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mercredi, juillet 14, 2021

Pointe du Van (2)

Effets de brouillard.

             Tout s'estompe, puis disparaît dans une atmosphère mystérieuse me rappelant un poème de Victor Hugo.
 appris en classe de primaire !






II. CHOSES DU SOIR

Le brouillard est froid, la bruyère est grise ;
Les troupeaux de bœufs vont aux abreuvoirs ;
La lune, sortant des nuages noirs,
Semble une clarté qui vient par surprise.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Le voyageur marche et la lande est brune ;
Une ombre est derrière, une ombre est devant ;
Blancheur au couchant, lueur au levant ;
Ici crépuscule, et là clair de lune.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

La sorcière assise allonge sa lippe ;
L'araignée accroche au toit son filet ;
Le lutin reluit dans le feu follet
Comme un pistil d'or dans une tulipe.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

On voit sur la mer des chasse-marées ;
Le naufrage guette un mât frissonnant ;
Le vent dit : demain ! l'eau dit : maintenant !
Les voix qu'on entend sont désespérées.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Le coche qui va d' Avranches  à Fougères
Fait claquer son fouet comme un vif éclair ;
Voici le moment où flottent dans l'air
Tous ces bruits confus que l'ombre exagère.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Dans les bois profonds brillent des flambées ;
Un vieux cimetière est sur un sommet ;
Où Dieu trouve-t-il tout ce noir qu'il met
Dans les cœurs brisés et les nuits tombées ?

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Des flaques d'argent tremblent sur les sables ;
L'orfraie est au bord des talus crayeux ;
Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux
Le vol monstrueux et vague des diables.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Un panache gris sort des cheminées ;
Le bûcheron passe avec son fardeau ;
On entend, parmi le bruit des cours d'eau,
Des frémissements de branches traînées.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

La faim fait rêver les grands loups moroses ;
La rivière court, le nuage fuit ;
Derrière la vitre où la lampe luit,
Les petits enfants ont des têtes roses.

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,
Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Victor Hugo, L'art d'être grand-père.


Fontaine saint-Mathieu

"La chapelle Saint-They (PP) est encadrée par 2 fontaines : au sud Saint-They, dans un petit enclos et au nord Saint-Mathieu.

La fontaine Saint-Mathieu semble être la fin d’un chemin reliant des lieux consacrés à Saint-Mathieu à travers le Vannetais et la Cornouaille.

L'eau déborde de ce petit édicule de 1757 coiffé d'une croix.
Ces points d'eau dans la lande sont exceptionnels et on raconte que "les eaux des puits sont purifiées par la lune, lorsqu'elles ont été empoisonnées par le soleil" 

(Guide de 117 fontaines sacrées de Bretagne, de Daniel Spoerri, aux éditions Jean-Michel Place)."

GPS : 48°03'37.50" N / 4°42'42" O

Num�ro du petit patrimoine : 29028_6




Lien vers "les fontaines miraculeuses en Bretagne", ici 


dimanche, avril 19, 2020

D'ïle en île (2)

   
 "Les îles de la Manche, « ces morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par les Anglais »- écrit Victor Hugo- sont pour le photographe Olivier Mériel - des horizons longuement rêvés. 












Les photos d'Olivier Mériel 

répondent 

à celles des familiers  de Victor Hugo .

                                   
                                            Oeil du poète visionnaire, oeil du photographe.


Hauteville House, Maison de Victor Hugo 
Liens ici et là 

mercredi, avril 15, 2020

D'île en île (1)



Exposition  d'Olivier Mériel, "L'île dans les isles"
sur les îles anglo-normandes
au musée de Normandie, Caen. 
initialement prévue du 15 février au 19 avril, reportée à une date ultérieure.



"Olivier MERIEL est né à Saint-Aubin-sur-Mer. 
Il pratique depuis 40 ans la photographie noir et blanc argentique à l’aide de chambres photographiques grand format. Son travail repose sur le dialogue entre l’ombre et la lumière, et la composition de plans rapprochés et lointains dans la même image, que seule permet cette technique singulière."


.

"Le temps passé au laboratoire est pour lui fondamental ; il y œuvre comme à une composition musicale, le négatif étant la partition, et le tirage l’interprétation."



"Les îles de la Manche, « ces morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par les Anglais »- écrit Victor Hugo- sont pour le photographe des horizons longuement rêvés. 



Sur la côte française, Portbail . En face, Jersey, Guernesey, Aurigny.

dimanche, juin 11, 2017

Etre dans les nuages

Ou
au septième ciel.


(Ceci n'est pas un tableau de Magritte)

A Blois.

Ce  trompe-l'oeil euphorisant conduit le promeneur,  degré par degré jusqu'à la statue de Denis Papin.
Né à Chitenay (à 22 km de Blois, il a été reconnu connu l'inventeur de la machine à vapeur.

Chassé par la révocation de l'Edit de Nantes, il publie en Angleterre son traité sur la"manière d'amollir les os et de faire cuire la viande en peu de temps et à peu de frais".
Son "digester"dite marmite de Papin, est donc l'ancêtre de nos modernes cocottes-minutes ou autocuiseurs.



        Nous élevant progressivement dans les petites rues escarpées aux pavés parsemés ça et là de petits indices touristiques (église, château, porc-épic), nous découvrons, en surplombant la statue  du célèbre chimiste, une superbe perspective sur les rues de Blois et au-delà.


    A la manière des cailloux du petit Poucet, cette plaque circulaire gravée d'une église
 nous guide vers la cathédrale Saint-Louis, puis vers  l'hôtel de ville occupant l'ancien évêché, construit au début du 18 ème siècle par Jacques-Jules Gabriel, le père de l'architecte de la place de la Concorde à Paris.





      Les jardins de l'évêché forment une terrasse à l'extrémité de laquelle nous pouvons admirer la Loire, ses coteaux boisés et les toits gris de la ville.

       Une harmonie subtile avec les nuages, qui nous transporte au septième ciel.



     Ce fut sans doute l'impression ressentie par Victor Hugo, à son arrivée à Blois au printemps 1825 :



     "Je vis mille fenêtres à la fois, un entassement irrégulier et confus de maisons, de clochers, un château et (...) une rangée de maisons, de clochers, un château et (...) une rangée de façades aiguës à pignons de pierre au bord de l'eau, toute une vieille ville au bord de l'eau, toute une vieille ville en amphithéâtre capricieusement répandue sur les saillies d'un plan incliné".


(A suivre)




Source: 
Michelin, châteaux de la Loire (1995)

samedi, octobre 05, 2013

Dans le livre des records ? (1/3)


En 1144, il est attesté que cette ville bretonne, dominant la vallée sinueuse du Nançon, se nommait "Fulgeriis", du latin filicaria, c'est- à dire
Fougères, 
située aux confins du Maine et de la Normandie sur la zone frontière  appelée "Marches de Bretagne"

Cependant, une autre hypothèse a cours:
 la ville a peut-être pour origine 
"fous " signifiant  « fossé » 
(en Bretagne et en Normandie, un fossé est une terrasse de terre formée des excavations faites de chaque côté de la banquette, et servant de séparation entre deux propriétés).


A juste titre, la ville  s'enorgueillit de son château  fortifié, qu'elle présente comme "la plus grande forteresse  d'Europe"





L'enceinte comprend 13 tours, la tour Mélusine fait  13 m. de diamètre extérieur, 3,50 m d'épaisseur , et 31 m. de hauteur au-dessus du rocher.Il faut monter 75 marches pour atteindre son sommet.
Une triple enceinte  défend l' intérieur du château 



Pourtant ce site défensif - inhabituel puisqu'il se trouve en contrebas de la ville haute- a été plusieurs fois vaincu, et le guide  vert (Michelin ) énumère une dizaine de chefs militaires (sans oublier les points de suspension ) qui en ont forcé l'entrée.




Cette cité fortifiée  a inspiré  plusieurs  écrivains:

- Balzac y  séjourna  chez des amis pour faire des repérages en vue de son roman Les Chouans, dans lequel il décrit avec précision la ville et ses environs.
- Victor Hugo, (dont la muse et maîtresse, Juliette Drouet était   Fougeraise ) y place un épisode sanglant de son roman historique, Quatre-vingt -treize.

"La Tourgue était cette résultante fatale du passé qui s'appelait la Bastille à Paris, la Tour de Londres en Angleterre, le Spielberg en Allemagne, l'Escurial en Espagne, le Kremlin à Moscou, le château Saint-Ange à Rome.
Dans la Tourgue étaient condensés quinze cents ans, le moyen âge, le vasselage, la glèbe, la féodalité ; dans la guillotine, une année, 93 ; et ces douze mois faisaient contrepoids à ces quinze siècles.
La Tourgue, c'était la monarchie ; la guillotine, c'était la révolution.
Confrontation tragique.
D'un côté, la dette ; de l'autre, l'échéance. D'un côté, l'inextricable complication gothique, le serf, le seigneur, l'esclave, le maître, la roture, la noblesse, le code multiple ramifié en coutumes, le juge et le prêtre coalisés, les ligatures innombrables, le fisc, les gabelles, la mainmorte, les capitations, les exceptions, les prérogatives, les préjugés, les fanatismes, le privilège royal de banqueroute, le sceptre, le trône, le bon plaisir, le droit divin ; de l'autre, cette chose simple, un couperet.
D'un côté, le nœud ; de l'autre, la hache. (Troisième partie, livre VII, vi, pp. 432-433.)"
Cf lien ci-dessus

 Lawrence d’Arabie écrivit, lorsqu’il visita  le château de Fougères en 1907 : " Il n’y a pas d’extérieur plus beau, j’en suis certain "

lien littéraire ici
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jeudi, avril 25, 2013

Blanchir

Le  château de l'Eglantine est le siège du musée de la toile de Jouy.
Il présente l'histoire  de la manufacture créée en 1760, à Jouy -en -Josas par Christophe Philippe Oberkampf  et expose les  magnifiques pièces  de tissu d'habillement et d'ameublement dites "toile de Jouy" dont les diversité est remarquable.
Les plus connus sont les  motifs à fleurs, originaux ou inspirés des Indiennes, qui ont également inspiré les tissus provençaux.  Mais il y en a bien d'autres, puisés dans la littérature (Illustration des fables de la Fontaine, ou de Paul et Virginie)  l'opéra ou l'art (monuments de Paris, monuments égyptiens), la vogue  des chinoiseries, dans l'actualité ( Les montgolfières , la fondation de la Croix-Rouge)  et la politique ( l'indépendance américaine, la visite de Louis XVI inaugurant  la construction de la rade de Cherbourg) etc .

Certains mouchoirs en toile de Jouy expliquent même aux conscrits le fonctionnement des armes! 
Nous voilà loin des Bergeries, scènes galantes, mignonnettes, et autres fleurettes qui ont fait la réputation de ces tissus!



Les parterres de pensées cultivées devant ce joli château du XIX ème siècle évoquent , par leurs teintes pastel et leur disposition, les toiles mises à blanchir sur les prés qui entouraient la manufacture.

En 1834, Victor Hugo , invité avec sa famille, à Bièvres  au château des Roches chez son ami Bertin, directeur du Journal des Débats, cherche un gîte pour sa maîtresse Juliette Drouet.

Ce sera  dans le quartier des Metz, une maison à louer , ancienne conciergerie du château Cambacérès-  qui a une époque avait  d'ailleurs accueilli le musée de la toile de Jouy-
 La maisonnette  porte une plaque commémorant leur idylle.(Lien ici)
Les deux amants, en cas d'empêchement,  se donnaient rendez-vous au lieu-dit Bois- de l'Homme mort et échangeaient leur abondante correspondance dans le creux d'un vieux châtaignier.

Pour lire quelques échantillons  des ces lettres enflammées , c'est ici (Géographie littéraire G . Budé)
Et pour découvrir les autres personnages célèbres de Jouy -en-Josas, c'est
.ou encore les écrivains dans la vallée de la Bièvre, c'est sur ce site 

Quant au toponyme Jouy-en-Josas, il est attesté au 9ème siècle dans la liste des possessions de l'abbaye parisienne de Saint-Germain -des -prés.   Le premier élément  qui le compose provient sans doute du latin "gaudium", signifiant "joie".

Ce qui nous ramène à nos célèbres amants, et à la joie de Juliette, exprimée dans cette lettre , au lendemain d'une averse qui les avait surpris au cours d'un rendez-vous  champêtre :

“Je ne donnerais pas cette journée, et surtout le moment où je tremblais de froid sur tes genoux, pour la plus belle et la plus rayonnante de nos journées d’été. Il me semble que nous nous sommes régénérés à ce baptême dont le ciel faisait tous les frais et dont l’amour était le parrain. Toute ma vie, je sentirai l’impression de chacune des gouttes de pluie qui tombaient de tes cheveux sur mon cou. Toute ma vie, j’entendrai tes paroles de tendre sollicitude et d’enseignement… Tu m’as dit que je t’avais révélé l’amour, toi tu m’as expliqué la nature et, à travers elle, la grandeur et la bonté de Dieu… Il y avait, à la fin, des arcs-en-ciel dans le paysage ; il y en avait aussi dans nos cœurs. Ils correspondaient de ton âme à mon âme, comme d’un bassin à l’autre. Je te remercie pour les belles choses que tu m’as fait admirer et que je ne verrais pas sans toi, et sans le secours de ta belle main blanche sur mon front.”

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Citation empruntée au site "géographie littéraire G Budé " noté plus haut 

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Sur la correspondance amoureuse de Juliette Drouet et de Victor Hugo, article personnel ici 

lundi, août 23, 2010

Journal de Festival (4) -Les Travailleurs de la Mer, l'exil, la rage, le rêve, d'après Victor Hugo, mise en scène :Daniel Briquet

Le 24 juillet2010-
Rencontre avec Paul Fructus, qui a mis en scène cette adaptation et incarné Gilliat le Malin.
Une véritable performance, un corps à corps avec le verbe hugolien, l'esprit de la tempête, et les objets, proches du bric- à- brac du génial bricoleur que fut l'auteur...


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Aux trois-quarts du spectacle, la régisseuse, Florence Pasquet est entrée en scène pour changer, avec grâce, le décor et préparer l'épilogue: le dénouement ne pouvant plus être interprété corporellement , le retour au texte, posé sur un lutrin et lu par l'acteur, était nécessaire pour le retour au calme après la tempête ou du moins, pour mettre à distance la tempête intérieure que va vivre Gilliat dans son renoncement à Déruchette.

Derrière elle , se trouve une sculpture de 80 kgs, réalisée par un ami du metteur en scène, sculpteur pour les monuments historiques. Cette masse , qui tient du rocher (le rocher Douvres, la chaise Gild-Holm Ur) et du coffre s'ouvre au cours de l'action et devient barque dans la tempête, boîte à outils, support d'un mât ou d'un gibet , croix pour le sacrifice christique du personnage principal.
Cette trouvaille apporte à la représentation une dimension graphique en relation avec les lavis de Victor Hugo, dessinateur inspiré.


Les choix musicaux sont tout aussi remarquables. Il fallait éviter l'illustration, les musiques trop anciennes ou trop récentes, et traduire les différentes atmosphères du drame .
La mélodie traditionnelle "Bonny Dundie"que joue pendant 4 ans, le mystérieux joueur de Bag Pipe -alias Gilliat- sous les fenêtres de Déruchette, au grand dam de Mess Lethierry a été un fil conducteur de la création musicale, marquée également par les chants de marins .
Patrick Fournier sait tirer de son accordéon et du moindre objet-en l'occurrence une tôle-des sons étonnants et suggestifs: le souffle du vent annonçant la tempête et s'amplifiant a impressionné les spectateurs.

Comme le montre la photo ci-dessus (numéro 3) d'Emilie Fructus, une complicité se noue entre le comédien et les musiciens, parfois personnages ou témoins de l'histoire .

Bravissimo!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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Pourquoi avoir adapté le roman Les Travailleurs de la Mer?
Paul Fructus a expliqué que cette lecture était pour lui un souvenir très fort d'adolescent et qu'il avait été ému par la transposition romanesque du vécu de l'auteur.

Il a rapproché cette
Lettre de Victor Hugo à sa fille Léopoldine en 1837, écrite à Étaples près de Boulogne-sur-Mer :

" J’ai cueilli pour toi cette fleur dans la dune. C’est une pensée sauvage qu’a arrosée plus d’une fois l’écume de l’océan. (…) Et puis, mon ange, j’ai tracé ton nom sur le sable : DIDI. La vague de la haute mer l’effacera cette nuit, mais ce que rien n’effacera, c’est l’amour que ton père a pour toi (…) ".


avec le début du premier chapitre du roman :

"Tout à coup, près d’un bouquet de chênes verts qui est à l’angle d’un courtil, au lieu dit les Basses-Maisons, elle se retourna, et ce mouvement fit que l’homme la regarda. Elle s’arrêta, parut le considérer un moment, puis se baissa, et l’homme crut voir qu’elle écrivait avec son doigt quelque chose sur la neige. Elle se redressa, se remit en marche, doubla le pas, se retourna encore, cette fois en riant, et disparut à gauche du chemin, dans le sentier bordé de haies qui mène au château de Lierre. L’homme, quand elle se retourna pour la seconde fois, reconnut Déruchette, une ravissante fille du pays. Il n’éprouva aucun besoin de se hâter, et, quelques instants après, il se trouva près du bouquet de chênes à l’angle du courtil. Il ne songeait déjà plus à la passante disparue, et il est probable que si, en cette minute-là, quelque marsouin eût sauté dans la mer ou quelque rouge-gorge dans les buissons, cet homme eût passé son chemin, l’oeil fixé sur le rouge-gorge ou le marsouin. Le hasard fit qu’il avait les paupières baissées, son regard tomba machinalement sur l’endroit où la jeune fille s’était arrêtée. Deux petits pieds s’y étaient imprimés, et à côté il lut ce mot tracé par elle dans la neige : Gilliatt. Ce mot était son nom. Il s’appelait Gilliatt. Il resta longtemps immobile, regardant ce nom, ces petits pieds, cette neige, puis continua sa route, pensif" .....................................................................................................................................................................
Si l' on retient l'analyse sur le lavis qui représente Déruchette, comme une transposition
d'une photo de son autre fille, Adèle, les jeux de masques et de miroirs deviennent vertigineux .
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Déruchette
Illustrations sur Gallica
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Isabelle Roche a écrit sur ce spectacle un article dans le littéraire .com

samedi, avril 17, 2010

Lettres d'amour



Lettre d'amour de Juliette Drouet à Victor Hugo


Vu à saint-Lô le 8 avril 2008 -fête de sainte Julie-
Victor Hugo mon amour
,un beau spectacle théâtral mis en scène par Jacques Décombe, interprété avec flamme par Anthéa Sogno etavec beaucoup de nuances par Sacha Petronijevic.

La grande variété des registres est l' un des atouts de cette adaptation d'une correspondance qui a débuté en 1833, lors de rencontre de l'auteur de Lucrèce Borgia avec une jeune comédienne , Juliette Drouet dans un petit rôle, celui de la princesse Négroni.
Lyrisme , libertinage, pathétique, humour, se côtoient et rendent compte de cette passion tumultueuse qui a duré cinquante années, non dénuées de jalousie et d'infidélités"passagères", comme la liaison de sept ans avec une femme mariée, Léonie Biard!

Comment adapter au théâtre le genre épistolaire ?
Très habilement, à un message de Juju fait suite une réponse de"Toto", ou vice versa, échange souligné par le jeu délibérément exubérant de la comédienne, et celui, plus mesuré du comédien dans un décor simple et signifiant: coiffeuse -écritoire de l'amante, table de travail du grand homme, et au centre, un canapé rouge vif tour à tour estrade, calèche, lit destiné aux ébats .

Quel tri effectuer dans la somme des centaines de lettres de Juliette ?
Le spectacle fait la part belle aux années de jeunesse et de maturité, depuis la première nuit d'amour-en 1833, le 16 février, qui deviendra la date à laquelle Marius et Cosette se donnent l'un à l'autre.
La correspondance commence par le conseil du dramaturge à jolie débutante écartée de la scène par son amant, par Adèle Hugo-dans l'intérêt de la nouvelle pièce Marie Tudor-par les intrigues d'Alexandre Dumas, soucieux de placer sa maîtresse, conseil qui sera suivi :"Ecris-moi, écris-moi tout ce qui te trottera par la tête, tout ce qui te fera battre le coeur".
Ce qui fait battre le coeur de la fidèle compagne au-delà des affres de la passion ? les deuils partagés par un père et une mère: celui de Léopoldine et celui de Claire , la fille du sculpteur Pradier, les discours politiques à la Chambre, la fuite vers la Belgique après le coup d'état de Napoléon III..
Si la partie relative à l'exil dans les îles anglo-normandes m'a paru trop succincte, il faut cependant retenir l'hommage de l'épouse à la maîtresse, dans une lettre adressée à ses enfants et le travail de Juliette , copiste, correctrice, lectrice et documentaliste pour la mise au point des Misérables, titre définitif des Misères .
Le 11 mai 1883, Juliette Drouet , l'amoureuse et la muse s'éteint...et à partir de ce jour, Victor Hugo renonça à l'écriture pour toujours.

Mais avec ce dernier épisode, émouvant, le spectacle ne se termine pas pour autant !
Anthéa Sogno, habitée par son personnage s'adresse au public , lui faisant part de son grand regret: que si peu de rues en France portent le nom de cette égérie ! Et , avec autant d'humour que de conviction, elle nous invite à signer une pétition pour que sorte enfin de l'ombre celle qui a accompagné le plus grand poète français dans sa vie, son exil, et surtout son oeuvre.
Et d'envoyer à la volée envoyer des lettres d'amour que les spectateurs conquis et galvanisés s'empressent de cueillir , en souvenir d'une si belle histoire et d'une si belle soirée!

dimanche, août 12, 2007

Le dernier jour d'un condamné, Hugo,mise en scène :Joel Lagarde





Vendredi 27 juillet 07 , jardin des enfeus

Le dernier jour d'un condamné,
Hugo (1829)
Un texte fort, entre monologue intérieur et journal intime fictif, plaidoyer contre la peine de mort, hélas toujours actuel, d'où la présence, ce soir-là , dans l'allée des Enfeus, d'Amnesty international, appelant à signer la pétition contre l'exécution de Troy Davis (Géorgie, USA).
Sa force argumentative réside dans l'utilisation du "je", facteur d'identification, dans l'ignorance de l'identité du criminel et de son crime -on sait seulement qu'il a commis un crime de sang, de nature non politique , qu'il sait écrire puisqu'il utilise la plume et le papier qu'il a reçus -et dans les registres lyrique et pathétique, chers à Victor Hugo .

Dans la mise en scène de Joël lagarde, on peut noter un passage du "je" au "il", manière de marquer la distance entre le personnage, et l'auteur, le témoin .
Se traduit également une volonté de ne faire du condamné un personnage "sympathique", (éléments déjà perceptibles dans le texte de Hugo) ,de ne pas le placer dans le rôle de la victime innocente, ce qui affaiblirait l'argumentation de la thèse abolitioniste.
A partir de là, le pathétique laisse le plus souvent la place au ton de la colère, de la rage et de l'ironie , particulièrement dans le discours rapporté des différents personnages (le curé, le garde) et même, m'a-t-il semblé dans la visite de la petite Marie, la fille du condamné, où l'émotion aurait dû jouer plus pleinement. Comme l'a fait remarquer Jean-Paul Tribout à Plamon, dans la la composition des différents des différents personnages , on quitte l'angoisse existentielle au profit de la théâtralité .Du point de vue des spectateurs présents à la rencontre de Plamon , le moment le plus émouvant a été celui où le condamné, devenu témoin , assistait , horrifié, à la mise en fers des forçats pour Toulon -passage que l'on retrouve dans les Misérables


Le lieu finalement choisi, les Enfeus et non l'abbaye Sainte-Claire , m'a semblé servir remarquablement cette représentation (cf.chap XIII "fenêtres grillées","pierres d'un mur", "entrecroisements des barreaux de fer""soupiraux"), comme l'a déclaré le metteur en scène "plus le condamné a d'espace, plus il est enfermé".Très pertinent également le rôle dévolu aux spectateurs : Olivier Brun se trouve assis sur scène plongé dans ses pensées alors que nous entrons et nous installons , dans l'indifférence de son sort, et au dernier moment, se tourne vers nous , devenus les témoins, les complices de l'exécution publique , comme dans le texte:"Il y avait beaucoup de monde, et qui devait bien voir "
Jean-Paul Tribout , à Plamon, a parlé du costume , voulu sobre, non connoté par le metteur en scène , mais malgré tout évoquant le XIXème siècle par sa chemise aux ouvertures sous les bras . Il a également souligné dans le décor minimaliste, le choix de "la chaise citoyenne"chaise que l'on trouve dans les commissariats ou à l'école et sur laquelle chacun de nous a pu s'asseoir ...



Home, sweet home

Au musée de Vire, une exposition très intéressante " invite à s'interroger sur la séparation des sphères privées et publiques, du...