samedi, février 24, 2018

Eros au musée (2)

                                      Le 14 février 2018: la Saint-Valentin au MBA

       Devant une tapisserie champêtre, lecture d'une scène de séduction tirée de Madame Bovary.



"Et il allongeait son bras et lui en entourait la taille. Elle tâchait de se dégager mollement. Il la soutenait ainsi, en marchant.
Mais ils entendirent les deux chevaux qui broutaient le feuillage.
Oh ! encore, dit Rodolphe. Ne partons pas ! Restez !
Il l’entraîna plus loin, autour d’un petit étang, où des lentilles d’eau faisaient une verdure sur les ondes. Des nénuphars flétris se tenaient immobiles entre les joncs. Au bruit de leurs pas dans l’herbe, des grenouilles sautaient pour se cacher.
J’ai tort, j’ai tort, disait-elle. Je suis folle de vous entendre.
Pourquoi ?… Emma ! Emma !
Oh ! Rodolphe !… fit lentement la jeune femme en se penchant sur son épaule.




Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit. Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et, défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna.


Les ombres du soir descendaient ; le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Çà et là, tout autour d’elle, dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent éparpillé leurs plumes. Le silence était partout ; quelque chose de doux semblait sortir des arbres ; elle sentait son cœur, dont les battements recommençaient, et le sang circuler dans sa chair comme un fleuve de lait. Alors, elle entendit tout au loin, au delà du bois, sur les autres collines, un cri vague et prolongé, une voix qui se traînait, et elle l’écoutait silencieusement, se mêlant comme une musique aux dernières vibrations de ses nerfs émus. Rodolphe, le cigare aux dents, raccommodait avec son canif une des deux brides cassée."




Pour clore la soirée et ajouter aux plaisirs de l'ouïe, de la vue, et de l'esprit,
un  délicieux buffet avait été mijoté par le chef Mickaël Marion, récemment étoilé.



vidéo ici sur le chef Marion
Brève note  du guide  Michelin

10 commentaires:

  1. Coucou. J'admire la scène champêtre et le buffet également mais je n'arrive pas à lire le texte en noir. Noir sur gris, c'est difficile pour nos yeux je crois. Bises alpines.

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  2. 😮 holà là ! en effet !
    Je n’avais pas vu le résultat -d’après « aperçu -🤓je vais corriger cela, merci de me le signaler.😊

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  3. Je reviens. Ouf! Il reste des petits fours. :-)
    C'est mieux, j'arrive maintenant à lire les aventures de Emma et de Rodolphe. Dans le premier extrait, toute l'âme exaltée de Emma transparaît. Elle se laisse aller sur l'épaule de son amant, elle gonfle son coup blanc et sa robe accroche l'habit de son homme. Tout est suggéré et pourtant le pouvoir érotique du texte est bien présent. Décidément, Flaubert était un grand écrivain.
    Mais je dois bien dire que Mme Bovary n'a jamais été ma lecture préférée. Je trouvais cette jeune femme un peu trop exaltée à mon goût. Je lui préférais et encore maintenant les héroïnes de Jane Austen. Mais ce n'est qu'une question de goût bien sûr. Hop, je reprends un petit four et je laisse les autres pour tes autres visiteurs. :-) Bises alpines.

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    1. « trop exaltée », c’est exactement le point de vue de Flaubert sur son héroïne , dont il souligne , par un double regard ironique, le romantisme de pacotille.

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    2. J’aime beaucoup les romans de Jane Austen -et leurs adaptations à l’écran.

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    3. Mais le regard critique de Jane Austen sur la société ( comme l’ironie de Flaubert) n’a pas toujours étè perçu, et ses romans ont passé pour mièvres, et pourtant !

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    4. Moi aussi j'aime bcp les romans de Jane Austen que j'ai découverte par David Lodge qui en fait tout un plat (notamment dans son roman "Pensées Secrètes") T'ai-je déjà dit qu'il ne s'y passe jamais rien mais qu'on ne peut s'en arracher ?

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    5. J'aime aussi les romans de David Lodge!
      Je ne sais plus si j'ai lu "Pensées secrètes"...

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  4. Je laisse les petits fours à Dédé et m'empare du texte. Genre de textes que je n'aimais pas étudier ou même lire dans mes années plus jeunes mais aujourd'hui je lis avec plus de plaisir en m'imaginant l''esprit de ces personnages du 19eme.

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  5. Coucou Miss Yves.
    Ici on nourrit le corps et l'esprit...
    Très bonne journée.
    A +

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Comme des poissons dans l'eau

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