Le Perroquet
Un gros perroquet gris, échappé de sa cage,
Vint s'établir dans un bocage :
Et là, prenant le ton de nos faux connaisseurs,
Jugeant tout, blâmant tout, d'un air de suffisance,
Au chant du rossignol il trouvait des longueurs,
Critiquait surtout sa cadence.
Le linot, selon lui, ne savait pas chanter ;
La fauvette aurait fait quelque chose peut-être,
Si de bonne heure il eût été son maître
Et qu'elle eût voulu profiter.
Enfin aucun oiseau n'avait l'art de lui plaire ;
Et dès qu'ils commençaient leurs joyeuses chansons,
Par des coups de sifflet répondant à leurs sons,
Le perroquet les faisait taire.
Lassés de tant d'affronts, tous les oiseaux du bois
Viennent lui dire un jour : mais parlez donc, beau sire,
Vous qui sifflez toujours, faites qu'on vous admire ;
Sans doute vous avez une brillante voix,
Daignez chanter pour nous instruire.
Le perroquet, dans l'embarras,
Se gratte un peu la tête, et finit par leur dire :
Messieurs, je siffle bien, mais je ne chante pas.
Sonnet pour un Lion
Au sommet d’une colline, au fin fond de l’Afrique
Il règne sur la plaine au pied d’un beau volcan
Le Kilimandjaro, montagne de son rang
Bleue, belle et sacrée, audacieuse et magique
Cet animal Roi, Salomon de la Jungle
Cet animal sans Temple que l’oeil n’a jamais vu
Le Lion est le Sage que le Ciel a déchu
Comme l’Ange blond d’une peinture d’Ingres
Ah béni soit le Lion, animal de légende
Un Ulysse d’Odyssée qui l’arc bande
Pour regagner sa cour, défendre son royaume
O Lion sacré d’Afrique, Le poète c’est toi !
Crinière mélancolique, souffle sacré du Roi !
Cultive ta légende éternelle et sauvage
Winston Perez, 2009
La méridienne du lion
Le lion dort, seul sous sa voûte.
Il dort de ce puissant sommeil
De la sieste, auquel s'ajoute,
Comme un poids sombre, le soleil.
Les déserts, qui de loin écoutent,
Respirent ; le maître est rentré.
Car les solitudes redoutent
Ce promeneur démesuré.
Son souffle soulève son ventre ;
Son oeil de brume est submergé,
Il dort sur le pavé de l'antre,
Formidablement allongé.
La paix est sur son grand visage,
Et l'oubli même, car il dort.
Il a l'altier sourcil du sage
Et l'ongle tranquille du fort.
Midi sèche l'eau des citernes ;
Rien du sommeil ne le distrait ;
Sa gueule ressemble aux cavernes,
Et sa crinière à la forêt.
Il entrevoit des monts difformes,
Des Ossas et des Pélions,
A travers les songes énormes
Que peuvent faire les lions.
Tout se tait sur la roche plate
Où ses pas tout à l'heure erraient.
S'il remuait sa grosse patte,
Que de mouches s'envoleraient !
Victor Hugo, Chansons des rues et des bois
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Au sommet d’une colline, au fin fond de l’Afrique
Il règne sur la plaine au pied d’un beau volcan
Le Kilimandjaro, montagne de son rang
Bleue, belle et sacrée, audacieuse et magique
Cet animal Roi, Salomon de la Jungle
Cet animal sans Temple que l’oeil n’a jamais vu
Le Lion est le Sage que le Ciel a déchu
Comme l’Ange blond d’une peinture d’Ingres
Ah béni soit le Lion, animal de légende
Un Ulysse d’Odyssée qui l’arc bande
Pour regagner sa cour, défendre son royaume
O Lion sacré d’Afrique, Le poète c’est toi !
Crinière mélancolique, souffle sacré du Roi !
Cultive ta légende éternelle et sauvage
Winston Perez, 2009
La méridienne du lion
Il dort de ce puissant sommeil
De la sieste, auquel s'ajoute,
Comme un poids sombre, le soleil.
Les déserts, qui de loin écoutent,
Respirent ; le maître est rentré.
Car les solitudes redoutent
Ce promeneur démesuré.
Son souffle soulève son ventre ;
Son oeil de brume est submergé,
Il dort sur le pavé de l'antre,
Formidablement allongé.
La paix est sur son grand visage,
Et l'oubli même, car il dort.
Il a l'altier sourcil du sage
Et l'ongle tranquille du fort.
Midi sèche l'eau des citernes ;
Rien du sommeil ne le distrait ;
Sa gueule ressemble aux cavernes,
Et sa crinière à la forêt.
Il entrevoit des monts difformes,
Des Ossas et des Pélions,
A travers les songes énormes
Que peuvent faire les lions.
Tout se tait sur la roche plate
Où ses pas tout à l'heure erraient.
S'il remuait sa grosse patte,
Que de mouches s'envoleraient !
Victor Hugo, Chansons des rues et des bois
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