vendredi, novembre 04, 2016

Dessin et archéologie


"Un escalier de rochers, serpentant sur le flanc d’une lande, me conduisit au fond d’une étroite vallée, qui s’arrondit et s’allonge entre une double chaîne de hautes collines boisées. Une petite rivière y dort sous les aulnes, séparant deux bandes de prairies fines et moelleuses comme les pelouses d’un parc : on la traverse sur un vieux pont dune seule arche, qui dessine dans une eau tranquille le reflet de sa gracieuse ogive. Sur la droite, les collines se rapprochent en forme de cirque, et semblent réunir leurs courbes verdoyantes ; à gauche, elles s’évasent et vont se perdre dans la masse haute et profonde d’une forêt. La vallée est ainsi close de toutes parts, et offre un tableau dont le calme, la fraîcheur et l’isolement pénètrent l’âme. Si l’on pouvait jamais trouver la paix hors de soi-même, ce doux asile la donnerait : il en donne du moins pour un instant l’illusion. Le site eût suffit pour me faire deviner l’abbaye."

Octave Feuillet, La petite Comtesse (1857)

De 1145, date de sa fondation jusqu'à notre époque, l'Abbaye de Hambye a connu des périodes de prospérité (chef d'ordre en 1181,  à l'apogée  de son rayonnement  au XII ème s.) et de déclin au moment  de la Révolution: les moines quittèrent le monastère, l'abbaye devint alors bien national et fut mise en vente.


Destin habituel, l'église fut utilisée comme carrière de pierres, le cloître fut démantelé,  aux environs de 1810.


En 1902, l'abbatiale fut classée monument historique, les autres bâtiments en 1925.


En 1956, les bâtiments conventuels furent achetés par le docteur Beck et son épouse .
(Ils sont toujours propriété de la famille)


En 1954, le conseil départemental de la Manche fait l'acquisition des ruines de l'église, de la porterie et de la maison des frères convers.


Depuis plus de cinquante ans,  les  travaux de restauration, financés par des fonds privés et publics, permettent d'entretenir cet édifice plein de charme et de sérénité, où des expositions  font découvrir aux visiteur l'art sacré et l'architecture religieuse.
 Cette année, "Fragments d'Histoire", consacrée à la statuaire médiévale.










Des animations en famille sont également organisées! lien ici 


Le cloître était formé d'un jardin entouré de quatre galeries couvertes.

Créé en 2000, le jardin redessine l'emplacement des galeries et du jardin intérieur.



Octave Feuillet place le début de l'intrigue de son roman aux abords des ruines de l'abbaye de Hambye- appelée l'abbaye du Rozel pour l'occasion.



En effet  le héros de l'histoire a été envoyé en mission  par le conseil général du département de* pour examiner si les ruines de l'abbaye méritaient d'être classées monument historique.

Délesté  de son attirail de dessin, cet homme âgé de trente cinq ans, rêvant de la  vie monastique comme Octave Feuillet rêvait de vivre au village la vie d'un pêcheur à la ligne, cet apprenti archéologue, ou antiquaire selon les termes de l'époque, se dirige donc  vers la forêt de l'abbaye, propriété "du marquis de Malouet, descendant de Nemrod, et dont le château paraît être le centre social du pays."



Assoupi sous l'ombrage des hêtres, le voilà réveillé par "un certain ébranlement du sol".
A quatre pas de lui, une jeune femme à cheval, effrayée par cet homme "vêtu d'une blouse de touriste maculée d'ocre rouge (...) l'oeil hagard (...) la chevelure en désordre , une barbe semée de feuilles mortes": apparition qu'elle prend pour "un sauvage".

Plutôt évaporée, la jeune femme entraîne à sa suite ses compagnons à cheval-  tout aussi inconséquents-  pour pourchasser "le sauvage".
On imagine sa gêne lorsqu'il retrouve, chez le marquis de Malouet qui l'a invité, cette petite  comtesse dont les imprudences, les libertés de langage, les provocations la font juger sévèrement dans le monde. 
Mais, "mal mariée, mal conseillée", peut-être est -elle  "un vrai diamant dans sa gangue", comme le soutient Madame de Malouet?

Tout sépare M. Georges, l'homme raisonnable et cette folle de Madame de Palme.
Et pourtant...




http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/feuillet-octave-la-petite-comtesse.html
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La Petite Comtesse, Octave Feuillet : lecture ici  LU par René Depasse (livre audio)




15 commentaires:

  1. Bonjour Miss Yves,
    Tout cela est magnifique, j'aime beaucoup le jardin et les statues, merci pour ce partage.
    Belle journée, bisous !

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  2. un lieu qui stimule l'imagination... un beau patrimoine qu'il n'est toujours facile à entretenir...c'est certainement là encore "les fonds" qui manquent le plus !

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  3. Coucou Miss Yves.
    Ainsi vont donc les biens et les choses de ce monde!
    Merci pour le début, le texte d' Octave Feuillet un délice d'écriture...
    Très bon weekend, A + ☼

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  4. j'aime ces églises sans toit , tout un symbole...
    et par dessus tout ...les gunnera!!! biz

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  5. Je ne sais pourquoi en lisant Elfi je rêve du "Verlaine".
    "Le ciel est, par-dessus le toit,
    Si bleu, si calme !
    Un arbre, par-dessus le toit,
    Berce sa palme.
    ...
    ..."

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  6. un très beau moment ... le oine a-t-il été sauvé par la tisane ?

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  7. Hèlas! les inscriptions étaient closes , nous n'avons donc pas pu avoir le fin mot de l'histoire, en famille...
    Quelle déception !

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  8. Ah l'abbaye de Hambye...
    De beaux souvenirs de concerts et ces ruines qui ne demandent qu'à être photographiées par n'importe quel temps et météo !!!

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  9. Un article très intéressant sur un lieu que je ne connaissais pas. J'ai visité quelques cloîtres pendant mon récent voyage en Hautes Pyrénées et en Espagne, mais j'ai regretté l'état "abandonné" du jardin. Celui-ci a l'air d'être bien soigné!
    Merci!

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  10. Je n'ai de souvenirs que d'un pique-nique... et à l'époque point de jardin.
    Tu en as ramené de beaux souvenirs: photos et croquis.

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    1. Les travaux de restauration et d'aménagement ont fait merveille.
      Une année, nous y avons vu une exposition d'art floral qui, tu l'imagines avait trouvé un cadre idéal.

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    2. Les travaux de restauration et d'aménagement ont fait merveille.
      Une année, nous y avons vu une exposition d'art floral qui, tu l'imagines avait trouvé un cadre idéal.

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  11. Un reportage des plus intéressants, qui me remémore des aspects un peu oubliés de notre visite à cette abbaye, il y a eu tout juste dix ans cet été. Si je me souviens parfaitement de la voute gothique de l'abbatiale (qui, toutes proportions gardées, me fait penser à celle de Jumièges visitée en 2013) et de la grue médiévale reconstituée, par contre je (re)découvre le jardin que tu as si bien rendu dans ton calepin.
    Avec un peu de courage (et de temps !) je pourrais rechercher mes photos (argentiques à l'époque) pour les publier en écho à ton billet ;-)

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  12. Ces rapprochements seraient très intéressants, en effet.

    Ouî il y a , dans cette abbaye, quelque chose de Jumièges, et aussi des ruines de Tintagel, en Angleterre,

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  13. En fait je confonds peut-être avec Jumièges, je dois réviser mes classiques...

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