lundi, décembre 19, 2016

A livre ouvert , Fougères (2/2)

Sur les pas de Chateaubriand à Fougères.

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L’hôtel Danjou de la Garenne occupe depuis le XIXe siècle l’emplacement de l’hôtel de Julie de Châteaubriand, soeur de François-René et comtesse de Farcy, 32 rue Nationale.


A propos des soeurs de Chateaubriand à Fougères, lien ici  et














Dans une vitrine, Bertrand Meslet livre aux regards du passant le poète Yvon Le Men 


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Extrait :Besoin de poème d’Yvon Le Men. Éditions Seuil 2006.

Pourquoi n’ai-je pas pris une autre route, pourquoi n’ai-je pas cherché un travail normal, comme on disait, comme si écrire et dire des poèmes n’était pas un travail. J’aurais pu être…
Mais je ne voulais, pour rien au monde, changer de cap.
Peut-être parce que depuis ma sortie, mon évasion de la pension où je m’étais senti très malheureux, je ne voulais plus recevoir d’ordre de quiconque, sauf ceux que je me donnerais à moi- même. Sûrement parce que j’avais trouvé dans la poésie, la mienne et surtout celle des autres, une consolation, une énergie et une mise en forme de la vie, de ma vie. En ce temps, je naviguais entre deux titres : Le pays derrière le chagrin et A l’entrée du jour, le premier précédant heureusement le second. Personne n’aurait pu deviner dans les poèmes de A l’entrée du jour, sinon un vers par ci, un autre par là, le contexte de leur écriture : l’isolement de la maison dont le loyer était plus que modeste, l’état de son toit, de ses toilettes qui imperceptiblement s’écroulaient au milieu des bois et l’évacuation de ses eaux. Mêmes les rats prenaient la fuite.
Il ne m’était pas possible de parler de ma pauvreté en étant pauvre, il était salutaire de traquer la moindre trace de confort comme ce couteau à pain que j’achetai un jour de soldes. Grâce à ses dents et malgré l’humidité, je réussissais à me couper de belles tartines qui déclenchèrent ces deux vers :
On trouve toujours au fond d’un pain
une belle journée à partager.
Je mettais mes pages à l’école du ciel bleu. C’est ainsi que j’écrivais contre le malheur, c’est ainsi que je lisais même et surtout les livres désespérés dont les auteurs avaient eu, au moins, le courage d’achever leurs livres.
*

« Qu’en est-il de celle, de celui qui jamais ne lit ? Dans quelle langue son poème s’écrit-il ? Celle des nuages, qui dans le ciel bleu ressemblent à des montagnes ? Celle de la neige, qui sur le sol ressemble à un manteau blanc ? Celle de la mer qui à l’horizon ressemble à du ciel tombé par terre ?
D’où viennent les images de celui qui ignore le poème et dont la langue est faite de phrases mortes et mille fois récitées ?
Elle tourne autour du temps qu’il fait, fera, faisait, de la vie qui passe, passera, passait. Ses yeux regardent mais ne voient pas et, s’ils voient, ne savent pas nommer. Sa langue connaît les mots mais pas les verbes qui les tiennent, les montent, les chantent. Elle passe du rire au larme, sans rien dire, alors que les larmes et les rires auraient besoin de notes justement placées dans la phrase.
S’il n’y avait la météo, le chômage, la guerre ici ou là, les enfants des autres qui naissent, les parents des autres qui meurent, il n’y aurait aucun sujet de conversation. Pourtant celui qui ignore le poème connaît le silence. Celui qui ignore le poème sait, malgré lui, que le silence est au coeur du poème.
Et pourtant celui qui ignore le poème n’ignore pas le jaune de la rose du jardin, le rouge de la pomme à couteaux et le parfum du lys qui s’accroche à la robe de la jeune femme. Celui qui ignore le poème n’ignore pas le chant de l’alouette dans le lointain du ciel, l’ombre du nuage sur l’herbe de la prairie, le départ de l’hirondelle à la fin de l’été et le retour de l’enfant à la sortie de l’école.
Celui qui ignore le poème n’ignore pas le travail de la mort sur le visage de l’épouse, du chagrin dans le corps de la veuve. Celui qui ignore le poème sait cueillir un bouquet de fleurs et une poignée de haricots pour le retour de sa fille.
Mais si tu lui demandes des mots, son regard s’assombrit et ses poings se referment sur des paroles qui ne seront pas dites et dont les noms ne connaissent pas d’adjectifs.
Mais quand celui qui ignore le poème pleure, même en silence, le poème en lui trouve sa route, même dans le silence de ses larmes. »

7 commentaires:

  1. Coucou Miss Yves.
    Toujours quelque chose à découvrir chez toi !
    Très bonne semaine, A + ☼

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  2. avec un retard justifié par une absence de plus de 2 semaines je viens de lire tes messages sur jean Géhenno dont j'ai lu tous les livres et maintenant sur les pas des sœurs de Chateaubriand dans la belle ville de fougères nous aimons partir du parking en bas du château et remonter par le magnifique parc jusqu'en haut de la vieille ville.

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    1. Je me réjouis de ton retour.
      J'ai mis un mot sur ton blog.

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  3. prise par le temps je reviendrai lire le texte ...

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  4. Une lacune chez moi: Yvon Le Men.
    L'extrait que tu as choisi est bien touchant avec, comment dire, deux aspects: l'un allant de l'avant et l'autre rempli d'un certain vague à l'âme.

    P.S. Les commentaires n'ont pas paru pour le billet précédent?

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  5. De Fougères, je n'en ai vu que les murs du château en passant en voiture.
    Je me souviens d'une bâtisse imposante.
    Pourquoi ne ferait-on pas de l'écriture son métier. que ce soit en vers ou en prose, en vécu ou en romancé.
    Perso, j'en fais un passe temps, surtout quand j'ai l'esprit en ébullition, ce qui n'est pas le cas en ce moment.

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  6. Bonjour , chers amis blogueurs!
    Désolée de ne pas avoir publié depuis X temps tous vos commentaires, dont je vous remercie vivement.
    Leur mode de visibilité a changé, je m'étonnais de ne plus rien "recevoir", j'ai compris ce matin où les trouver, j'y répondrai progressivement .
    Bonnes (préparations " ) de fêtes de fin d'année à tous et à toutes.

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