Découverte de la “rue des libraires”à Blainville / mer,
le 18 août 2012 .
Visite guidée de M. François Noblet-Rousseau
Une rue des Libraires à Blainville- sur -mer ? Vous pensez sans doute à l' un de ces
salons du livre qui fleurissent ici et là , en toute saison et tout spécialement l'été?
Que nenni!.
Le terme “libraire “ désigne ici une corporation d'imprimeurs, d'éditeurs ,
parfois d'écrivains ou de bouquinistes - autant de professions du livre - et cette rue
renvoie à des faits socio -historiques très originaux du Coutançais, exposés par
notre guide, Monsieur François Noblet-Rousseau.
Il faut remonter au XVIème siècle pour trouver déjà la trace d'une famille
d'imprimeurs - ayant pour descendant Remy de Gourmont- active de 1502 à 1533. A
partir de la Révolution, les colporteurs diffusent objets, quolifichets et gravures
licencieuses, donnant à un habitant de Montsurvent l'idée de vendre du
papier de maison en maison. Il deviendra le fournisseur attitré de Louis XVI et de
Marie-Antoinette. Sa réussite inspirera environ 600 vocations de 1789 à 1900 : des
Blainvillais (au nombre de 30) , Gouvillais , des habitants d'Agon -Coutainville, du
canton de Coutances (289) ou de Saint-Malo de la Lande (9 ) quitteront leur région natale pour échapper à leur condition de futur pêcheur ou journalier et tenter leur chance à Paris comme libraires.
Sur le nombre, ceux qui ont réussi, à l'image de Pierre Blaizot, reviendront au pays et
y feront construire des maisons ou rénover leur ferme d'origine , manière d'
exposer aux yeux de tous leur ascension sociale . Le respect de l'architecture locale
leur importe peu! En témoigne cette habitation aux allures de castel façon Viollet-
Leduc .
Une autre , (Le clos des Pommiers) remarquable pour son style anglo-normand
plus approprié sur la côte de nacre , possède un vaste parc qui contournait l'école
des filles jusqu'à la gare.
plus approprié sur la côte de nacre , possède un vaste parc qui contournait l'école
des filles jusqu'à la gare.
Au carrefour de la quarantaine, une des demeures les plus spectaculaires, le château des Ruettes, de style néo gothique ou Victorien, appartenait à M. Petitot . Il y avait fait édifier une terrasse ouvragée au-dessus d'une pièce abritant une magnifique bibliothèque en chêne aux livres innombrables.
Allaient de pair avec ces constructions de “nouveaux riches”(dixit notre guide) des
actions de bienfaisance, des gestes que l'on qualifierait aujourd'hui de
paternalistes, mais admis et appréciés à l'époque. Ainsi, Madame Blaizot avait-elle
financé l'électrification des cloches de l'église, affecté au service de ses
concitoyens trois religieuses-infrmières et veillé à l'approvisionnement régulier de
la pharmacie en médicaments. De même, Georges Lemallier offrait aux enfants , à Noël une
caisse de pommes d'oranges, se faisait remettre ,en juin , la liste des lauréats pour
ajouter aux Prix des livrets de caisse d'épargne.
Si Monsieur François Noblet-Rousseau connaît parfaitement son sujet , c'est qu'il
est lui-même le descendant d'une de ces familles de libraires .
Georges Lemallier, fils de douanier , était employé chez l'éditeur scolaire Belin. Ayant
réussi, il avait agrandi sa petite ferme en lui adjoignant une aile pour ses enfants. Or, sa fille, Georgette avait épousé le fils Rousseau, qui habitait de l'autre côté de la rue de Bas! Devenue marchande d'estampes à Paris, Georgette profitait des vacances pour transformer la maison et , derrière la construction , s'est fait bâtir une grande tour. .. dans le goût de Viollet-Leduc .
C'est dans le parc de cette grande propriété , “les Glycines”, conservée pour sa
famille, que monsieur François Noblet-Rousseau a poursuivi la visite en nous présentant, outils et documents à l'appui, les techniques de l'estampe dont son grand-père Maurice Rousseau était devenu spécialiste.
Il a également évoqué le mode de vie de ces libraires , artisans et travailleurs acharnés plutôt qu'artistes ou intellectuels , mais ” se tenant bien à table” .
Après nous avoir invités à parcourir le parc de cette demeure conçue pour vivre en
autarcie, des raffraîchissements nous ont été aimablement offerts , bienvenus par
cette belle journée d 'août !
Cette initiative d'une balade estivale s'est avérée très positive .
Notre région étant très riche sur le plan patrimonial, d'autres promenades culturelles pourraient être organisées l'an prochain sur d'autres thèmes, pour le plus grand plaisir des membres des amis des musées qui ne choisissent pas de destinations lointaines pour leurs vacances .
M.S.