaille pour produire ce qui ne sera récolté que plus tard ! Parfois il travaille pour les générations futures.
RépondreSupprimerJe suis en train de lire le deuxième livre de deux que m'a prêtés ma belle-soeur : le choc de culture entre une intello (bibliothécaire) et un éleveur de vaches suédois :
RépondreSupprimer"le caveau de famille" faisant suite à "le mec de la tombe d'à coté" de Katarina Mazetti.
Excellent !
Cergie: j'ai lu "le mec de la tombe d'à côté"qui m'a beaucoup plu, j'ignorais qu'il y avait une suite
RépondreSupprimerCe que tu as écrit à propos du contre-jour=pas B me fait penser à la nécessité de transgresser les règles en matière de création artistique .
Oui, je suis fâchée avec les chiffres, et c'est parce que je fais partie des rêveurs que j'ai fait ce petit exercice de calcul un peu vengeur!
Je viens te répondre au sujet de mes géramiums. J'ai été coupée d'internet pratiquement pendant toute la semaine. Je repasserai chez toi ce tantôt.
RépondreSupprimerPour mes géraniums, j'ai des doubles et qq simples. Pour ta seconde qustion, j'appelle ça des suspensions tout simplement.
A't'à l'heure !
Bien que vivant à la campagne depuis un certain,, je reste une fille de la ville. J'ai connu de par mes vacances d'enfance, la paysannerie Berrichonne et Morvandielle (j'espère que c'est comme que ça que ça se dit, cela fait si longtemps, mon Pépé parlait toujours de Morvandiau !Le correcteur d'orthographe me dit Mortadelle!!!)
RépondreSupprimerIls vivaient chichement et n'avaient pas le confort que peuvent avoir les agriculteurs de maintenant. il est vrai que le mot paysan est un peu dépassé et presque insultant.
L'agriculture a évoluée et pas toujours dans le bon sens. Il semble qu'on revienne à des choses plus naturelles en matière de cultures. C'est bien la raison pour laquelle nous avons pu faire cette année un fil rouge coquelicot.
Ce serait bien si l'année prochaine on pouvait faire un fil bleu bleuet.
Ce qui m'inquiète c'est que beaucoup d'exploitations arrêtent.
Bonne fin de semaine !
Claude:merci, à toi aussi!
RépondreSupprimerJ'admire le savoir de ton correcteur d'orthographe ...
This photos of elderly rural folk could have been taken where I live -- twenty or thirty years ago. Paysans have a lot in common, the world over.
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