lundi, septembre 05, 2011

Journal de festival- Dieu, qu'ils étaient lourds !

L
Cette exclamation  clôt le spectacle mis en scène par Ludovic Longevin, à partir des entretiens 
radiophoniques  de Louis-Ferdinand Céline.
(Vidéo ici )

Avec Marc-Henri Lamande et Ludovic Longelin.
Programmation audacieuse, ainsi présentée dans la brochure du festival :


« Alors voilà, je me trouve à présent à faire un « interviouwe » dans un décor de chaise électrique… ! Mais ça ne va pas me troubler du tout, et je vais dire tout ce que j’pense et personne ne m’empêchera de parler. » Construit à partir de l’un des derniers textes de Louis-Ferdinand Céline, mort il y a cinquante ans, « Les Entretiens avec le Professeur Y », un texte âpre, et différents entretiens que l’auteur a enregistrés pour la radio dans les années 50, ce spectacle est une passionnante rencontre avec l’un des auteurs les plus marquants du XXè siècle. Céline nous parle de sa vie, de son enfance, de ses « dramatiques » prises de positions politiques mais aussi et surtout de son écriture et de ce style fameux qui bouleversa la littérature. Il explique sans manière et sans concession l’exigeant travail de l’écrivain aux prises avec son temps, ainsi que la passion et la liberté dont l’écrivain doit faire preuve pour renouveler la langue




La prestation du comédien-pianiste de formation - est d'autant  plus
 époustouflante qu'il n'a jamais écouté ces entretiens ni vu les émissions
 télévisées où Céline intervenait . 

La "simple" lecture des  écrits et la compréhension du phrasé de l'écrivain 
l'ont guidé de façon si juste que des spectateurs qui eux, avaient entendu 
et vu ces émissions croyaient vraiment entendre l'auteur du  formidable
 Voyage au bout  de la nuit  ou de l'abominable Bagatelle pour un 
massacre .

"On n'était pas dans l'imitation" expliqua-t-il à Plamon- "C'est un travail 
sur la respiration, le souffle, qui  a permis de restituer le rythme  très 
particulier  du discours  célinien, la parole de quelqu'un qui a quelque chose 
à dire -dans l'urgence ".



Sur la question de l'antisémitisme ,   l'enjeu  de cette conversation est la 
 justification 
("J'ai cru qu'à cause des juifs qu'il y aurait la guerre"
Antisémite , donc , par pacifisme ...
et aux  diverses questions posées (la guerre, l'enfance,
 le travail de l'écrivain, etc.)  le ton est celui de la sincérité, du naturel, 
de la gouaille , d'un humour féroce qui fait que l'on rit souvent .
On peut saluer sa clairvoyance  dans le regard qu'il pose sur LE Style , sa  place à venir  
dans la Littérature et sur l'emprise   décervelante des journaux et de la publicité naissante .

"C'est terrible", a déclaré un jeune spectateur à Plamon, "vous avez 
rendu à mes yeux Céline presque sympathique ..."

Là n'est pas pas le  propos de Marc-Henri Lamande et Ludovic Longelin., qui 
ont voulu restituer l'écrivain dans toute sa complexité-le comédien précise d'ailleurs qu' à entendre
  les familiers de Céline parler de lui, sympathique, il l'était sans doute-

-"Misanthrope, Céline ?
-" Déçu par l'humanité, marqué par la guerre de 14".

A  l'ultime question ( Comment qualifier les hommes ? ) posée par  Louis-Albert Zbinden 
dans l’entretien pour la Radio-Suisse Romande enregistré le 8 juillet 1957 à Meudon , 
Céline répond:
"Dieu , qu'ils étaient lourds! Lourds et épais, plus méchants que bêtes""
(et il évoque la finesse, la légèreté des dentelles  que brodait  sa mère).

 -Absolument confondant  ...

Pour  clore le spectacle, en contrepoint à cette dernière phrase qui sert de titre,  s'élève
alors l'enregistrement  d'une répétition de danse, rappelant celle donnée par  son épouse
 Lucette   Almanzor, et  qui a accompagné  ses derniers moments le jour de sa mort.

Le spectacle débutait par l'enregistrement d'une chanson chantée par Céline lui-même ,
 vaguement perçue dans le lointain,toile de fond d'un marmonnement indistinct dans la
pénombre, le discours  se précisant peu à peu avec la lumière qui perce  .
 Ludovic Longelin a expliqué ce choix de mise en scène, quelque peu  déroutant:
 "J'ai voulu montrer Céline comme quelqu'un qui apparaît, qui nous dit quelque chose,
  puis disparaît" .

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 ( Ici, la genèse du spectacle par Marco , de belles photos, et une intéressante critique littéraire .)
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8 commentaires:

  1. Je te retourne le compliment les "superlatifs" me manque aussi bien que ce ne soit pas dans le même domaine ...
    A +

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  2. Malheureusement, à cause de son talent, Céline n'a droit ni à l'erreur ni à l'oubli ni au pardon.
    Quant à tes petites notes avec ces phrases réparties au milieu des croquis, celles-ci semble rangées comme dans une mémoire visuelle..

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  3. Cergie: ce fut en quelque sorte la conclusion de J P Tribout au débat, une citation du Général de Gaulle:"Le talent engage"

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  4. Oui "Le talent engage" l'histoire et les écrits font le reste. Au moins il y a des des débats et c'est le plus important.
    "Des rencontres humaines" comme tu as si bien écrit dans un coin de tes croquis.

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  5. Les croquis avec des petits notes sont adorables, comme je les aime et BRAVO!

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  6. Merci pour la poste intéressante.Et aussi pour votre visite et deux commentaires. J'ai une visiteuse de l'Australie.Nous avons vu les moulins de Kinderdijk. Aujourd'hui nous avons été en Gouda , la ville de fromage.

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  7. Merci beaucoup pour ces belles pages pleines de vie. Nous avons passé un excellent moment en compagnie du public sarladais. Bravo pour la ferveur !

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  8. Marc-Henri Lamande: merci à vous-ainsi qu'à ludovic Longelin- et au plaisir de vous voir de nouveau jouer!Pourquoi pas à Sarlat ?

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