Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir quai era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant' è amara che poco è piú morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte.
Traduction Marc Scialom,
(La Pochothèque) 1996
Au milieu du chemin de notre vie,
je me trouvai dans une forêt sombre,
la juste direction étant perdue.
Ah! si rude est l'effort pour la décrire,
cette forte forêt, farouche et âpre,
qui ravive la peur dès qu'on l'évoque!
la mort même est à peine plus amère!
Mais - pour traiter d'un bien que j'y trouvai -
voici encor ce que j'ai vu là-bas...
Traduction André Pézard
(La Pléiade) 1965
Au milieu du chemin de notre vie
je me trouvai par une selve obscure
et vis perdue la droiturière voie.
Ha, comme à la décrire est dure chose
cette forêt sauvage et âpre et forte,
qui, en pensant, renouvelle ma peur!
Amère est tant, que mort n'est guère plus;
mais pour traiter du bien que j'y trouvai,
telles choses dirai que j'y ai vues.
Traduction Jacqueline Risset
(Garnier-Flammarion) 1985
Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai par une forêt obscure
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu'elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée!
Elle est si amère que mort l'est à peine plus;
mais pour parler du bien que j'y trouvai,
je dirai des autres choses que j'y ai vues.
Source /lien En savoir plus sur:
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-enfer-de-la-subjectivite_800029.html#gaZYwyUbEfT6VUA2.99
Vidéo de l'application I pad de l'Enfer de Dante, illustré par Boticelli
ici
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Au milieu de la course de notre vie, je perdis le véritable chemin, et je m’égarai dans une forêt obscure : ah ! il serait trop pénible de dire combien cette forêt, dont le souvenir renouvelle ma crainte, était âpre, touffue et sauvage. Ses horreurs ne sont pas moins amères que les atteintes de la mort. Pour expliquer l’appui secourable que j’y rencontrai, je dirai quel autre spectacle s’offre à mes yeux. Je ne puis pas bien retracer comment j’entrai dans cette forêt, tant j’étais accablé de terreur, quand j’abandonnais la bonne voie. Mais à peine fus-je arrivé au pied d’une colline où se terminait la vallée qui m’avait fait ressentir un effroi si cruel, que je levai les yeux et que je vis le sommet de cette colline revêtu des rayons de l’astre qui est un guide dans tous les voyages. Alors s’affaiblit la crainte qui m’avait glacé le cœur pendant la nuit où j’étais si digne de pitié. Tel que celui qui, sorti des profondeurs de la mer, se tourne, suffoqué d’effroi, vers cet élément périlleux, osant le contempler, mon esprit, qui n’était pas encore assez rassuré, se tournait vers le lieu que je venais de franchir, lieu terrible qui voue à l’infamie ceux qui ne craignent pas de s’y arrêter. Reposé de ma fatigue, je continuais à gravir la montagne déserte, de manière que le pied droit était le plus bas. Et voilà que, tout à coup, une panthère agile et tachetée de diverses couleurs apparait devant mes yeux, et s’oppose avec tant d’obstination à mon passage, que plusieurs fois je me retournais pour prendre la fuite.
Dante Alighieri, La divine comédie, traduction en prose d’Arnaud de Montor, 1859