mardi, mars 01, 2011

Conférence-déclamation de Philippe Brunet:"Psappho, toujours vivante"





La présidente de l'Association des Amis des musées Saint-Lois, Madame Suzanne Leclerc , devant le tableau de Gustave Moreau présente le thème de la conférence de
Philippe Brunet



déjà venu l'an dernier au musée, déclamer en Grec ancien devant le célèbre tableau de Corot, Homère et les Bergers
après avoir analysé la composition de l'Iliade et de l'Odyssée

(Article de O.F sur sa  traduction versifiée , aux éditions du Seuil  )



(liens vers Homère + le vers grec)
"Sappho toujours vivante

"Tel est le titre paradoxal choisi par Philippe Brunet pour sa conférence, avec chants et danse.

Contrairement à L'Iliade et à l'Odyssée,aux Travaux d'Hésiode, à l'oeuvre de Pindare, le texte de Sappho ne nous est parvenu que d'une manière fragmentaire: on en retient essentiellement l'Hymne à Aphrodite, et une ode incomplète au rayonnement exceptionnel. Restitutions, restaurations, interprétations conçues pour combler les trous des papyrus rendent aléatoire le livre initial.La transmission orale n'a pu jouer un rôle de conservation puisque, contrairement aux épopées d'Homère, Sappho a composé des chansons,des pièces de circonstance ou centrées sur des sentiments personnels.
Pourtant, à la différence d'Homère, dont l'existence est problématique, la vie de Sappho nous est connue. On sait qu'elle est née dans l'île de Lesbos- d'où l'expression qui la désigne, "La Lesbienne" -probablement à Mytilène. On connaît le nom de son père , celui de ses trois frères. Elle eut une fille, qu'elle nomma Cléis, du nom de sa propre mère. Elle fut accusée d'être une tribade, alors qu'en réalité , elle était entourée d'un cercle de jeunes filles à qui elle enseignait l'art de la poésie . De son vivant (VI I ème siècle avant J-C.), elle fut reconnue comme poète, à l'égal d'Alcée. Elle est la créatrice de la strophe hendécasyllabique dite "saphique", se composant de 3 vers hendécasyllabes saphiques (ou grands saphiques) et d'un vers adonique de 5 syllabes.Selon la tradition, "Sappho se jeta dans la mer du haut du rocher de Leucate par amour pour Phaon, le Mytilien", et c'est précisément le sujet du tableau de Gustave Moreau, La mort de Sapho,(1872) accroché au musée des Beaux-Arts de Saint-Lô , devant lequel Philippe Brunet a chanté sur sa lyre des extraits de poèmes, et souligné le rythme de la syllabe accentuée d'un pas dansant .Détournant les valeurs épiques et viriles, La poésie de Sappho exalte le lyrisme , le désir, la passion et ses symptômes dont la description réaliste, voire crue a inspiré à Racine les affres de Phèdre face à Hippolyte:

"Car à peine je t'aperçois,je reste toute muette:
et ma langue est comme brisée; se glisse, sous ma peau,/
soudain , une fine flamme; et mes yeux, aveugles,/
se vident;mes oreilles bourdonnent;:
la sueur ruisselle sur tous mes membres /
un frisson me prend;plus livide encore /
qu'herbe jaunissante; je crois sentir la mort qui s'approche"

(Quatrième strophe de l'Ode II-Traduction de Philippe Brunet)

Mais au-delà de la simple biographie, que recouvre le "Je" et à qui s'adressent les vers sensuels des poèmes de Sappho?"Je resterai toujours vierge "écrit-elle, tandis qu'Alcée la décrit ainsi:"Sappho souriante, aux tresses violettes, pure ",- ou "chaste"-épithète plus appropriée à la déesse Aphrodite qu'à une  mortelle, mère d'une fille , comme nous le savons ...

Les différents destinataires de ses vers, la future épouse, une jeune fille exilée, différemment  identifiée, ce Phaon ("Le brillant",  surnom d'Apollon) dont on sait peu de choses, Artémis ou Aphrodite, ne se résolvent-ils pas tous dans un même idéal, celui de la Beauté?

De même, dans le tableau de Gustave Moreau la figure de Sappho ne se confond-elle pas avec celle d' Orphée et la lumière qui baigne la scène n'est-elle pas celle de l'Art ?

M.S.

Bibliographie
:
Sappho, poèmes et fragments, Edition bilingue, texte établi et traduit par Philippe Brunet, Bibliothèque L'Âge d'Homme (1991) /(Epuisé)
Histoire de la littérature grecque, Suzanne Saïd, Monique Trédé, Alain Le Boulluec, PUF(1991).
.....................................................................................................................................................
......................................................................................................................................................................................


P. BRUNET, L'égal des dieux. Cent versions d'un poème de Sappho, préface de K. HADDAD-WATLING Paris, Allia, 1998.

........................................................................................................................................................................
 Les vidéos ci-dessous ont été  réalisées par Enitram que je remercie chaleureusement :

Philippe Brunet  a évoqué le style de Psappho, ses juxtapositions de mots qui appellent une traduction plus libre que celles qui ont été jusqu'ici proposées.

 Déclamation de
"l'Hymne à Aphrodite et l'Ode à l'aimée, en strophes sapphiques, c'est-à-dire
3 fois 11 syllabes et une clausule de 5 syllabes.

- u - - - u u - u - -
puis - u u - -
- est une syllabe longue ; u une syllabe brève.

Toutes les strophes ont la même structure rythmique et orchestique, puisque j'ai montré que ces vers se dansent ; je les chante, les joue sur la lyre et les danse en même temps, ce qui signifie que les trois dimensions coexistent, s'accomplissent en même temps."
(Philippe Brunet)




Ecoutez quelques vers , chantés sur la lyre éthiopienne du moderne aède  et rythmés d'un pas cadencé.




...................................................................................................................................................................
Philippe Brunet, rappelons-le , a publié une traduction versifiée de l'Iliade aux éditions du Seuil .(500 pages )

11 commentaires:

  1. *** Bonjour Miss_Yves ! :o) voilà une publication intéressante comme tu sais si bien les faire ! Merci de nous parler de la conférence de
    Philippe Brunet ! une découverte encore pour moi ! Bises et bon mardi à toi ! :o) ***

    RépondreSupprimer
  2. je ne connaissais pas la lyre éthiopienne! et encore moins le Grec ancien...très intéressant! ma langue est comme brisée...

    RépondreSupprimer
  3. Pas trop le temps ce matin, mais demain je suis à la maison toute la journée. Je repasserai regarder tout ça avec attention. A demain !

    RépondreSupprimer
  4. Un puy de savoir et de découverte ton blog...
    Bonne journée A +

    RépondreSupprimer
  5. Et bien ! Ce n'est guère loin en rythme lancinant des chansons vietnamiennes que maman adorait !
    Une "déclamation" ! Je pense aux "performances" des artistes.
    J'aimais beaucoup déclamer malgré ma grande réserve et avais toujours le premier prix de récitation (et aussi de couture)...

    scoute
    (Toujours ?)

    RépondreSupprimer
  6. J'aime bcp l'iliade et l'odyssée mais qu'ai-je entendu récemment sur ces deux épopées ?

    RépondreSupprimer
  7. quel bonheur de lire ces messages , j'ai beaucoup aimè la dernière vidéo;

    RépondreSupprimer
  8. Tant de connaissances littéraires et artistiquse me laissent sur le derrière. J'aime bien le côté troubadour de Philipe Brunet.
    Bon là, évidement je vais dériver un peu du sérieux de ces deux dernières publications.
    Quand j'ai la voix saphone, je me mets du bleu de mytilène !!!
    Ok, je m'en vais !

    RépondreSupprimer
  9. ✿ ✿ ✿ Un petit coucou en ce jeudi matin Miss_Yves !!!! :o) Il est sympa ton nouvel avatar ! :o) GROS BISOUS et bonne continuation !!! :o) ✿ ✿ ✿

    RépondreSupprimer
  10. ✿ ✿ ✿ C'est vendredi alors je viens te souhaiter une très agréable fin de semaine Miss_Yves ! BISOUS et bon week-end ! :o) ✿ ✿ ✿

    RépondreSupprimer
  11. J'aime beaucoup tes articles sur Sapho et P Brunet ! Pas facile en vacances je les relirai à mon retour ! En ATTENDANT JE TE SOUHAITE UN BON WEEK6END §

    RépondreSupprimer

Gravure au MAH de Saint-Lô (2)

                                                         Portrait de Baudelaire par Manet Pluie et parapluie,  de Félix Buhot dont l'a...