mardi, décembre 18, 2007

Huis clos, Sartre, mise en scène de Nicolas Moy, Cie le jardin des Planches

Au programme de trois classes de première du lycée le Verrier , huis clos, de Sartre, à l'affiche de la saison théâtrale saint-loise (Ceci expliquant cela)
Pour sensibiliser les lycéens à cette représentation, Nicolas Moy les avait rencontrés pour leur dire ce que signifiait pour lui le thème de cette pièce, les relations avec "les autres" à notre époque de mondialisation
Il a parlé de la direction d'acteurs, expliqué que son expérience du théâtre de rue l'avait amené à concevoir les déplacements des personnages , leurs contacts , leurs rapports comme une chorégraphie Les élèves ont posé plusieurs questions sur des éléments précis du décor: les portes, les canapés, la cheminée, le bronze de Barbedienne Sans rien dévoiler, Noicolas Moy a répondu qu'il n'avait pas respecté les didascalies (pas de canapé pour chaque protagoniste, pas de cheminée, un bronze, mais placé ailleurs-choix qui avaient d'ailleurs posé quelques problèmes par rapport au texte ...) Bref de quoi intriguer le futur public! Toujours énigmatique, Nicolas Moy a précisé que l'espace scénique qu'il avait conçu s'inspirait du film fantastique du canadien Vicenzo Natali, The Cube !

La représentation a comblé toutes les attentes
Nous découvrons au sol un quadrilatère délimité par une structure métallique "ornée "de petites lampes qui se trouve dupliqué à hauteur de plafond par un dispositif fait de tubes de néon A gauche, l'encadrement d'une porte translucide crée une ouverture dans cet espace
Tandis que les spectateurs s'installent et papotent en attendant "les trois coups"; un étrange personnage tout de blanc vêtu, à l'allure androgyne et au regard narquois fait le tour de ce "cube", déroule un tapis, vérifie un panneau destiné à recevoir des fiches
Le coup de génie de Nicolas Moy est d'avoir fait dire , d'un bout à l'autre de la pièce , les didas scalies par ce quatrième personnage- garçon d'étage, mais aussi ange exterminateur ou caricature de Simone de Beauvoir! Ces didascalies énoncées sur un ton sardonique prennent une résonance inquiétante tenant plus de la prédiction assurée que du constat Le rôle de ce personnage est primordial :il marquera l'installation définitive en enfer de chaque mort sur la panneau prévu à cet effet , ouvrira la porte par laquelle Garcin pourrait s'échapper, enroulera le tapis pour de prochains arrivants pendant que Garcin s'exclame:"Eh bien! Continuons !"
Bravo aux acteurs, tous excellents !

dimanche, décembre 16, 2007

La Marquise d'O, d'après Kleist, mise en scène de Lukas Hemleb

(Cf Article personnel sur le même thème, traité par Barbey d'Aurevilly, dans Une Histoire sans nom   Ici )
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Décor, costumes et lumières s'inspirent, me semble-t-il, de l'univers du peintre Gaspar David Friedrich (1774-1840)
1-Eglise dans un paysage d'hiver (1811)
2-Falaises de craie sur l'île de Rügen (1848)
3-Abbaye dans la forêt de chênes
Un panneau coulissant mobile agrandit ou resserre à volonté l'espace scénique : de loin, dans le flou artistique d'un jeu d'ombres chinoises, le spectateur assiste à la mise à sac de la forteresse , voit errer la Marquise , écoute les potins de salon ou subit, comme l'héroïne une sensation d'écrasement .(Voir photo)
Au sol, un dallage noir et blanc évoque un échiquier où les pièces seraient déplacées par chacun des personnages en quête d'honneur dans ce jeu de la vérité .
















Avec Lucas Anglarès ( le frère),Francine Bergé (la mère),Simon Eine (le père), Cécile Garcia-Fogel (La marquise d'O), Brontis Jodorowsky(le Comte F) et Stéphanos Thomopoulos, le pianiste


production
 maison de la culture d'Amiens avec le soutien du théâtre Gérard Philipe de Saint- Denis

"A M...,ville importante de haute-Italie, la marquise d'O, dame d'excellente réputation, veuve et mère de plusieurs enfants, fit savoir par la presse qu'elle était , sans savoir comment, dans l'attente d'un heureux événement , que le père de l'enfant qu'elle attendait devait se faire connaître , et que, pour des considérations d'ordre familial, elle était prête à l'épouser ..."

Editions Mille et Une nuits .......................................................................................................................
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La sonate opus 111 de Beethoven jouée au piano ponctue cette adaptation théatrale qui oscille entre (mélo) drame et comédie, ces nuances donnent à la nouvelle beaucoup de densité .
Le tour de force de Lukas Hemleb est d'avoir restitué tel quel le texte d'Henrich von Kleist sans l'avoir réécrit , redécoupé pour le théâtre sous la forme canonique dialogues/didascalies .

Les longues phrases complexes distribuent à tour de rôle la parole
:tel personnage , d'abord narrateur-témoin devient acteur et vice -versa, d'où un effet de distanciation , particulièrement
pertinent pour le personnage de la Marquise observatrice effarée de son étrange état.

D'abord décontenancé par ce procédé inhabituel, le spectateur est vite conquis par la précision du jeu des acteurs, le subtil mélange du tragique et du comique, le charme du décor.
Eblouissant!



samedi, novembre 24, 2007

Rencontre avec Pierre Boisard: le camembert, mythe français





Vendredi 9 novembre 2007, P. Boisard était invité par l'association lire à Saint-lô, la société d'histoire et d'archéologie-section de la Manche, et par la médiathèque
Pierre Boisard, rapporteur au CERC, spécialiste en sociologie du travail a montré comment le camembert est devenu un mythe français, symbole d'unité nation,alliant finesse paysanne et industrie .



Sur l'écran, la photo de la statue de Marie Harel

Sous son égide, Jean et Guillaume déclament le discours de l'américain Joseph Knirim:

"En humble témoignage de ma grande admiration et de celle de milliers d'amis aux Etats -Unis pour le fromage de Camenmbert, j'ai apporté, de par les mers, cette couronne de fleurs que je déposesur le monument de notre bienfaitrice à tous. Puissent le drapeau français et le drapeau américain être toujours unis au service de l'humanité". (mars 1926)

C'était la mise en bouche pour cette conférence de P. Boisard, qui s'est terminée par une dégustation de camembert, offerte par la fromagerie REO

vendredi, novembre 02, 2007

Rencontre avec Brigitte Giraud


L'association lire à Saint-lô et la médiathèque ont reçu Brigitte Giraud le 30 octobre 2007



Lauréate du prix Jean Follain 2007, Brigitte Giraud a rencontré ses lecteurs saint-lois à l'occasion de la publication de son ouvrage, la nuit se sauve par la fenêtre chez son éditeur, Pleine page, une maison d'édition "sympa" à qui elle a rendu hommage, ainsi qu'au festival Novart, qui avait permis la mise en voix d' un de ses recueils*.

Déjà venue à Saint-Lô pour la remise du prix, l'auteur avait été sensible à la lecture à voix haute de ses textes de prose poétique :"le souffle de la voix apporte une énergie au texte, la poésie doit être entendue, tout comme la musique"estime-t-elle. De nouveau, il lui a été donné entendre sa création prendre son autonomie dans la bouche de lecteurs qui se sont "approprié ses mots ".

Interrogée par Pascale Navet sur ce qui l'avait motivée dans ce concours d'écriture: Follain ou le thème: le temps à l'oeuvre ? Brigitte Giraud acquiesce aux deux suggestions mais insiste sur "l'espace donné au temps ", précisant qu'elle avait sur ce thème en 2005 un manuscrit" pas tout à fait achevé "qui deviendra "Des ortolans et puis rien"* et des notes prises au cours d'un séjour à l'hôpital ," long moment d'attente et de solitude où le temps se distend ..."Ce sont ces notes qu'elles a reprises et travaillées pour "La nuit se sauve par la fenêtre"

Interrogée par Sylvie Vauttier, présidente de l'association lire à Saint-lô, sur les auteurs qui l'ont marquée , Brigitte Giraud cite Albert Camus, qu'elle relit et Hubert Mingarelli .

Quant à ses projets littéraires, deux nouvelles devraient très prochainement voir le jour à l'intérieur d' un ouvrage collectif , aux éditions Delphine Montalent : Instituteur /trice , la seconde nouvelle faisant écho à la première


La deuxième partie de la soirée a été consacrée
au lancement du prix Follain 2008 : les modalités et le règlement ont été rappelés par Pascale Navet.
Pour finir, un diaporama concocté par Daniel Picot a fait la rétrospective du prix Jean Follain depuis sa création en 1989 : présentation des lauréats et des oeuvres primées , chacune d'elle étant illustrée par la lecture d'un extrait .






mercredi, octobre 31, 2007

Proust lecteur de Barbey



Dans La Prisonnière (Tome VI de La Recherche) , le narrateur donne à Albertine, une leçon de littérature aussi intéressante qu' improbable, étant donné sa destinataire .

Il montre que "les phrases-types" , celles de la sonate de Vinteuil, ont leur équivalent" dans les autres oeuvres, si vous voulez, chez Barbey, une réalité cachée, révélée par une trace matérielle, la rougeur physiologique de l'Ensorcelée, d'Aimée de Spens, de La Clotte, , la main du Rideau cramoisi, les vieux usages , les vieilles coutumes , les vieux mots, les métiers anciens et singuliers derrière lesquels il y a le Passé, l'histoire orale faite par les pâtres du terroir, les nobles cités normandes parfumées d'Angleterre et jolies comme un village d'Ecosse, la cause de malédictions contre lesquels on ne peut rien, la Vellini, le Berger, une même sensation d'anxiété dans un passage , que ce soit la femme cherchant son mari dans une Vieille maîtresse, ou le mari, dans l'Ensorcelée, parcourant la lande , et l'ensorcelée elle-même au sortir de la messe."

Cette analyse thématique révèle chez Proust une lecture attentive de l'oeuvre de Barbey d'Aurevilly et structure ce passage de la Prisonnière voire l'ensemble du volume en jouant sur le motif de la dissimulation .

Tout d'abord, parce que cette réflexion sur les phrases -types de Vinteuil ramène le narrateur à l'amour de Swann et d'Odette , et par association d'idées à Gilberte , donc aux relations cachées d'Albertine avec des femmes - dont il veut lui arracher l'aveu .
Il n'est pas indifférent que la jeune femme que le narrateur dissimule dans sa chambre porte le même prénom que l'héroïne du Rideau cramoisi
...du moins sous sa forme originelle puisque qu'il est écrit, dans la nouvelle de Barbey "Melle Albertine (c'était le nom de cette archiduchesse d'attitude, tombée du ciel chez ces bourgeois comme si le ciel avait voulu se moquer d'eux) mademoiselle Albertine que ses parents appelaient Alberte pour s'épargner la longueur du nom, mais ce qui allait parfaitement mieux à sa figure et à toute sa personne..."Certes, la consonance virile de ce prénom s'accorde avec "ses cheveux coupés à la Titus ", avec la hardiesse de sa main un peu épaisse", et surtout avec sa manière de prendre des initiatives galantes , plus digne d'un homme que d'une jeune fille sortie du couvent !
En revanche, chez Proust , les connotations féminines du prénom d'Albertine correspondent aux jeux de masques sur l'homosexualité du personnage ...et de l'auteur .

La Prisonnière reprend , sans les citer, des expressions du Rideau cramoisi : l'air de "princesse" d'Alberte devient, dans la bouche de Françoise l'injonction ironique aux autres domestiques "de ne pas éveiller la Princesse", la référence à "l'infante à l'épagneul de Velasquez"donne lieu à une perception , par Marcel , de la chevelure d'Albertine réduite à "une coque de cheveux noirs en forme de coeur , appliquée le long de l'oreille comme le noeud d'une infante de Vélasquez "

Le motif de la catalepsie, de la mort d'Alberte est réécrit et réinterprété de manière fantasmatique : le narrateur s'embarque sur le sommeil d'Albertine , lui arrachant ainsi par ruse un baiser -équivalent du baiser maternel à Combray-,accepte un rendez-vous nocturne où, elle sera, dit-elle "comme morte ", et finit par voir dans cette "docile et ennuyeuse captive "une pesante esclave "dont il aurait voulu se débarrasser ...

Relisons Barbey:
"J'eus la force de prendre le cadavre d'Alberte et, le soulevant par les bras, de le charger sur mes épaules . Horrible chape , plus lourde, allez ! que celle des damnés dans l'enfer de Dante !"




lundi, octobre 29, 2007

Le Rideau cramoisi, Barbey d'Aurevilly (1)

"Niobé, cette rêverie qu'on croirait traduite d'un poème anglais ..."écrit Barbey en 1846 dans une lettre à Trébutien à propos du poème qu'il a composé en 1844. Puis, bien plus tard:"(...)Voilà la meilleure explication à donner peut-être de cette Strange thing qu'un académicien ne saurait classer .Cela fut écrit en sortant d'une soirée où une femme vraie avait porté ce camée de Niobé qui me rappela la Niobé de chez mon père, ce buste que j'avais tant regardé en suçant mon pouce jusqu'au sang (...) P.1016 La Pléiade ,Notes J. Petit

Le Rideau cramoisi, Les Diaboliques (1874)
Barbey a beau écrire, dans sa préface :
"Quand aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les Diaboliques ? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diabolique! Il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré."Alberte, l'héroïne du Rideau cramoisi ne mérite que médiocrement ce qualificatif. Certes, son impassibilité de sphinx contrastant avec son aplomb, sa manière de souffler le froid et le chaud et son passage de la petite mort au Trépas en font un personnage sidérant , mais de là à écrire , à propos de cette histoire en particulier , "que ce soit le diable qui ait dicté" !...C'est plutôt le sentiment de la Faute qui donne à cette nouvelle son caractère diabolique , sentiment développé sur le mode fantasmatique par le narrateur , le vicomte de Brassard : "Et jusque par- dessus son épaule, je regardais derrière elle si cette porte , dont elle n'avait pas ôté la clef , par peur du bruit qu'elle pouvait faire, n'allait pas s'ouvrir de nouveau et me montrer, pâles et indignés, ces deux têtes ce Méduse, ces deux vieillards que nous trompions avec une lâcheté si hardie , surgir tout à coup dans la nuit , images de l'hospitalité violée et de la Justice!"


Quand on sait, grâce aux notes de Jacques Petit dans l'édition de la Pléiade , que la description de la chambre où Alberte rejoint la nuit son jeune amant après avoir traversé celle de ses parents endormis, correspond à une des chambres de la maison parents de l'auteur , le récit acquiert une dimension psychanalytique fort troublante...

"C'était une chambre de ce temps -là, - une chambre de l'Empire, parquetée en point de Hongrie, sans tapis, où le bronze plaquait partout le merisier , d'abord en tête de sphinx aux quatre coins du lit, et en pattes de lion sous ses quatre pieds (...)
A tous les angles de cette chambre d'une grande élévation et d'un large espace, il y avait des encoignures en faux laque de chine, et sur l'une d'elles on voyait, mystérieux et blanc, dans le noir du coin , un vieux buste de Niobé d'après l'antique , qui étonnait là, chez ces bourgeois vul
gaires "

Le motif -obsessionnel -de la Niobé antique a été traité par Barbey dans un poème éponyme (1844) et , dans la même tonalité de blanc et de noir dans une scène de ce qui ne meurt pas .Le rideau cramoisi, où semble se profiler , dans le dénouement, l'ombre d'Aimée de Spens condense interdit, désir incestueux aux couleurs de la honte et du sang .Anouk Aimée, qui interpréta Alberte dans le film d'Alexandre Astruc, le rideau cramoisi (1952) fera des lectures publiques, à Saint-Sauveur -Le -Vicomte, pour la commémoration du bicentenaire de la naissance de Barbey d'Aurevilly .



le Rideau cramoisi , Barbey d'Aurevilly(2)

Le bar-restaurant "Le Rideau cramoisi" sis à Saint-Sauveur-LeVicomte, rend hommage, par son nom , à Barbey d'Aurevilly, au titre de la première nouvelle des Diaboliques , ainsi qu'à Robert Desnos, aux jeux surréalistes ...Rrose Sélavy

Le Dandy- caricaturé- se pavane sur la façade et la reproduction de deux de ses lettres - encre rouge oblige, avec flèches et carquois ornent la petite vitrine aux menus .Sur deux de mes photos, prises par une belle matinée d'octobre,une surprise : le reflet bien venu d'une bâtisse qui me rappelle irrésistiblement le thème et les derniers mots de la nouvelle:

"Vous regardiez donc aussi cette fenêtre, capitaine , et même vous la reconnaissiez? "lui dis-je de ce ton détaché qui semble ne pas tenir du tout à la réponse et qui est l'hypocrisie de la curiosité .
(...)
"Et nous roulâmes, et nous eûmes bientôt dépassé la mystérieuse fenêtre, que je vois toujours dans mes rêves, avec son rideau cramoisi".
Pléiade P.57

mardi, octobre 23, 2007

Un prêtre marié -Barbey d'Aurevilly -Taillepied (1)

L'église et le cimetière de Taillepied, cadre d'Un prêtre marié , publié en 1880

Récit emboîté: un gentilhomme normand relate dans un salon parisien une histoire qu'il tient de sa nourrice :
Jean Sombreval prêtre défroqué devenu chimiste a épousé la fille de son maître , qui apprenant la vérité meurt de honte
en donnant naissance à une fille , Calixte .
Sombreval revient vivre dans son Cotentin natal avec son enfant dans un vieux château qu'il a acheté mais ne peut faire oublier à la population son passé de prêtre -et de rénégat .
Névrosée et mystique (elle en porte les stigmates au front:une croix qu'elle cache sous un ruban rouge) Calixte veut ramener son père à la foi alors que celui ne songe qu'à la guérir . Lorsqu'un jeune noble, Néel de Néhou s'éprend de la jeune fille ( malgré la foi jurée à sa fiancée) Sombreval le soutient et feint d'avoir été touché par la grâce pour fléchir Calixte, qui a fait voeu de devenir religieuse. Mais le destin ou la punition divine?) frappe les protagonistes de cette sombre histoire: l'imposture sera découverte par Calixte, qui en meurt de chagrin, Sombreval se noie ; désespéré, Néel épouse sa fiancée , s'enrôle dans l'armée et sera tué trois mois plus tard .

Un prêtre marié-Barbey d'Aurevilly,Taillepied (2)





Taillepied
Le mont au sud de la route de Saint-Sauveur -le Vicomte à Portbail que surplombe l'église d'où l'on aperçoit la mer et "le clos du Cotentin"
Cadre du roman Un prêtre marié-La Malgaigne y fait une funeste prédiction au jeune Sombreval
(Hellequin, n 3/4/5 année 75-76(P.30 à 37, Dossier-paysage)

La Pléiade P.905 à 907
"
Voilà ce que racontait Jeanne Rousselmais pour bien le comprendre, il faut dire aussi ce qu'elle ajoutait.Cette vieille femme, cette Malgaigne, rencontrée si singulièrement à la croix des Trois-chemins, était une ancienne fileuse, voisine du clos au père de Sombreval, et qui l'avait aidé à élever son dernier enfant""Quand Jean Sombreval attrapa ses quinze ans et fut mis en camérie au bourg de S. elle avait, elle, dépassé plus de la moitié de sa vie ,mais si elle aimait son espèce de nourrisson", elle se prit d'horreur pour les livres du jeune homme et, "un brin sorcière" lui répétait qu'il travaillait à son malheur .
Or, un jour de promenade sur le mont de Taillepied , alors qu'elle s'était déchaînée à propos de ses études de Jeannotin et de ses "livreries " Sombreval lui intima de révéler ce qui l'attendait .

"Elle ne put , à ce qu'il paraît, résister à ce défi...sans y répondre, ,et elle dit à Jean d'aller chercher de l'eau plein son écuelle, à la première mare qu'il qu'il rencontrerait au bas du mont , tandis qu'elle cherchait des herbes pour faire son charme.
Il y alla donc et, quand il revint, elle l'entraîna sous le porche de l'église de Taillepied qui couronne la cime verte de ce mont , lequel a , comme on le sait la forme d'un oeuf coupé par la moitié , et préoccupés ou plutôt possédés tous deux d'une curiosité qui leur fit oublier qu'ils étaient sous la porte de la maison de Dieu, elle attaché, après bien des simagrées effrayantes , ses deux yeux blancs sur l'eau charmée qui frissonnait comme si un feu avait été dessous, , et elle dit à Jean"qu"elle le voyait prêtre- puis marié - puis possesseur du Quesnay (or, à ce moment -là, les Du Quesnay étaient encore dans l'opulence , et personne ne pensait à leur ruine )- enfin que l'eau lui serait funeste et qu'il y trouverait sa fin "
Jean se mit à rire de cette prédiction, mais ce qui lui renfonça le rire dans la gorge, - disait Jeanne Roussel- fut la foudre qui tout à coup tomba sur la tour du clocher et le coupa à moitié de sa hauteur aussi net que la serpette du jardinier coupe une asperge "

Ce qui ne meurt pas / L'Ile -Marie


Photos personnelles -On aperçoit les marais à droite du château , dans le lointain )
L'Isle- Marie, (A Picauville entre pOnt-L'Abbé et Chef-du Pont ) Le château des Saules : propriétaire actuelle : la comtesse de la Houssaye

Le Château de Plein -Marais qui lui fait face , dont parle Barbey dans le premier chapitre de Ce qui ne meurt pas, se trouve à Beuzeville -La Bastille


P.382, 385 La Pléiade

"Parmi tous ces châteaux qui se dressaient sur les côtes de la presqu'île du Cotentin, il n'y en avait certainement pas un qui donnât mieux l'impression de ces châteaux comme on en voit tant en Angleterre , émergeant tout à coup de quelque lac qui leur fait ceinture et qui baigne leurs pieds de pierre dans la glauque immobilité de ses eaux .Situé dans la Manche, à peu de distance de Sainte-Mère -Eglise, , cette bourgade n'a conservé du Moyen Age que son nom catholique et ses foires séculaires , entre La Fière et Picauville, il ne rappelait pas autrement le temps de la Féodalité disparue. Si l'on avait jugé parce qui restait des constructions de ce château, malheureusement en ruines aujourd'hui, il avait dû être bâti dans les commencements du dix-septième siècle sur les bords de la Douve, qui coule par-là en plein marais ,et il aurait pu s'appeler "le château de Plein -Marais," tout aussi bien que le château d'en-face, dont c'est le nom .
Plein-Marais et Les Saules , séparés par les vastes marécages que la douve traverse en se tordant comme une longue anguille bleue, pour aller languissamment se perdre so us les ponts de saint-Lô dans la Vire, et trop éloignés l'un de l'autre sur la rivière qui passait entre eux, ne pouvait s'apercevoir dans le lointain reculé de leurs horizons souvent brumeux, même les jours où le temps était le plus clair.."(...)

Le château des Saules,qui prenait son nom du bouquet de saules qui l'entourait, avait un grand jardin, fermé du côté du marais, qu'il surplombait de quelques pieds, par une longue terrasse, avec sa balustrade en pierre ornée de place en place de ces beaux vases en granit de forme italienne que le XVIIème siècle a mis partout .Les entrées du château et ses grilles armoriées étaient de l'autre côté, du côté des terres . mais , de ce côté du marais , il paraissait inaccessible dans sa vaste mare bleuâtre du fond de laquelle il s'élevait comme une blanche fée des Eaux,-et c'était sa poésie!"

Ce qui ne meurt pas- L'Ile Marie





J'ai relu Ce qui ne meurt pas .La chapelle du château ne joue apparemment aucun rôle dans l'action , mais quelle tonalité fantastique en ce lieu !

-Me documenter sur son architecture -

dimanche, septembre 23, 2007

Journée Aurevillienne du 22 septembre 2007,Conférence de M.Michel Lécureur

Avec concision et brio, M. Michel Lécureur a présenté l'ouvrage dont il est co-auteur, et qui constitue le préambule à une biographie de Barbey, à paraître chez Fayard . Barbey d'Aurevilly, l'ensorcelé du Cotentin, Magellan et Cie comprend trois parties : -Les lieux -les personnages -les coutumes, la population D'ores et déjà, deux énigmes s'offrent à sa perspicacité de chercheur: Barbey a-t-il réellement été élève au collège de Valognes ? La maison de la place du fruitier où vécut son oncle , le Chevalier de Montressel, dite "maison natale" mérite-t-elle vraiment cette dénomination ? S'il admire l'imagination- débridée- de Barbey, le chercheur, quant à lui doit faire le tri entre les informations, plus ou moins sérieuses : la biographie à venir se propose de répondre à ces questions

L'église Saint-Louis de Carteret, un des lieux d'"Une Vieille Maîtresse"

3-Visite des lieux aurevilliens -Barneville -Carteret et "une vielle maîtresse "

M.Michel Pinel a d'abord fait l'historique de la construction des trois églises de Carteret, insistant sur l'église Saint -Louis, cadre de l'une des scènes du roman .
MMe Isabelle Barré en a résumé l'intrigue et lu le passage où Hermangarde, anéantie par l'infidélité de Ryno et la perte de son enfant mort-né prie la Vierge dans cette chapelle.

Le manoir de Carteret, "Nid d'Alcyon d'Ermangarde et Ryno"

4-
Le Manoir appartenait aux cousins Lefèbvre d'Anneville, où Barbey passait ses vacances , ce qu'il évoque dans sa Correspondance (Lettres à Elisabeth Bouillet)
Si l'on confronte les descriptions du manoir avec la réalité, on mesure la manière dont Barbey concentre des détails vrais pour les grandir et leur donner une note romanesque , voire romantique ...
"Ce château, d'un aspect sévère, est bâti sur le bord de la mer, au pied d'une falaise qui le domine. La mer est si proche qu'à certaines époques de l'année , elle vient battre le mur de la grande cour , construit en talus, pour mieux résister à l'effort des vagues . " (p. 356, La Pléiade)(...)
"Les premières maisons de ce village- le manoir de Mme de Flers en est une - sont presque toutes enceintes d'un mur de cour ou de jardin, avec un escalier extérieur et intérieur qui conduit sur le galet du rivage et dont la mer- dans ses grands pleins - gravit et bat les marches comme celles des escaliers de Venise."(p.371)Cette demeure devient, dans le roman, celle de la Marquise de Flers, grand-mère d'Hermangarde et la jeune femme vit le début heureux de de sa lune de miel dans ce "nid d'Alcyon": "cette mer enflammée comme son âme, cette soirée, aux ardentes mélancolies, qui répondit si bien à tout ce qui brûlait en elle, lui sacrèrent ce petit village de Carteret où elle venait cacher sa vie". (P373, La Pléiade)

Comment ne pas voir un double de Barbey en l'aventurier Marigny,"né près de la mer(qui) avait été élevé, les pieds dans son écume "et de tous les souvenirs de son enfance, l'idée du temps passé en face de l'océan était le seul qui ne le faisait pas souffrir" ?(P.368) Passage à rapprocher du Memorandum du 13 décembre 1864:"Ai revu la mer- ma mer, que je pourrais orthographier ma mère; car elle m'a reçu, lavé et bercé tout petit" Note de Jacques Petitdans l'édition de la Pléiade, reprise par Mme Isabelle Barré.

Cependant, ce bonheur sera éphémère, Vellini, la vieille maîtresse aura raison de l'amour et de la fidélité de Ryno, et l'un des signes annonciateurs du malheur sera le Criard (Chapitre VII), "superstition de ces rivages "(une ) de ces légendes semblables à celles que Walter Scott nous a rapportées de l'Ecosse"
-"Mais ce n'est pas un cri d'homme que nous avons entendu, fit Hermangarde sur qui le cri avait produit un effet de terreur inexplicable"(...)
Et Ryno a beau vouloir rassurer Hermangarde, "il savait bien qu'elle ne s'était pas trompée, et même il savait de quelle poitrine ce cri étrange était sorti"(p.415)



Le manoir de Carteret, , le"Nid d'Alcyon" dans "Une Vielle Maîtresse", lectures

Photos personnelles :
Au centre des groupes, M.Michel Pinel donne des informations d'ordre historique , MMe Isabelle Barré lit et commente des extraits d'une Vielle Maîtresse (1851)Faisons abstraction du parking aménagé qui sépare nettement la demeure du havre proche, imaginons les flots qui battent le mur- toujours présent - et les escaliers (rêvés par Barbey?) enfin , pour recomposer ce paysage romantique, digne de Walter Scott, replaçons le manoir "au pied de la falaise" !

Graffard, dernière demeure de Madame de Mendoze, dans "Une Vielle maîtresse"





C'est dans le cadre du Château Renaissance de la Haye d'Ectot, Graffard, que meurt Mme de Mendoze

Amante délaissée de Ryno de Marigny, qui lui préfère Vellini, puis Hermangarde, la comtesse de Mendoze se retire sur ses terres , à La Haye d'Ectot où la rejoint son ancienne rivale , Vellini. Au chapitre VII, Hermangarde et Marigny , escortant Mme de Flers qui les quitte ,"du haut de leurs chevaux en sueur jouirent longtemps de ce spectacle si bien fait pour un jour d'adieux "avant de croiser un "coupé noir, élégant et simple " et "son impétueux attelage "devant lequel ils s'effacent . Ils viennent de rencontrer le signe annonciateur de la fin de leur amour : ils reconnurent, dans la voiture ,Mme de Mendoze, qui "n'était plus que le spectre d'elle -même"



(...)
"Voilà l'Amour et ses transes" 
se dit Hermangarde tandis que" son heureux époux n'avait pas d'émotion au service de Mme de Mendoze. S'il était ému, c'est qu'il avait vu une autre femme dans le coupé de la comtesse. Il avait reconnu Vellini."Or, dans le chapitre XII alors que Ryno a secrètement renoué avec Vellini et que sa jeune épouse souffre de son silence, elle s'etonne d'entendre une "cloche lointaine qui sonnait, dans un coin de l'horizon, pour les morts " Le domestique lui répond "- C'est à la haie d'Ectot(..) Mme la comtesse de Mendoze est morte hier" .
Hermengarde "devenant pâle et regardant son mari, qui , lui aussi pâlissait," songe:"Hélas! Je ne suis pas plus aimée que vous, maintenant, MMe de Mendoze. Si je vous ai fait souffrir, vous êtes bien vengée "Dans ce même chapitre, dans une " lettre bizarre, digne de l'être qui l'avait écrite "Vellini relate à à Ryno la mort de la comtesse :"Elle a passé en lisant une millième fois une de tes viellles lettres , tandis que le prêtre récitait dans un coin de la chambre les prières des agonisants (...) Pobre Mujer! L'auras-tu damnée comme tu l'as tuée? Fatal Ryno! Fatal à nous toutes !Prends-tu aussi la vie éternelle ?"




Il faut noter que , dans le roman, si le manoir de Carteret est longuement décrit et joue, en tant que lieu, un rôle prépondérant dans l'action- de même que le village de pêcheurs des Rivières (le Bas-Hamet) où Vellini s'installe pour reconquérir Ryno, le château de la Haye d'Ectot se réduit à une simple localisation en arrière plan tragique et le lecteur ignorera tout de sa flamboyante beauté...
que ces photos  vous feront découvrir







Le château Renaissance de Graffard, la Haye d'Ectot





le château de Graffard, lectures et photo de groupe


Mme Isabelle Barré, présidente de la société Barbey d'aurevilly lit et commente les passages relatant la mort de Mme de Mendoze .



Photo de groupe en souvenir de cette excellente journée, riche sur le plan historique et littéraire, illuminée par un magnifique soleil automnal.
Un grand merci aux organisateurs .
Rendez-vous est pris : le premier samedi de septembre 2008 sur les pas de Barbey d'Aurevilly à Caen .

A suivre : Articles supplémentaires sur un circuit aurevillien: Saint-Sauveur-Le -Vicomte, Ollonde, Blanchelande


Le château d'Ollonde, cadre d'une Histoire sans nom

Le château d'Ollonde, commune de Canville -La Rocque
Propriétaire actuel: le marquis d'Harcourt

"Ni diabolique, ni céleste, mais...sans nom "
1882- Une Histoire sans nom
L'intrigue de ce roman se déroule en deux parties inégales et en deux lieux bien distincts :

Chapitre I à VII, dans une petite bourgade du Forez" dont les montagnes dessinaient un cône renversé ", à l'hôtel de la baronne de Ferjol, "une fille de race normande qu'un mariage, qui avait été une folie d'inclination avait jetée dans ce trou de formica-leo (Ne peut-on entendre Forniqua ?) comme elle disait dédaigneusement en pensant aux horizons et aux luxuriants (luxurieux? ) paysages de son opulent pays ..."

Après avoir hébergé, à l'ouverture du carême un capucin, brillant prédicateur , le Père Riculf, mystérieusement disparu au matin , Mme de Ferjol, qui vit isolée dans la seule compagnie de sa servante Agathe et de sa fille Lasthénie se rend compte, progressivement que l'état de langueur de cette dernière est imputable à une grossesse , inexplicable pour la jeune fille qui ne peut opposer aux questions pressantes de sa mère que des protestations d'innocence, puis un mutisme bientôt proche de" l'idiotisme".Chapitre VIII à XIII . C'est au château d'Olonde que l'austère, la janséniste MMe de Ferjol compte cacher aux yeux du monde cette grossesse déshonorante, "son vieux château d'Olonde, situé dans un coin de pays perdu qui est entre la côte de la Manche et une des extrémités de la presqu'île du Cotentin . Il n'y avait pas alors de grande route tracée allant de ce côté. Le château était gardé par de mauvais chemins de traverse , aux ornières profondes , et aussi, une partie de l'année, par ces vents de sud-ouest qui y soufflent la pluie, comme s'il avait été" bâti en ces chemins perdus, par quelque misanthrope ou quelque avare qui aurait voulu qu'on n'y vint jamais "

Suit un voyage éprouvant, dans une voiture semblable à" un cercueil", au terme duquel le château , comme le silence, enferme les deux femmes dans "la même bière". Ces macabres métaphores sont reprises dans une scène cauchemardesque : Agathe, en pèlerinage au tombeau du Bienheureux Thomas Hélie voit sa route barrée par un cercueil ! Intersigne annonçant le sort de Lasthénie: celle-ci accouche d'un enfant mort-né- que Mme de Ferjol ensevelit dans le jardin- puis finit par succomber,"emportant dans la tombe le secret de sa vie, que Madame de Ferjol croyait son secret "Découvrant du sang sous le sein de la malheureuse, La mère et la servante "ouvrirent le corsage. L'horreur les prit. Lasthénie s'était tuée- lentement tuée- en détail , et en combien de temps ?tous les jours un peu plus, avec des épingles . Elles en enlevèrent dix-huit, fichées dans la région du coeur ."Ce "retour au pays natal" ,voulu par Madame de Ferjol pour cacher "la faute" de sa fille , correspond au "retour du refoulé" puisque se dévoile la propre" faute" de la mère, enceinte - de Lasthénie"- après avoir été enlevée par l'officier qui l'épousera ensuite .



"Elles arrivèrent enfin à Olonde (...) Cette gaieté brillante d'un beau jour d'hiver ( on était en janvier ) comme elle n'en avait jamais vu un seul , même au printemps , dans cette cave des montagnes du Forez où une rare lumière tombait d'en haut comme d'un soupirail, aurait inondé délicieusement son âme, si elle avait eu de l'âme encore, mais elle n'en avait pas assez pour éprouver le bien de cette soudaine douche de lumière. Le soleil clair de ce jour-là, sorti d'une de ces neuvaines de pluie, comme on dit en ces parages de l'ouest, où elles sont si fréquentes, faisait resplendir les masses de ces campagnes, vetres parfois jusqu'en hiver" (...) Folio, p.109


"Malgré les trois personnes qui y étaient revenues, l'aspect extérieur du château ne changea pas . Il semblait toujours qu'il n'y avait plus là âme qui vive pour les paysans qui passaient au pied , et qui n'y faisaient pas plus attention que s'il n'avait jamais existé ."
ils l'avaient toujours vu à la même place , ayant, sous ses contrevents et ses obliques condamnés, la même physionmie d'excommunié, comme ils disaient, expression religieuse des temps antérieurs, profonde et sinistre; et l'habitude de le voir les avait blasés sur cette chose singulière d'un château frappé d'un abandon qui ressemblait à la mort " (Folio, p. 111)


L'énigme est résolue aux chapitres XII et XIII un quart de siècle après ce drame : "Lasthénie était somnambule , comme Lady Macbeth "(...) et c'est dans un de ces accès de somnabulisme que le Père Riculf l'avait surprise, une nuit, sortie de sa chambre et assise dans le grand escalier, endormie là, (...) et que, tenté par le démon des nuits solitaires , il avait accompli sur elle ce crime dont la malheureuse enfant n'avait pas eu conscience dans l'ignorance de son sommeil"

Notons que la médecine reconnaît le syndrome de Lasthénie, en référence au roman deBarbey.

Avant ce dénouement contenant une double révélation, celle Gilles Bataille- ancien épicier de Napoléon- puis celle du Révérend Père abbé de La Trappe de Bricquebec, le narrateur avait multiplié les indices accusant Le Père Riculf .
Aussi amusant que juste est ce commentaire de Monique Nemer ( in les Annales de Normandie, numéro spécial 2585, 4ème trimestre 1984) : dans Une histoire sans nom , aux deux questions portant sur la paternité de l'enfant de Lasthénie et sur la paternité littéraire du roman de Barbey, on peut donner la même réponse: le moine (Riculf et le roman homonyme de M. G. Lewis, chef- d'oeuvre de la littérature fantastique "frénétique")

Inhabituel par rapport aux procédés narratifs de Barbey- pas de récits emboités pour amorcer l'intrigue , pas de narrateur -témoin assimilable à l'auteur - ce roman contient cependant des allusions d'ordre personnel et familial, mise en exergue par M. Jacques Petit:

La petite ville "au pied des Cévennes" (Ses veines ? ) est un souvenir du séjour que fit Barbey à Bourg -Argntal en 1846, le jansénisme farouche de Mme de Ferjol rappelle l'atmosphère familiale :" Une éducation compressive avait pesé sur moi sans me briser" , le personnage , l'enlèvement d'une certaine Jacqueline d'Olonde alimenta la chronique de Saint -Sauveur- le - Vicomte, le personnage déconsidéré de Bataille évoque l'ostracisme de la société Valognaise et par -dessus tout , le fantasme du sang reprend l''épisode ( ressassé , romancé?) du cordon ombilical mal noué d'où s'échappait la vie de Jules- Amédée, né le jour des morts .




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