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mardi, octobre 07, 2014

Zoom sur le zoo (1)



Le Perroquet



Un gros perroquet gris, échappé de sa cage, 

Vint s'établir dans un bocage : 

Et là, prenant le ton de nos faux connaisseurs, 

Jugeant tout, blâmant tout, d'un air de suffisance, 

Au chant du rossignol il trouvait des longueurs, 

Critiquait surtout sa cadence. 

Le linot, selon lui, ne savait pas chanter ; 

La fauvette aurait fait quelque chose peut-être, 

Si de bonne heure il eût été son maître 

Et qu'elle eût voulu profiter. 

Enfin aucun oiseau n'avait l'art de lui plaire ; 

Et dès qu'ils commençaient leurs joyeuses chansons, 

Par des coups de sifflet répondant à leurs sons, 

Le perroquet les faisait taire. 

Lassés de tant d'affronts, tous les oiseaux du bois 

Viennent lui dire un jour : mais parlez donc, beau sire, 

Vous qui sifflez toujours, faites qu'on vous admire ; 

Sans doute vous avez une brillante voix, 

Daignez chanter pour nous instruire. 

Le perroquet, dans l'embarras, 

Se gratte un peu la tête, et finit par leur dire : 

Messieurs, je siffle bien, mais je ne chante pas.


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Sonnet pour un Lion

Au sommet d’une colline, au fin fond de l’Afrique
Il règne sur la plaine au pied d’un beau volcan
Le Kilimandjaro, montagne de son rang
Bleue, belle et sacrée, audacieuse et magique

Cet animal Roi, Salomon de la Jungle
Cet animal sans Temple que l’oeil n’a jamais vu
Le Lion est le Sage que le Ciel a déchu
Comme l’Ange blond d’une peinture d’Ingres

Ah béni soit le Lion, animal de légende
Un Ulysse d’Odyssée qui l’arc bande
Pour regagner sa cour, défendre son royaume

O Lion sacré d’Afrique, Le poète c’est toi !
Crinière mélancolique, souffle sacré du Roi !
Cultive ta légende éternelle et sauvage


Winston Perez, 2009





La méridienne du lion

Le lion dort, seul sous sa voûte. 
Il dort de ce puissant sommeil 
De la sieste, auquel s'ajoute, 
Comme un poids sombre, le soleil.

Les déserts, qui de loin écoutent, 
Respirent ; le maître est rentré. 
Car les solitudes redoutent 
Ce promeneur démesuré.

Son souffle soulève son ventre ; 
Son oeil de brume est submergé, 
Il dort sur le pavé de l'antre, 
Formidablement allongé.

La paix est sur son grand visage, 
Et l'oubli même, car il dort. 
Il a l'altier sourcil du sage 
Et l'ongle tranquille du fort.

Midi sèche l'eau des citernes ; 
Rien du sommeil ne le distrait ; 
Sa gueule ressemble aux cavernes, 
Et sa crinière à la forêt.

Il entrevoit des monts difformes, 
Des Ossas et des Pélions, 
A travers les songes énormes 
Que peuvent faire les lions.

Tout se tait sur la roche plate 
Où ses pas tout à l'heure erraient. 
S'il remuait sa grosse patte, 
Que de mouches s'envoleraient !


Victor Hugo, Chansons des rues et des bois

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lundi, juillet 14, 2014

A Sceaux, floraison de mots

Au jardin des Félibres, dans le domaine de  Sceaux, les statues de félibres célèbres encadrent  un petit bassin rectangulaire joliment ombragé.





La tombe de l'homme de lettres et  fabuliste Florian, mort à Sceaux en 1794, se trouve dans ce square. 


Depuis 1879 , elle est l'objet d'un pèlerinage annuel du félibrige parisien qui, à l'instar du félibrige provençal fondé en 1854 par Fédéric Mistral, oeuvre pour le maintien de la langue d'Oc.




Le fabuliste Jean-Pierre Claris de Florian  (1755 -1794) fut , en son temps
aussi réputé  que La Fontaine.


Ecoutons l'avis du critique Dussault: (1769-1824)« Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux : la hutte de M. de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres, et les domine de quelques degrés."

Ces fables sont tombées dans l'oubli, pourtant leurs morales , au un tour proverbial  bien frappé, sont connues  de tous , 
ainsi:

Un pauvre petit grillon

caché dans l' herbe fleurie
regardoit un papillon
voltigeant dans la prairie.
L' insecte ailé brilloit des plus vives couleurs ;
l' azur, le pourpre et l' or éclatoient sur ses ailes ;
jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs ;
prenant et quittant les plus belles.
Ah ! Disoit le grillon, que son sort et le mien
sont différents ! Dame nature
pour lui fit tout et pour moi rien.
Je n' ai point de talent, encor moins de figure ;
nul ne prend garde à moi, l' on m' ignore ici bas :
autant vaudroit n' exister pas.
Comme il parloit, dans la prairie
arrive une troupe d' enfants ;
aussitôt les voilà courants
après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l' attraper.
L' insecte vainement cherche à leur échapper,
il devient bientôt leur conquête.
L' un le saisit par l' aile, un autre par le corps ;
un troisieme survient et le prend par la tête.
Il ne falloit pas tant d' efforts
pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! Dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons caché.



Autre souvenir littéraire consigné sur la façade de l'office de tourisme: celui du
  Bal de Sceaux
court roman d'Honoré de  Balzac (lecture ici, résumé et analyse  là )
.....
Le cadre de cette nouvelle est un bal populaire , fréquenté sous la Révolution,l'Empire  et la Restauration, où se mêlaient toutes les couches de la population.


"Au milieu d’un jardin d’où se découvrent de délicieux aspects, se trouve une 
immense rotonde ouverte de toutes parts dont le dôme aussi léger que vaste est soutenu par 
d’élégants piliers. Ce dais champêtre protège une salle de danse. Il est rare que les propriétaires  les 
plus collets montés du voisinage n’émigrent pas une fois ou deux pendant la saison vers ce palais 
de la Terpsichore villageoise, soit en cavalcades brillantes, soit dans ces élégantes et légères brillantes, voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques 56 femmes du beau monde et d’être vus par elles, l’espoir moins souvent trompé d’y voir de jeunes paysannes aussi rusées que des juges, fait accourir le dimanche, au bal de Sceaux, de 
nombreux essaims de clercs d’avoués, de disciples d’Esculape  dont le teint blanc et la fraîcheur sont entretenus par l'air humide des arrière-boutiques parisiennes. Aussi bon nombre de mariages bourgeois se sont-ils ébauchés aux sons de l’orchestre qui occupe le centre de cette salle circulaire. "




"Jamais la difficile Émilie n’avait vu les yeux d’un homme ombragés par des cils si longs et si recourbés. La mélancolie et la passion respiraient dans cette figure caractérisée par un teint olivâtre et mâle.
Sa bouche semblait toujours prête à sourire et à relever les coins de deux lèvres éloquentes ; mais
cette disposition, loin de tenir à la gaieté, révélait plutôt une sorte de grâce triste. Il y avait trop d’avenir dans cette tête, trop de distinction dans  la personne, pour qu’on pût dire : – Voilà un bel homme ou un joli homme ! on désirait le connaître. En voyant l’inconnu, l’observateur le
plus perspicace n’aurait pu s’empêcher de le prendre pour un homme de talent attiré par quelque intérêt puissant à cette fête de village. Cette masse d’observations ne coûta guère à Émilie qu’un moment d’attention, pendant lequel cet homme privilégié, soumis à une analyse sévère, devint l’objet d’une secrète admiration. Elle ne se dit pas : – Il faut qu’il soit pair de France ! mais – Oh ! s’il est noble, et il doit l’être... "
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Lieu symbolique et ironique puisque l'héroïne de ce court récit , Emilie de Fontaine, sacrifiera son amour à des préjugés de classe.
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De nos jours, la trace du bal  subsiste sous forme d'une esplanade circulaire ombragée, légèrement surélevée, délimitée par des bancs de pierre, visibles sur les deux photos.

Cette histoire d'amours malheureuses nous ramène à Florian ,
auteur d'une romance, notée dans l'une de ses nouvelles,  que chacun a pu entendre ou fredonner:
"Plaisir d'amour", chantée ici par Nana Mouskouri

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie.
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie,
L'eau coule encore, elle a changé pourtant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
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Home, sweet home

Au musée de Vire, une exposition très intéressante " invite à s'interroger sur la séparation des sphères privées et publiques, du...