lundi, janvier 05, 2015

Dans le labyrinthe

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir quai era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant' è amara che poco è piú morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte. 

Dante, L'Enfer, Chant I




Traduction Marc Scialom,

(La Pochothèque) 1996

Au milieu du chemin de notre vie,

je me trouvai dans une forêt sombre,

la juste direction étant perdue.

Ah! si rude est l'effort pour la décrire,

cette forte forêt, farouche et âpre,

qui ravive la peur dès qu'on l'évoque!

la mort même est à peine plus amère!

Mais - pour traiter d'un bien que j'y trouvai -

voici encor ce que j'ai vu là-bas... 




Traduction André Pézard

(La Pléiade) 1965

Au milieu du chemin de notre vie

je me trouvai par une selve obscure

et vis perdue la droiturière voie.

Ha, comme à la décrire est dure chose

cette forêt sauvage et âpre et forte,

qui, en pensant, renouvelle ma peur!

Amère est tant, que mort n'est guère plus;

mais pour traiter du bien que j'y trouvai,

telles choses dirai que j'y ai vues. 




Traduction Jacqueline Risset

(Garnier-Flammarion) 1985

Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure

car la voie droite était perdue.

Ah dire ce qu'elle était est chose dure

cette forêt féroce et âpre et forte

qui ranime la peur dans la pensée!

Elle est si amère que mort l'est à peine plus;

mais pour parler du bien que j'y trouvai,

je dirai des autres choses que j'y ai vues. 


Source /lien En savoir plus sur:

 http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-enfer-de-la-subjectivite_800029.html#gaZYwyUbEfT6VUA2.99

Vidéo de l'application I pad de l'Enfer de Dante, illustré par Boticelli ici
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Au milieu de la course de notre vie, je perdis le véritable chemin, et je m’égarai dans une forêt obscure : ah ! il serait trop pénible de dire combien cette forêt, dont le souvenir renouvelle ma crainte, était âpre, touffue et sauvage. Ses horreurs ne sont pas moins amères que les atteintes de la mort. Pour expliquer l’appui secourable que j’y rencontrai, je dirai quel autre spectacle s’offre à mes yeux. Je ne puis pas bien retracer comment j’entrai dans cette forêt, tant j’étais accablé de terreur, quand j’abandonnais la bonne voie. Mais à peine fus-je arrivé au pied d’une colline où se terminait la vallée qui m’avait fait ressentir un effroi si cruel, que je levai les yeux et que je vis le sommet de cette colline revêtu des rayons de l’astre qui est un guide dans tous les voyages. Alors s’affaiblit la crainte qui m’avait glacé le cœur pendant la nuit où j’étais si digne de pitié. Tel que celui qui, sorti des profondeurs de la mer, se tourne, suffoqué d’effroi, vers cet élément périlleux, osant le contempler, mon esprit, qui n’était pas encore assez rassuré, se tournait vers le lieu que je venais de franchir, lieu terrible qui voue à l’infamie ceux qui ne craignent pas de s’y arrêter. Reposé de ma fatigue, je continuais à gravir la montagne déserte, de manière que le pied droit était le plus bas. Et voilà que, tout à coup, une panthère agile et tachetée de diverses couleurs apparait devant mes yeux, et s’oppose avec tant d’obstination à mon passage, que plusieurs fois je me retournais pour prendre la fuite.
Dante Alighieri, La divine comédie, traduction en prose d’Arnaud de Montor, 1859 


Lien ici et

Autres commentaires , en Italien , et illustrations

22 commentaires:

  1. merci!
    extra, les différents point de vue..!!!

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  2. Anonyme8:52 AM

    J'aime beaucoup ces jardins en labyrinthe !!!! ❤

    Merci chère Miss_Yves pour ce superbe partage poétique !!!!!

    GROS BISOUS d'ASIE vers la Normandie ! Bonne semaine à toi (^‿^)✿

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  3. Il faudrait savoir lire "dans le texte" et c'est pourquoi d'ailleurs certains prônent que nous soit enseigné à l'école, comme cela est dans les pays scandinaves, de communiquer en parlant son propre langage et comprenant celui d'autrui. Ainsi, nous comprendrions le portugais, l'italien, l'espagnol et je ne sais quelle vaste part du monde d'expression d'origine latine et ne perdrions pas les nuances...

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  4. Je disais, l'autre jour que je n'avais plus d'idées pour écrire un truc. hé bien voilà c'est fait, ton post a été un déclic. Je peaufine mon texte que je balancerai sur mon autre blog.
    Du coup j'en ai oublié d'aller me faire mon cappuccino.

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  5. L'enfer de Dante me parait plein de promesses: tout un programme! J'ai essaye de voir dans quel enfer je pourrais eventuellement passer a la fin de ma vie terrestre... je n'avouerai pas les conclusions.
    Dans la traduction anglaise (par le poete americain Henry Wadsworth Longfellow) qui accompagne les dessins de Gustave Dore on parle d'un lion et non d'une panthere comme quoi les traductions ce n'est pas evident. La photo qui accompagne "inferno I" est celle-ci.(troisieme image)
    Le labyrinthe que tu presentes me semble une bien bonne alternative.

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    1. J'ai lu le commentaire correspondant à ton lien dont je te remercie
      Longfellow , d'après ce que tu dis, semble faire un raccourci puisque Dante rencontre d'abord une panthère qui symbolise la luxure, puis"un leone con la testa alta, fremente di rabbia, che incarna la superbia."un lion, la tête haute, frémissante de colère , qui incarne l'orgueil"

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    2. 1 "ma presto gli sbarra la strada una lonza, un felino dalla pelle maculata, che simboleggia la lussuria."
      ...mais aussitôt, se met en travers de son chemin une panthère, un félin à la peau tachetée qui symbolise la luxure"

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    3. Certes, mon labyrinthe est moins infernal que celui de Gusave Doré !

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  6. Quel travail littéraire que la traduction...

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  7. Coucou Miss Yves.
    Dédale est passé par la !
    Le labyrinthe est une allégorie pour la sylve ?
    Les traducteurs évoluent dans le labyrinthe de la traduction.
    Mon cerveau lent ne peut me mener à la lumière.
    Très bonne semaine.
    A + :o)

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  8. Anonyme4:57 AM

    (^‿^)✿

    Je passe sur ton blog te faire UN GROS BISOU ♥

    Bon mardi et pensées amicales pour toi chère Miss_Yves !!!
    "Bonne Épiphanie !"... c'est le jour ! :o)

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  9. Très joli post!
    Belle et heureuse année à toi!

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  10. ça y est c' est envoyé !
    C'est curieux, mais ça m'a fait un bien fou.
    Merci !

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  11. Ben dis donc, tu m'as franchement débloqué les neurones,
    sur ma lancée, je viens d'écrire autre chose.

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    1. Etonnant! Je ne pensais pas que ce billet aurait un tel effet!

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  12. La traduction littéraire s'apparente à un art et, comme il y a de plus ou moins bons artisans, il existe de plus ou moins bons traducteurs.
    Curieuse de connaître l'auteur de la dernière traduction que tu publies au bas de ton billet, je suis tombée sur cette page dans laquelle est commenté le travail d'Alexis-François Artaud de Montor...

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    1. Merci, Tilia, j'avais justement parcouru ces liens (du moins le premier) et je ne le retrouvais plus.
      En lisant récemment lesMémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand, je crois bien avoir entendu parler d'A_A de Montor

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  13. diable tout le monde se perd dans un labyrinthe aujourd'hui
    heureusement les oies de ton bandeau vont m'emmener dans le sud

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    1. Tout le monde, sauf chez toi, dans les sentiers givrés

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  14. Je suis cruche, je n'étais pas allée sur les derniers liens. La première illustration me fait penser à l'histoire de
    mon chemin creux
    Peut-être ne l'avons nous pas emprunté pour ne pas se retrouver dans un labyrinthe.

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