mercredi, novembre 30, 2011

Colorisation

"La peinture des façades d'une ville, c'est un peu comme la peau d'une cité", estime Bruno Dufour-Coppolani


Reconstruction oblige...L'architecture de Saint-lô , fonctionnelle et grise  au point d'être parfois qualifiée de "stalinienne"manque de fantaisie et d'aura.

En 2004, l'artiste Bruno Dufour -Coppolani avait organisé  un spectacle de colorisation virtuelle des façades de la rue Torteron: une projection de de la vision  de cette rue à partir  de créations infographiques auxquelles avaient participé des étudiants et des stagiaires: un enchantement!.

Six ans plus tard,à partir de cette expérience, la rue de la Poterne a été métamorphosée réellement .
lien ici)


Les travaux suivants porteront sur les  rues des Noyers et Belle-Croix après nettoyage et rénovation .
"Les façades ne seront pas peintes, , car elles sont couvertes de maçonnerie et de ce fait, considérées comme étant en pierre. Ici, la peinture, utilisée avec parcimonie sur les balcons, entourages de fenêtres, etc.va venir structurer le bâtiment"

Puis ce sera au tour de l'Enclos avec les rues du Château et Dame-Denise, et plus tard des rues Torteron et Havin.Mais pour ce dernier projet  les maquettes n'ont pas été publiées .
"Le but est d'offrir à Saint-Lô , par le biais de la couleur, des paysages et atmosphères différents.De redessiner la ville par la Couleur.En fait, faire de la coloration, c'est un peu de l'architecture"

(Source: Côté Manche N 21, du 2 au 8 novembre 2011)

lundi, novembre 28, 2011

Infusion



Feuilles qui infusent
Un soupçon d'azur au fond
pour passer l'automne

Miss Yves

vendredi, novembre 25, 2011

Au café Mancel

 
Le café Mancel tire son nom du libraire et collectionneur  caennais, Pierre Bernard Mancel (1798- 1872) , qui légua sa collection à sa ville natale.Parmi celle-ci, un riche ensemble d'estampes, 45 tableaux hollandais, plusieurs tableaux flamands et italiens,  exposés au musée des Beaux-Arts de Caen .

 " Je lègue à la ville de Caen, ma ville natale, tous mes manuscrits, cartulaires, livres anciens, ouvrages imprimés, tableaux, dessins, gravures, lithographies, objets de curiosité, marbres, ivoires camées, bijoux artistiques, en un mot tous les objets d'art et de science qui font partie de ma collection. "
Aménagé en contrebas des remparts du château, le café communique avec le musée des Beaux-Arts et sa décoration reproduit certains des fleurons de la collection: la Marie-Madeleine pénitente de Johan Moreelse ,  la Vierge à l'Enfant , de Rogier van der Weyden


De ses larges baies vitrées, on peut admirer le jardin de sculptures contemporaines .
(articles personnels  ici   sur  Huang Yong Ping   et  /autres sculptures)





Des soirées à thèmes, des cafés-débats et des animations musicales y ont lieu régulièrement.

Il faut préciser que c'est au musée des Beaux-Arts de Caen qu'est née l'Université populaire, à l'initiative du philosophe Michel Onfray.



Du 5 novembre 2011 au 22 janvier 2012,  dans le cadre des Boréales de Basse-Normandie, le musée des Beaux-Arts de Caen présente L'univers d'Edvard Munch: peintures et estampes   .
Superbe!
http://www.crlbn.fr/les-boreales/

A cette occasion, le café Mancel propose un menu norvégien .






dimanche, novembre 20, 2011

Prix littéraire du Cotentin 2011 décerné à Françoise Hamel



pour son roman Magnéto (Presses de la Cité) .

Ce treizième ouvrage conte les mésaventures farfelues d'une jeune fille venue  de son Cotentin natal dont elle porte le nom . Embauchée dans une radio populaire , harcelée par Jean-Hedern Hallier qui brigue une invitation , elle se retrouve au coeur de" l'affaire des écoutes téléphoniques de l'Elysée", dans les années 80 .

La remise du prix a eu lieu le vendredi 18 novembre à l'espace René Le Bas, autrefois l'hôpital des Armées  de Cherbourg,
C'est justement là qu'est née notre lauréate, dans cet hôpital "avec vue sur une allée de palmiers. Je pesais onze livres à la naissance"- Cette précision émane de sa mère -"son inspiratrice pleine de vie"qui se plaignait d'avoir le " trélu"-elle avait beaucoup LU ,croyait l'enfant-et qui prédisait à sa fille, sa" Princesse", un beau destin d'écrivain.




Cette prédiction s'est bel et bien réalisée, depuis 1981 avec un premier roman, le café à l'eau (Grasset, 1981-Archives de l'INA ici)) ;  les fils du destin s'entrecroisent en signes mystérieux puisque la reconversion de l'ancien Hôpital en pôle audiovisuel et cinématographique ramène Françoise Hamel à l'époque où "adolescente en duffle-coat", elle avait vu Catherine Deneuve jouer dans les Parapluies de Cherbourg, sans se douter qu'un jour , devenue assistante de Michel Drucker, elle préparerait une émission avec Catherine Deneuve pour invitée !


L'attachement de notre auteur à sa presqu'île- elle le dira dans son discours-ne se dément pas: "Cherbourg, c'est l'angoisse en arrivant et le regret en repartant", il se ravive à l'occasion des séances de dédicaces à la librairie Ryst, des séjours dans cet "hôtel sur les quais près du cinéma qui apparaît dans le film La Marie du Port de Marcel Carné."(vidéo ici)
Il se traduit par sa manière de s'identifier à la jeune fille à demi-masquée par un énorme bouquet de marguerites dans le tableau du peintre emblématique de notre région: Jean-François Millet.
Ou encore dans ses souvenirs de collégienne, très impressionnée d'apprendre que l'immense lustre du théâtre de Cherbourg, où elle jouait en amateur avec sa classe était dépendu une fois par an pour être nettoyé.

Entourée de Claude Godefroy, secrétaire du jury du prix littéraire du Cotentin et de Jean Levallois, qui en est le Président, Françoise Hamel, très souriante, a écouté l'éloge  de ce dernier.

L'accent a été mis sur les ressemblances entre l'auteur et son personnage ," une fausse naïve, bien de chez nous" et sur son style qui lui a fait mériter ce prix:"Elle ne cache pas ses fragilités, c'est son armure", une armure sous laquelle on devine l'ironie des gens du Cotentin, des Gens d'ici, pour paraphraser le titre d'un recueil de Gilles Perrault .

Dès son premier roman, Le café à l'eau, avec un sujet fort ( l'emprise d' un tyran domestique sur sa famille) Françoise Hamel aurait pu figurer sur la liste des auteurs couronnés par le prix littéraire du Cotentin, tant son écriture , à visée quasi thérapeutique restait cependant distanciée, maîtrisée .

Après Roger Jouet, historien émérite de l'Université de Caen couronné en 2010, le professeur Yves Pouliquen de l'Académie Française (2009), et auparavant Didier Decoin , Alexis Salatko, Michel Besnier, plusieurs  linguistes, historiens,  romanciers ou  poètes, Françoise Hamel , par son inspiration marquée au sceau de "la langue et des paysages" ajoute tout naturellement son nom au palmarès.

Avant de remettre à la lauréate le chèque de mille euros offert par le conseil général de la Manche, son président, M. Jean-François Le Grand, a tenu à féliciter l'auteur, à la remercier d 'avoir contribué à faire connaître et aimer le Cotentin , tout comme ceux qui " à leur niveau et avec leur expression propre , restent attachés à un certain bon sens hérité du terroir , loin du parisianisme, dans un monde qui semble perdre la tête."



Puis ce fut au tour de la toute nouvelle nommée de prendre la parole.

Munie de "ses petites fiches"comme à l'époque de Champs-Elysées ou de Vivement dimanche, et fidèle à son personnage de Candide, notre romancière a déclaré n'avoir jamais composé de discours mais avoir suivi les conseils d'un ami, selon  la méthode  de  la dissertation du concours d'entrée à l''ENA:
1 - Merci .
2- Moi.
3- L'avenir.
Sur ce canevas, Françoise Hamel a brodé avec brio, illustrant sa semi-improvisation d'anecdotes cocasses qui ont enthousiasmé son public.

1-Merci
Ses remerciements ont été assortis d'un mot gentil à l'intention des membres du Jury; la nouvelle lauréate a exprimé sa fierté, sa joie d'obtenir ce prix, illustré par le poète de Canisy, Jean Follain, qu'elle aime tant .
Jusqu'ici, elle n'avait reçu que deux prix, celui de la brasserie Lipp pour Fille de France (Plon, 2004) ,et, plus inattendu parce que fondé sur un quiproquo, celui de la revue animalière le Hérisson, pour son roman La Loche (Grasset,1984) : en effet, ce terme patois qui désigne une limace était employé par son père pour qualifier sa propre fille, qu'il trouvait mollassonne! Rien à voir, donc, avec la vie de l'animal en question .Cependant, la revue avait consacré un article au roman ,qui avait plu .

2-Moi.
Beaucoup  d'émotion et  d'humour  pour évoquer sa famille: son ancien militaire de père qui l'avait inscrite  comme pensionnaire  au collège tout proche:'"Quand on fait des études, on doit rester à l'internat, c'est comme à l'armée" ; sa mère, sa "Chère mère", pour citer un de ses titres (Plon,2001)Sans oublier sa fratrie, qu'elle retrouve toujours avec plaisir à Cherbourg , mais dont elle évite de tracer des portrait dans ses livres ,voulant assumer la responsabilité des ses propos personnels.
De son parcours chez Michel Drucker, par le biais d'anecdotes savoureuses,  on retrouve transposées, certaines maladresses de Cotentin (Cotenti-i-ne, alias Princesse, alias "La Pensionnaire") -voire certaine gaffes-commises à Radio Gaieté.
Une précision: l'enjeu du roman n'était pas de faire un pamphlet des années Mitterrand. D'ailleurs , dans l'interview donnée à Nathalie Colleville ( Livre-échange Numéro 56 / octobre 2011), Françoise Hamel , qui votait pour la première fois en 1981, rappelle que"cette victoire était inouïe, inespérée". Non, il s'agissait de narrer, sur le mode comique, l'imbroglio causé par les interventions du "trublion des Lettres , Jean-Hedern Hallier qui voulait à tout prix révéler au grand public les secrets du président".
(De tristes secrets comme la francisque, la condamnation à mort d'algériens, le cancer...Et un plus doux: Mazarine... )
Et d'ajouter que pour elle, François Mitterrand reste " un grand président qui a fait rayonner la France" bien qu'en 81, son image fût quelque peu ternie .
C'est surtout un hommage aux livres qui se développe dans ce roman, le bonheur de vivre entourée d'étagères encombrées de livres ...Mais chut! N'anticipons pas.

3- L'avenir.
Si elle reste fidèle au" roman d'Histoire" pour employer une expression anglaise qui lui convient - et si elle prépare la biographie d'un Normand du XVIIème siècle , aussi atypique que la Palatine , Françoise Hamel se réjouit d'avoir délaissé le Grand Siècle au profit de l'époque contemporaine grâce à Magnéto, elle qui craignait de "finir en vieille mémé spécialisée dans le roman historique chez Plon"!
Cette récompense  l' encourage donc à continuer dans cette voie.


Après cet "Oral réussi, autant que l'écrit", comme lui a glissé un des membres du jury -également écrivain -lors de la séance de dédicaces, nous espérons retrouver bientôt Françoise Hamel , si pétulante , si chaleureuse!


Seulement, ce sera pour un autre prix littéraire que celui du Cotentin , car celui-ci n'est attribué qu'une seule fois à un auteur!
M. S.
(Merci à  Nicole Godefroy pour les photos de la séance de dédicaces)




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Autres liens:

Prix littéraire
Article et photo ,sur le site d'Ouest France

http://www.tendanceouest.com/actualite-25624-francoise-hamel-recoit-prix-litteraire-du-cotentin.html

http://www.wat.tv/audio/81-francoise-hamel-forains-roi-32nkf_2jt3f_.html
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jeudi, novembre 17, 2011

Cahiers de campagne (Bois-Jugan 1/3)




L'écrivain Philippe Denier d'Aprigny a présenté ses Fables et nouvelles paysannes
au musée de Bois-Jugan, dimanche 6 février 2011
dans la pièce où le musée a vu le jour, propice à une ambiance évoquant les veillées d'autrefois : un vaisselier,une cheminée, un lit en alcôve, des objets anciens lui donnent un cachet typiquement normand.

Divers dons présentés au public ce jour-là, par Madame Françoise Herman, directrice de ce musée ethnologique en ont complété la décoration:


-Trois pastels représentant des coiffes normandes dessinés par Andrée Roussel
-deux boîtes de combustible-stocker , du charbon Phénix pour chaufferette (Jacques Groult)
-une chaufferette pour dame, donnée par Suzanne Leclerc
-des épis de faîtage en zinc trouvés par Jacques Villeroy sur un chantier de démolition.


Des lectures d'extraits ont été mis en voix de façon très expressive,par Jean Duval
(A suivre)

Comme à la veillée (Bois-Jugan 2/3)



Les Cahiers de campagne , de Philippe Denier d'Aprigny, inspirées de faits ou de personnages réels, alternent nouvelles comiques et dramatiques, dont les thèmes et la tonalité ne sont pas sans rappeller Maupassant.




La mise en voix vivante, expressive de Jean Duval les a servies admirablement .
Le public, attentif et amusé était sous le charme!

dimanche, novembre 13, 2011

Pause automnale

et arrêt sur image.
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vendredi, novembre 11, 2011

"A la mémoire

de nos glorieux  morts,
A la gloire des combattants"énonce l'inscription sur le monument aux morts de




 ThiersSquare de Verdun , 
 construit en 1923 sur les plans de l'architecte Deroure.

 Moins  classiques en sont les dimensions , son ordonnancement  selon les grands  champs de batailles et les sculptures de Joanny Durant, de Boën -Sur-Lignon, représentant un couple de Gaulois et un coq monumental.(Article ici sur sa réfection )


jeudi, novembre 10, 2011

Quand la raison s'endort: les puissances du grotesque de Jacques Callot à Alechinsky. 2/2




Né le 19 octobre 1927 à Bruxelles , Pierre Alechinsky est un artiste contemporain incontournable, peintre et lithographe pour qui "écrire et peindre sont une même histoire", à l'instar de son ami Michel Butor, explorateur de la porosité entre les mots et la peinture.



Il fut, avec le poète Christian Dotremont fondateur du groupe éphémère CoBrA,(Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) de 1958 à 1961; sa rencontre avec les surréalistes l'orienta ensuite vers d'autres voies.
Ses tableaux -sur papier-se caractérisent par une prolifération bouillonnante de signes et de formes .




A partir de 1965, à l'occasion d'un voyage à New York chez un ami, et avec une oeuvre intitulée "Central park"(titre inscrit dans le centre droit du tableau) il réintroduit dans l'art contemporain ce que disait Vasari sur le Grotesque en instaurant une frise , un cadre qui reporte et démultiplie le motif central à la périphérie, dans un espace de liberté totale.



Les thèmes et les motifs traités:
le chaos, le labyrinthe, le volcan-qui est aussi encrier-


le rapprochent également du courant grotesque,

tout comme les figures d' animaux fantaisistes ou fantastiques (le lapin, l'araignée, le serpent- clin d'oeil au groupe CoBrA)
que avons pu voir dans les oeuvres de Jacques Callot,


 Goya,


ou
Odilon Redon .




Cette passionnante conférence a été suivie par une soixantaine de personnes.
Monsieur Jean-Louis Poitevin , invité par trois associations (les Amis des Musées Saint-Lois, la société d'Archéologie et le comité de jumelage de Saint-Lô -Aalen) a parfaitement rempli sa mission: faire découvrir au public une oeuvre peu connue du musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, en dehors des horaires habituels .
Comme l'an dernier-sur un thème bien différent à partir d'un nu masculin de J. F. Millet- M. Jean. Louis . Poitevin, sur un sujet "pointu" a su nous faire voyager dans l'histoire de l'art , aux confins de l'imaginaire et de la raison: nous l'en remercions vivement .


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Jean-Louis Poitevin est écrivain et critique d'art . Docteur en philosophie, il est l'auteur de nombreux livres et articles , notamment sur l'art contemporain . De 2000 à 2004, il a dirigé les instituts français de Stuttgart et d'Innsbruck. Parmi ses dernières publications : Polyptyque, Éditions Alliages, 2005. (Essais sur neuf artistes contemporains) ; Schreber Président, ouvrage collectif, Fage éditions, 2006 ; Le Musée du Point de Vue, Éditions de l’œil, 2007 (Essai sur l'oeuvre de Jean-Daniel Berclaz)

lundi, novembre 07, 2011

"Quand la raison s'endort:les puissances du grotesque de Jacques Callot à Alechinsky". 1/2





Conférence de M . Jean-Louis Poitevin, dimanche 10 octobre 2011 au musée des Beaux-Arts de Saint-Lô.
Quand la raison s'endort: les puissances du grotesque de Jacques Callot à Alechinsky.





Avec pour point de départ un ensemble de vingt gravures de très petit format de Jacques Callot exposées dans le cabinet des dessins du musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, M. Poitevin a analysé la notion de grotesque des origines de ce courant jusqu'à à nos jours .





Avant d'évoquer l'oeuvre des Caprices de Goya, qui a inspiré le titre de cette conférence, un peu d'étymologie s'imposait:


Le terme "grotesque " apparaît à la Renaissance, à l'occasion de la redécouverte de la Rome antique , incendiée par Néron, et des vestiges de la Villa Aurea, immense palais, construit par l'empereur dont les fresques représentaient des personnages aux formes étirées, personnages para naturels, sans être pour autant monstrueux . La profondeur du lieu a favorisé le rapprochement avec des "grottes", d'où le terme "gruttesca" ou "grotesques"pour qualifier ces figures .

Avec Vasari se déploie la polysémie du mot:
1-Ce qui est lié aux peintures sur fresques; les fresques elles-mêmes aux motifs particuliers, mélanges d' éléments humains et floraux.
2-Ce qui agrémente les grandes fêtes impériales, les éléments peints sur des architectures théâtrales, en bois.
3-Un art mineur, qui a partie liée avec le trompe-l'oeil, l'illusion .



Mais à la différence de l'architecte Vitruve (1er siècle avt J. C.) qui condamne tout ce qui n'est pas réglé par la raison et la nature, Vasari loue l'habilité du génie débridé et définit le "tableau" (étymologiquement ce qui est posé sur l'autel) comme une "fenêtre ouverte sur le monde".Or, à la Renaissance, on glisse de la fresque au tableau, en accrochant au mur des tableaux. Le cadre devient alors espace ,valeur soi. Décollé du mur, le tableau -posé ou incrusté- autorise tout autour la liberté de création (fleurs, feuilles, roses ..) où s'exprime la virtuosité, le talent .On retrouve la conception du poète Horace pour qui "l'artiste est libre de ses formes, de ses choix"dans le Grotesque , ce courant né à la Renaissance dont Jacques Callot (1592-1635) deviendra l'un des meilleurs représentants au début du VIIème siècle .


En somme, le Grotesque illustre le conflit entre l'académisme (issu d'Aristote avec le concept de "Vraisemblance") et la liberté de création: la règle devient l'absence de règles . Au lieu de considérer la Nature comme un réservoir de formes esthétiques à imiter, on imite , selon le point de vue de Paul Klee, la manière dont la Nature engendre des formes .

Le romantique Arsène Houssaye a composé une petite biographie de Jacques Callot: nous y apprenons que celui-ci, né à Nancy en 1592, suivit à l'âge de douze ans en Italie une troupe de bohémiens pour être finalement rattrapé à la porte de Rome. Loin du sérieux familial, il considérera la vie comme un déguisement, les masques de la Commedia dell 'Arte , Scapino, Zerbino Scaramucia, Fricasso,

Cucorongna, Pernoualla l'inspireront lorsque plus tard il étudiera la gravure dans un atelier romain .



Forçant le trait, il passe à la caricature, mais du côté sombre du masque, donne à voir "Les misères de la guerre", ou "la Tentation de Saint-Antoine", une oeuvre tardive.


Ce sujet, également traité par Jérome Bosch et Grünenwald est important, en effet, par les failles de la foi du saint assailli de visions, il permet à l'artiste de laisser aller son imagination dans une prolifération de formes hétéroclites et monstrueuses: sphinx, hippogriffes, serpent tentateur,etc .

D'ailleurs, pour revenir au titre matriciel de notre conférence "El sueno de la razon produce monstruos", selon la traduction de "sueno" par "sommeil "ou par "songe," l'interprétation diffère .



Graveur prolifique -plus de 1500 planches sont à son actif- Callot fut aussi un grand novateur dans l'art de la gravure, ayant eu l'idée à Rome d'utiliser un vernis dur emprunté aux luthiers , au séchage plus rapide et de travailler avec un instrument plus précis que le burin et le marteau alors en usage


Dans la lignée de Jacques Callot, Goya, peintre de cour et d'histoire, mais aussi graveur renommé s'est lui aussi intéressé aux "Désastres de la guerre", aux liens unissant humanité et animalité, aux dégradés de l'ombre et de la lumière, propices aux apparitions fantomatiques et fantastiques, un des versants du grotesque

D'autres aspects du grotesque se trouvent illustrés par le caricaturiste Daumier (1808-1879 ),
par le lithographe Odilon Redon (1840-1916) toujours aux limites de l'Inquiétante étrangeté dont parlait Freud,
ou par le peintre Belge James Ensor (1860-1949 ) dont les tableaux sarcastiques et carnavalesques montrent un monde au bord de l'effondrement , tant il est vrai que chez les Grotesques une impression de menace pèse sur la vie .



Le point ultime de cette traversée dans l'univers du Grotesque, Pierre Alechinsky, nous ramènera aux origines de ce genre.


/ Alechinsky:liens ici et + video
(A suivre)
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Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...