Les deux bouleaux
L'été, ces deux bouleaux qui se font vis-à-vis,
Avec ce délicat et mystique feuillage
D'un vert si vaporeux sur un si fin branchage,
Ont l'air extasié devant les yeux ravis.
Ceints d'un lierre imitant un grand serpent inerte,
Pommés sur leurs troncs droits, tout lamés d'argent blanc,
Ils charment ce pacage où leur froufrou tremblant
Traîne le bercement de sa musique verte.
Mais, vient l'hiver qui rend par ses déluges froids
La figure du ciel, des rochers et des bois,
Aussi lugubre que la nôtre ;
Morfondus, noirs, alors les bouleaux désolés
Sont deux grands spectres nus, hideux, échevelés,
Pleurant l'un en face de l'autre.
Maurice Rollinat (1846-1903)
"Avec cette multitude de saules, il s'agissait de quelque chose de différent. Il émanait un principe qui angoissait, serrait le cœur. Un sentiment d'inquiétude, teintée de terreur. A me sentir ainsi entouré de ces arbustes en rangs serrés qui faisaient régner une obscurité s'épaississant à mesure que tombait le soir, sans cependant cesser de s'agiter furieusement dans le vent, me vint l'idée étrange et désagréable que nous avions franchi les limites d'un monde différent, où nous étions des intrus, où l'on ne nous attendait pas, où l'on ne nous invitait pas à rester, où nous pouvions courir des risques graves."
Algernon Blackwood,Les Saules
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http://nebalestuncon.over-blog.com/article-l-homme-que-les-arbres-aimaient-d-algernon-blackwood-86566779.html
IL ne m'est jamais venu à l'idée que je pourrais écrire qq chose sur un arbre ou sur des arbres.
RépondreSupprimerPourtant avec nos six bouleaux, notre cerisier, notre marronnier rose et nos deux palmiers ....
Jules Renard a écrit
Une Famille d'arbres
C'est après avoir traversé une plaine brûlée que je les rencontre. Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. Ils habitent les champs incultes, sur une source connue des oiseaux seuls.
De loin, ils semblent impénétrables. Dès que j'approche, leurs troncs se desserrent. Ils m'accueillent avec prudence. Je peux me reposer, me rafraîchir, mais je devine qu'ils m'observent et se défient.
Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s'écarter.
Ils mettent longtemps à mourir, et ils gardent les morts debout jusqu' à la chute en poussière.
Ils se flattent de leurs longues branches, pour s'assurer qu'il sont tous là, comme les aveugles.
Ils gesticulent de colère si le vent s'essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute. Ils ne murmurent que d'accord.
Je sens qu'ils doivent être ma vraie famille. J'oublierai vite l'autre. Ces arbres m'adopteront peu à peu, et pour le mériter j'apprends ce qu'il faut savoir:
Je sais déjà regarder les nuages qui passent .
Je sais aussi rester en place.
Et je sais presque me taire.
Jules Renard (1864-1910)
Moi qui suit en manque d'inspiration, je vais me pencher sur la question.
Tu as pourtant déjà écrit sur ton palmier (entre autres)
SupprimerMerci pour ce texte de Jules Renard,dont j'apprécie la finesse.
Nous glissons du fantastique ( "je devine qu'ils m'observent et se défient."au regard du moraliste avec cette conclusion":je sais aussi rester en place.
Et je sais presque me taire."
nous sommes tous surveillés...:)))
RépondreSupprimerSuivant l'heure, suivant la saison les arbres nous parlent différemment...
RépondreSupprimerMerci pour ces beaux textes
ça y est, j'ai retrouvé l'inspiration.
RépondreSupprimerComme dit Josette, mes bouleaux et mon marronnier m'ont raconté des choses. Ce sera pour la semaine prochaine.
Merci à toi et à Jules Renard.
Formidable!
SupprimerCoucou Miss Yves.
RépondreSupprimerLa poésie des arbres!
Aurais tu suscité une vocation chez Claude ?
Très bon weekend.
A+ :o)
Tu peux cliquer sure le lien en fin de mon post, tu tombes direct sur la vidéo
RépondreSupprimerje suis complètement en phase avec ce message,j'aime beaucoup regarder de de loin de près les arbres été avec leur feuillages tous différents et l'hiver comme des sculptures souvent attendrissantes , Quand j'allais voir ma mère à Pontivy , quittant la 4 voies je prenais à Josselin une route magnifique de campagne et dans un virage mon arbre m'attendait , on aurait dit un jeune homme chevelu un peu swingant, j'y suis repassée l'autre jour et bien je l'ai trouvé presque mort: j'ai dit à mon mari sceptique mais indulgent que je lui ai trop manqué!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le bouleaux, alignés comme à la revue au bord de certaines routes et sur les bords de la Volga.
Très romantique, ton commentaire sur cet arbre chevelu!
SupprimerTu devrais lire le Wendigo et autres nouvelles d'A Blackwood
Des cicatrices en forme d'oeil ! De quoi alimenter l'inspiration des écrivains aimant la nature et les arbres !
RépondreSupprimerDeux textes fort différents quant au ressenti face à eux. Magnifique texte aussi de Jules Renard envoyé par Claude !
Boa noite, as árvores são sempre lindas em qualquer época do ano, as boas fotos mostram as cicatrizes naturais ou feitas pelo homem, estas que servem de inspiração aos poetas e ao romantismo.
RépondreSupprimerDia feliz,
AG
http://momentosagomes-ag.blogspot.pt/
✿✿º°。
RépondreSupprimerBonjour et MERCI chère Miss_Yves !
Ces bouleaux sont SUPERBES !
J'aime cette publication ! Les arbres méritent beaucoup plus d'attention de notre part. Merci pour ce bel hommage que tu fais aujourd'hui ! Le texte de Jules Renard est magnifique.
GROSSES BISES D'ASIE vers la belle Normandie
et bon dimanche !!!! 。♡♡彡
à ces derniers clichés,on dirait comme des yeux
RépondreSupprimerMon billet enfin pondu, je rattrape un peu mon retard de lecture des blogs amis en me faufilant entre les déconnexions intermittentes de "laisser-faire" qui persistent et signent depuis huit jours :-(
RépondreSupprimerL'île Mosselman offre de bien jolies promenades.
Quant aux arbres, il en va comme pour les humains, certains sont bienveillants et d'autres non.
Je me méfierais du regard de celui que tu nous montres !
Les forêts le soir font du bruit en mangeant. (Guillevic, Carnac)
Merci pour le lien vers les textes d'Algernon Blackwood, je ne me souviens pas avoir lu quoi que ce soit de lui. Par contre je connais pas mal Lovecraft.
J'aime bien l'histoire de MM et de son arbre.
RépondreSupprimerLes arbres , racines de la terre et des 'êtres' l'énergie passe et nous donne ou pas la révélation de ce que nous sommes, qui sommes-nous!
RépondreSupprimerJe note le nom d'Algernon Blackwood que je n'ai jamais lu.
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