Sarlat , 27 juillet 2011
Belle découverte, pour moi, d'une pièce de Jean-Luc Lagarce transférée des Enfeus au centre culturel Paul Eluard, à cause de la météo incertaine.
Le matin, la "metteuse en scène", Julie Deliquet (la formule est de J. P. Tribout) en avait présenté le sujet :(vidéo ici)
Elle avait précisé son intérêt et celui du Collectif in Vitro pour le contexte de l' intrigue : que sont devenues les utopies de mai 68 à travers les personnages de Pierre ( l'intellectuel "' rentré dans le rang" ), de Paul (le conciliateur dépassé) et d'Hélène (l'ex amante qui ne veut plus" se taire ni sourire" )?
Et voici ce que dit brochure du Festival des jeux du théâtre :
"L’action se passe de nos jours, un dimanche, à la campagne, dans la maison, vestige d’un amour vécu à trois, qu’habite aujourd’hui Pierre, seul, et qu’habitèrent, par le passé, avec lui, Hélène et Paul. Ceux-ci se sont mariés, séparément, ailleurs. Aujourd’hui, ils reviennent, embarrassés, avec leurs nouvelles familles, pour débattre de la vente de cette maison, achetée en commun, quelques années auparavant : Hélène a besoin d’argent. Ensemble, ils vont revenir sur leurs traces…"
Les non-dits, silences, rancoeurs vont brouiller les échanges, brouiller les pistes et dans ce huis-clos, le langage devient un élément essentiel de l'action, comme chez Nathalie Sarraute , dans Tropismes .
C'est une sorte de puzzle qu'il faut reconstituer et dont le spectateur n'a pas les réponses: cette scène de règlement de comptes n'a -t-elle pas déjà eu lieu ?("Nous nous sommes déjà rencontrés, n'est-ce pas "demande Anne ) Ne pourrait-elle pas recommencer? Quel secret concerne la fille aînée d'Hélène "différente", de la cadette, "plus fragile"?
Quant à la fille cadette ("l'ado de service") très bien jouée par Annabelle Simon elle est en quelque sorte le témoin de cette histoire et incarne la génération suivante, loin de l'esprit de mai 68.
J'ai aimé la façon d' impliquer le spectateur-voyeur dans le conflit et d'en suggérer le ressassement car la pièce commence en pleine lumière, comme si tous les conflits pouvaient se régler dans la clarté, puis tout s'obscurcit, et quand tous partent,brisés, c'est de nouveau sous l'éclairage cru du début. Sentiments de gêne, de distanciation, de comique et de pathétique se mêlent tout au long de la pièce. On rit beaucoup, malgré ou à cause des faux-semblants des uns et des autres .
La comédienne Agnès Ramy jouait l'an dernier à Sarlat une sémillante môme crevette dans La dame de Chez Maxim de Feydeau,(article perso) cette année, dans le rôle d'Anne, fragile , perdue entre le rire nerveux et les larmes, elle est passée (toujours selon la formule de J.P. Tribout) du statut de "maîtresse" à celui d'"épouse".
Le lendemain de la représentation, les éloges ont été nombreux et les explications de Julie Deliquet ont accru , pour moi, l'intérêt de ce spectacle.(Vidéo)
-Le texte comprend trois scènes ponctuées de points de suspension qui sont devenues trois plans-séquences présent
/passé/ futur.
-"La maison est bâchée (le sol , voir photos) comme si elle était inoccupée, ou en transit.
- Aucune didascalie dans le texte de Lagarce . Les adresses (C'est--à dire les mentions indiquant qui l'on parle) changent , au cours des représentations, au gré des comédiens , ce qui les fragilise,les met en difficulté. Chaque acteur est à la merci de son partenaire, et ces choses qui reviennent, toujours pareil, il va les transformer. Il en est de même pour les placements autour de la table, d'où une marge de hasard, de risque."
Cette dernière précision sur la mise en scène m'a d'autant plus impressionnée que le résultat était tout à fait convaincant.
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Le spectacle suivant -que je n'ai pas vu-et qui a plu, s'intitulait "Jupe courte et conséquences"
avec Stéphanie Caillol et Hervé Devolder (à gauche sur la photo) dans une mise en scène de ce dernier .
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Très beau sujet tu nous donne envie de le voir...
RépondreSupprimer68 une nouvelles liberté revendiquée et acquise..
Questions : les gens qui le vivent sont ils plus heureux de nos jour?
J'ai quelques doutes, je suis de toute façons vieux jeux ...
A +
Encore une belle oeuvre a reflexion.
RépondreSupprimerUn bel extrait video.
Qui va reveler quoi? La peur de ce qui se dit ou se dira ici. Le temps, la parole, deux generations et surtout ce rire qui fait passer bien des choses qui autrement seraient insupportables.
Daniel: j'ai oublié de noter qu'un parallèle avait été fait entre le regard de J L Lagarce et celui de Houellebecq sur les utopies et mai 68: nostalgie et sympathie pour le premier, détestation pour le second.
RépondreSupprimerThérèse:c'est tout à fait cela.
Il faut tout ton talent de "conteraise" pour rattraper mes étourderies...
RépondreSupprimerDois je conclure que Houellebec n'est pas ta tasse de thé !!!
Pourtant un homme qui a réussi à écrire un livre qui se passe dans mon pays natal (alors que selon toute vraisemblance jamais il n'y avait mis les pieds)ne peut être totalement mauvais... MDR
Il c'est rattrapé car en pleine tempête l'hiver dernier il c'est rendu à Chatelus le Marcheix dédicacer son livre dans la minuscule biliothéque du bourg.
Daniel: pas du tout!Je rapportais des propos sur une comparaison entre les deux auteurs
RépondreSupprimerMême si je suis plus du côté de J L Lagarce que de Houellebecq sur la question des Utopies, M H est un auteur qui m'intéresse .
On voit la passionnée de théâtre, il va falloir que tu m'entraînes à celui de St-Lô !!!
RépondreSupprimerDécidément, tu es fan d'expos, de lecture et de théâtre.
RépondreSupprimerJe lis en ce moment un livre sur le profilage. Ce n'est pas particulièrement culturel mais c'est intéressant.
Si j'étais restée femme de la ville je me serais peut-être plus cultiver culturellement.
Tes souhaits vont être exaucés...lol
RépondreSupprimerUne vidéo:
http://culturebox.france3.fr/all/30496/houellebecq-dedicace-a-chatelus-le-marcheix#/all/30496/houellebecq-dedicace-a-chatelus-le-marcheix
Un article:
http://www.lamontagne.fr/editions_locales/creuse/michel_houellebecq_fantasme_la_creuse@CARGNjFdJSsGEBIDBR8-.html
J’espère qu'ils vont marcher (avec leurs petites jambes... lol)
Bonne lecture A +
Nota: Aucune remarque de bon aloi ne saurait m'offusquer; seul la bêtise et la méchanceté me sont importable...
J'ai boulier de te dire que je trouve ta nouvelle présentation très bien, cela fait plus gai, moins sérieux
RépondreSupprimer"Remord" c’est aussi lorsque les peintres réutilisent une toile. Une façon comme une autre de préserver la planète ? Ou plutôt l’économie de moyens. Heureusement que nous avons inventé la radiographie.
RépondreSupprimerCeci dit, je ne trouve rien là-dessus sur la... toile.
J’aime bien le papier que tu as utilisé ou du moins l’effet qu’il donne qui fait penser à l’époque où le tissu était reconverti et particulièrement sur 6.
Enitram: fixons-nous Rv
RépondreSupprimerj'ai fait et envoyé mon abonnement, et toi ?
Claude: c'est technique,je suppose, le profilage ?
Daniel: merci pour les liens . Je regarderai cela un peu plus tard !
Cergie: c'est un papier japonais, commandé dans un catalogue d'arts plastiques, idéal pour l'Etégami, et qui m'a bien servi pour mes croquis, car il est fin et presque transparent, aussi, j'ai pu reporter les croquis que j'ai donnés à l'équipe de festival, en souvenir.
A beautiful header! And many thanks for the haiku over at my blog!
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