Mémoires d'Outre-Tombe, Chateaubriand
Avant-propos,
Paris, 14 avril 1846.
Revu le 28 juillet 1846.
Sicut nubes... quasi naves... velut umbra.
Avant-propos,
Paris, 14 avril 1846.
Revu le 28 juillet 1846.
Sicut nubes... quasi naves... velut umbra.
JOB
"Ces Mémoires ont été l’objet de ma prédilection : saint Bonaventure obtint du ciel la permission de continuer les siens après sa mort ; je n’espère pas une telle faveur, mais je désirerais ressusciter à l’heure des fantômes, pour corriger au moins les épreuves. Au surplus, quand l’Eternité m’aura de ses deux mains bouché les oreilles, dans la poudreuse famille des sourds, je n’entendrai plus personne. Si telle partie de ce travail m’a plus attaché que telle autre, c’est ce qui regarde ma jeunesse, le coin le plus ignoré de ma vie. Là, j’ai eu à réveiller un monde qui n’était connu que de moi, je n’ai rencontré, en errant dans cette société évanouie, que des souvenirs et le silence ; de toutes les personnes que j’ai connues, combien en existe-t-il aujourd’hui ? Les habitants de Saint-Malo s’adressèrent à moi le 25 août 1828, par l’entremise de leur maire, au sujet d’un bassin à flot qu’ils désiraient établir. Je m’empressai de répondre, sollicitant en échange de bienveillance, une concession de quelques pieds de terre, pour mon tombeau, sur le Grand-Bé. Cela souffrit des difficultés, à cause de l’opposition du génie militaire. Je reçus enfin, le 27 octobre 1831, une lettre du maire, M. Hovius. Il me disait : "Le lieu de repos que vous désirez au bord de la mer, à quelques pas de votre berceau, sera préparé par la piété filiale des Malouins. Une pensée triste se mêle pourtant à ce soin. Ah ! puisse le monument rester longtemps vide ! mais l’honneur et la gloire survivent à tout ce qui passe sur la terre." Je cite avec reconnaissance ces belles paroles de M. Hovius : il n’y a de trop que le mot gloire. Je reposerai donc au bord de la mer que j’ai tant aimée. Si je décède hors de France, je souhaite que mon corps ne soit rapporté dans ma patrie qu’après cinquante ans révolus d’une première inhumation. Qu’on sauve mes restes d’une sacrilège autopsie ; qu’on s’épargne le soin de chercher dans mon cerveau glacé et dans mon coeur éteint le mystère de mon être. La mort ne révèle point les secrets de la vie. Un cadavre courant la poste me fait horreur, des os blanchis et légers se transportent facilement : ils seront moins fatigués dans ce dernier voyage que quand je les traînais çà et là chargés de mes ennuis." .................................................................................................................................. Traditionnellement, lieu de sépulture ("Bez" en Breton signifie "tombe"), le Grand Bé est la dernière demeure de Chateaubriand et un lieu de pèlerinage littéraire depuis 1848. L'île du Grand Bé est située au Nord Ouest de Saint Malo. On y accède à pied à marée basse. |
C'est beau! Seulement l'eau et le vent comme compagnons. Bon et puis tous les visiteurs...
RépondreSupprimerPas trop mélancolique,ni trop dur, cette fois-ci ?
RépondreSupprimerCertains visiteurs inconscientsjouent les fiers- à bras, comme au Mt St Michel, en allant vers l'îlot quand la marée commence à monter: nous en avons vu qui sont revenus, de l'eau jusqu'aux cuisses
RépondreSupprimerC'est la photo 1
RépondreSupprimerPeut-on y aller en bateau (quand on est paresseux)?
RépondreSupprimerHPY:Le tout est d'y aller avec la marée...et de revenir avec la marée!
RépondreSupprimerse que c est beau !
RépondreSupprimerQuand je pense que beaucoup iront en vacances cet été en Bretagne, près de la mer – qu’est-ce-que cela me donne envie! Je reviens de France ou le temps a passé si vite et je n’ai pas eu le temps vraiment de quitter Paris et les environs. Saint Malo à l’air toujours aussi beau, surtout sous le soleil. Au moins avec toutes ces jolies photos je me promène virtuallement en Bretagne tout en lisant Chateaubriand avec ça! – merci.
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