mardi, juillet 29, 2014

Retour sur l'île Mosselman

Un  panneau explique pourquoi ce nom a été donné à l'ïle
et
qui était







Alfred de Dreux, Monsieur Mosselman et leurs deux filles, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris (détail)
Notice du tableau complet  ici

vendredi, juillet 25, 2014

Suivre du regard

Les deux bouleaux

L'été, ces deux bouleaux qui se font vis-à-vis, 

Avec ce délicat et mystique feuillage 
D'un vert si vaporeux sur un si fin branchage, 
Ont l'air extasié devant les yeux ravis.

Ceints d'un lierre imitant un grand serpent inerte, 
Pommés sur leurs troncs droits, tout lamés d'argent blanc, 
Ils charment ce pacage où leur froufrou tremblant 
Traîne le bercement de sa musique verte.

Mais, vient l'hiver qui rend par ses déluges froids 
La figure du ciel, des rochers et des bois, 
Aussi lugubre que la nôtre ;

Morfondus, noirs, alors les bouleaux désolés
Sont deux grands spectres nus, hideux, échevelés, 
Pleurant l'un en face de l'autre.

Maurice Rollinat (1846-1903)

"Avec cette multitude de saules, il s'agissait de quelque chose de différent. Il émanait un principe qui angoissait, serrait le cœur. Un sentiment d'inquiétude, teintée de terreur. A me sentir ainsi entouré de ces arbustes en rangs serrés qui faisaient régner une obscurité s'épaississant à mesure que tombait le soir, sans cependant cesser de s'agiter furieusement dans le vent, me vint l'idée étrange et désagréable que nous avions franchi les limites d'un monde différent, où nous étions des intrus, où l'on ne nous attendait pas, où l'on ne nous invitait pas à rester, où nous pouvions courir des risques graves."

Algernon Blackwood,Les Saules


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http://nebalestuncon.over-blog.com/article-l-homme-que-les-arbres-aimaient-d-algernon-blackwood-86566779.html

mercredi, juillet 23, 2014

Passages (2/2)






"La forêt se dérobe à la lumière et c'est ainsi qu'elle dure. Certes elle assimile les richesses du soleil , mais les transforme, les élabore, les conserve. Il y a une grande force dans ce retrait, dans ce recueillement. Je voudrais être un arbre, un arbre qui marche."

Journal, Jacques de Bourbon Busset (1912-2001)



"Vous pensez, dit-il, qu'il s'agit de l'esprit des éléments, tandis que je pensais pour ma part que c'était plutôt les Dieux des anciens.Mais je vous dis maintenant que ce n'est ni l'un ni l'autre. Ce seraient, les uns comme les autres, des entités que nous pourrions comprendre, car elles ont des relations avec les hommes, ne serait-ce que part l'intermédiaire de la prière ou du sacrifice, tandis que ces êtres qui nous entourent n'ont absolument rien à faire avec le genre humain et c'est tout à fait par hasard que leur espace se trouve être en ce lieu contigu au nôtre."

Algernon Blackwood








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A props d'Algernon Blackwood:
http://www.belial.fr/blog/l-homme-que-les-arbres-aimaient

http://nebalestuncon.over-blog.com/article-l-homme-que-les-arbres-aimaient-d-algernon-blackwood-86566779.html

lundi, juillet 21, 2014

Passages (1/2)




"Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs"
Montaigne


"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver."
René Char









"La vie et le rêve sont les pages d'un même livre , les lire en ordre c'est vivre, les feuilleter c'est rêver" 
Schopenhauer
Citation envoyée par Marguerite-marie



jeudi, juillet 17, 2014

lundi, juillet 14, 2014

A Sceaux, floraison de mots

Au jardin des Félibres, dans le domaine de  Sceaux, les statues de félibres célèbres encadrent  un petit bassin rectangulaire joliment ombragé.





La tombe de l'homme de lettres et  fabuliste Florian, mort à Sceaux en 1794, se trouve dans ce square. 


Depuis 1879 , elle est l'objet d'un pèlerinage annuel du félibrige parisien qui, à l'instar du félibrige provençal fondé en 1854 par Fédéric Mistral, oeuvre pour le maintien de la langue d'Oc.




Le fabuliste Jean-Pierre Claris de Florian  (1755 -1794) fut , en son temps
aussi réputé  que La Fontaine.


Ecoutons l'avis du critique Dussault: (1769-1824)« Tous ceux qui ont fait des fables depuis La Fontaine ont l’air d’avoir bâti de petites huttes sur le modèle et au pied d’un édifice qui s’élève jusqu’aux cieux : la hutte de M. de Florian est construite avec plus d’élégance et de solidité que les autres, et les domine de quelques degrés."

Ces fables sont tombées dans l'oubli, pourtant leurs morales , au un tour proverbial  bien frappé, sont connues  de tous , 
ainsi:

Un pauvre petit grillon

caché dans l' herbe fleurie
regardoit un papillon
voltigeant dans la prairie.
L' insecte ailé brilloit des plus vives couleurs ;
l' azur, le pourpre et l' or éclatoient sur ses ailes ;
jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs ;
prenant et quittant les plus belles.
Ah ! Disoit le grillon, que son sort et le mien
sont différents ! Dame nature
pour lui fit tout et pour moi rien.
Je n' ai point de talent, encor moins de figure ;
nul ne prend garde à moi, l' on m' ignore ici bas :
autant vaudroit n' exister pas.
Comme il parloit, dans la prairie
arrive une troupe d' enfants ;
aussitôt les voilà courants
après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l' attraper.
L' insecte vainement cherche à leur échapper,
il devient bientôt leur conquête.
L' un le saisit par l' aile, un autre par le corps ;
un troisieme survient et le prend par la tête.
Il ne falloit pas tant d' efforts
pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! Dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux vivons caché.



Autre souvenir littéraire consigné sur la façade de l'office de tourisme: celui du
  Bal de Sceaux
court roman d'Honoré de  Balzac (lecture ici, résumé et analyse  là )
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Le cadre de cette nouvelle est un bal populaire , fréquenté sous la Révolution,l'Empire  et la Restauration, où se mêlaient toutes les couches de la population.


"Au milieu d’un jardin d’où se découvrent de délicieux aspects, se trouve une 
immense rotonde ouverte de toutes parts dont le dôme aussi léger que vaste est soutenu par 
d’élégants piliers. Ce dais champêtre protège une salle de danse. Il est rare que les propriétaires  les 
plus collets montés du voisinage n’émigrent pas une fois ou deux pendant la saison vers ce palais 
de la Terpsichore villageoise, soit en cavalcades brillantes, soit dans ces élégantes et légères brillantes, voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques voitures qui saupoudrent de poussière les piétons philosophes. L’espoir de rencontrer là quelques 56 femmes du beau monde et d’être vus par elles, l’espoir moins souvent trompé d’y voir de jeunes paysannes aussi rusées que des juges, fait accourir le dimanche, au bal de Sceaux, de 
nombreux essaims de clercs d’avoués, de disciples d’Esculape  dont le teint blanc et la fraîcheur sont entretenus par l'air humide des arrière-boutiques parisiennes. Aussi bon nombre de mariages bourgeois se sont-ils ébauchés aux sons de l’orchestre qui occupe le centre de cette salle circulaire. "




"Jamais la difficile Émilie n’avait vu les yeux d’un homme ombragés par des cils si longs et si recourbés. La mélancolie et la passion respiraient dans cette figure caractérisée par un teint olivâtre et mâle.
Sa bouche semblait toujours prête à sourire et à relever les coins de deux lèvres éloquentes ; mais
cette disposition, loin de tenir à la gaieté, révélait plutôt une sorte de grâce triste. Il y avait trop d’avenir dans cette tête, trop de distinction dans  la personne, pour qu’on pût dire : – Voilà un bel homme ou un joli homme ! on désirait le connaître. En voyant l’inconnu, l’observateur le
plus perspicace n’aurait pu s’empêcher de le prendre pour un homme de talent attiré par quelque intérêt puissant à cette fête de village. Cette masse d’observations ne coûta guère à Émilie qu’un moment d’attention, pendant lequel cet homme privilégié, soumis à une analyse sévère, devint l’objet d’une secrète admiration. Elle ne se dit pas : – Il faut qu’il soit pair de France ! mais – Oh ! s’il est noble, et il doit l’être... "
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Lieu symbolique et ironique puisque l'héroïne de ce court récit , Emilie de Fontaine, sacrifiera son amour à des préjugés de classe.
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De nos jours, la trace du bal  subsiste sous forme d'une esplanade circulaire ombragée, légèrement surélevée, délimitée par des bancs de pierre, visibles sur les deux photos.

Cette histoire d'amours malheureuses nous ramène à Florian ,
auteur d'une romance, notée dans l'une de ses nouvelles,  que chacun a pu entendre ou fredonner:
"Plaisir d'amour", chantée ici par Nana Mouskouri

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie.
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie,
L'eau coule encore, elle a changé pourtant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
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samedi, juillet 12, 2014

"C'est sous Louis XIII..."


Au xve siècle,se trouvait  à Sceaux un manoir où, 1470, le seigneur de Sceaux, Jean II Baillet(1400-1477), maître des requêtes ordinaires de l'hôtel du roi,  reçut le roi Louis XI et la reine Charlotte de Savoie avec toute la Cour.



 Au début du xviie siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII (date exacte inconnue). 
Cette  famille de bourgeois sera anoblie .




En 1670Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV,  souhaitant disposer d'un domaine à proximité de Paris et de Versailles, achète la terre de Sceaux, aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres,et  duc de Tresmes.


Le parti -pris démodé  des ajouts  effectués depuis l'époque des Potier de Gesvres  montrait   le souci de Colbert de ne pas  commettre la même  erreur que Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte:   le  bâtiment devait donner l'impression  d'une implantation antérieure aux  travaux d'agrandissement  du ministre.
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Ce magnifique domaine de Sceaux mérite un détour!
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jeudi, juillet 10, 2014

En son château , maître chat...

"C'est sous Louis XIII et je crois voir s'étendre un coteau vert que le couchant jaunit"
Gérard de Nerval
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Ce vers extrait du poème  Fantaisie, de Gérard de Nerval,dans une moindre mesure,  pourrait , comme Dampierre,   s'appliquer au château de Bréteuil, dit "Château des contes de Perrault"



Le château de Bréteuil, ou  "Château des contes de Perrault"

Pourquoi ce qualificatif ? 

Tout simplement parce que le maître du logis , le ministre Louis de Breteuil - contrôleur général de 1657 à 1665, avant que Colbert remplit cette fonction- eut affaire avec Charles Perrault, qui à l'époque, n'était pas le célèbre auteur des Histoires ou  Contes du temps passé avec des Moralités.
Il administrait les finances de Louis XIV, étant  commis dans l'administration de la Recette Générale des finances que dirigeait son frère aîné, Pierre,

En souvenir de  la  collaboration entre les deux hommes, le château de Breteuil met à l'honneur les Contes de  ma mère l'Oye 




A ce titre, de nombreuses lectures, animations, scènes ,  sont proposées au château ,pour le plus grand bonheur des enfants, accompagnés de leurs familles ou de leurs maîtres d'école, en sortie pédagogique, comme c'est le cas sur la photo ci-dessous.





Ce gracieux salon -bibliothèque-salle de musique présente , à droite sur une tablette une figurine élégamment accoudée à son bureau, dans une attitude méditative.
 Elle représente Gabrielle Emilie de Breteuil, fille de Louis -Nicolas de Breteuil et de Gabrielle Anne de Froullay.(1706-1749)





Emilie,  future marquise du Châtelet , s'illustra dans le domaine scientifique par sa maîtrise  des Principes  mathématiques de Newton qu'elle traduisit du latin en Français, de plus, elle enrichit cet ouvrage par de nouvelles découvertes .
Elle est également célèbre pour ses amours avec Voltaire : leur liaison de quinze ans a  fait d'eux  l'un des plus célèbres couples du XVIII ème siècle .



Petit clin d'oeil à Tilia  avec   ces CHArmants automates musiciens bottés et poudrés.
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Lien ici pour lire, écouter le maître chat et autres contes de Perrault

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lundi, juillet 07, 2014

"C'est sous Louis XIII; et je crois voir s'étendre/ un coteau vert que le couchant jaunit"..





Propriété de la famille des ducs de  Luynes depuis le XVIIème siècle, il a reçu les visites de 
Louis XIV, Louis XV, Louis XVI  .


Ne croyez pas que le terrain entre la balustrade et le château soit ratissé dans l'attente de plantations, 
non, 
la terre est  ainsi présentée  , depuis  l'époque de Le Nôtre,  au naturel, pour s'accorder aux tons ocres des façades.













Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très-vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets.



Or, chaque fois que je viens à l'entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit :

C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,



Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;


Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que dans une autre existence peut-être,

J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

Gérard de Nerval
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vendredi, juillet 04, 2014

La Vallée-aux-loups (3/3) La Tour Velléda

                                     La vallée -aux-loups,
                          maison de Chateaubriand,
                                 à Chatenay-Malabry.


Selon  une  tradition   recueillie et entretenue par Madame de Chateaubriand  cette tour aurait été édifiée par le brasseur Acloque, propriétaire à la fin du XVIIIe siècle du domaine, juste avant la Révolution, pour y accueillir la reine Marie-Antoinette.


Dans cette construction en  briques, située au milieu du parc de son domaine, Chateaubriand commença  en 1809 la rédaction des Mémoires d'Outre-Tombe.

 Il y écrivit
 Le dernier Abencérage
Itinéraire de Paris à Jérusalem 
et
 Les Martyrs (1809),

dont Velléda, druidesse et  prophétesse germanique du 1er siècle de notre ère 
 est le personnage principal.



"Sa taille était haute ; une tunique noire, courte et sans manches, servait à peine de voile à sa nudité. [...]
 La blancheur de ses bras et de son teint, ses yeux bleus, ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds qui flottaient épars, annonçaient la fille des Gaulois, et contrastaient, par leur douceur, avec sa démarche fière et sauvage. Elle chantait d'une voix mélodieuse des paroles terribles, et son sein découvert s'abaissait et s'élevait comme l'écume des flots. »




Cette héroïne ardente et fidèle donne son nom à la tour qu'occupait  le bureau de Chateaubriand au rez-de -chaussée , tandis que sa bibliothèque était située au premier étage.

(Lecture d'un large  extrait ici "Apparition de Velléda , livre X )



En face de cette tour  poussent  des arbres remarquables, qui  eux aussi  ,cultivent  les Belles Lettres
(Cliquez sur le panneau explicatif)




"Ce lieu me plaît ; il a remplacé pour moi les champs paternels ; je l'ai payé de mes rêves et de mes veilles..." 

(Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe)


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Tendres mirages (2)

                                                                Jeanne Cardinal :                          interprétation picturale du recue...