dimanche, août 12, 2007
Inconnu à cette adresse,K kressmann Taylor, mise en scène :Xavier Béja, avec Guillaume Orsa, et, au violon,Stéphane Spira
Inconnu à cette adresse,de Kathrine Kressmann Taylor, mise en scène:Xavier Béja, aux Enfeus,Sarlat, jeudi 19 juillet 07-Lumières:Charly Thicot
Comment adapter un récit épistolaire ?Comment rendre le jeu subtil entre l'absence des protagonistes et la présence des lettres? A u cinéma, on se souvient de l'adaptation des Liaisonsdangereuses , de Laclos, par Vadim, qui remplaçait certaines lettres par le téléphone ou les télégrammes, et de celle, brillantissime, de Stephen Frears où les dialogues et la conversation- très XVIIIème siècle - cédaient parfois la place à la matérialité du courrier .
Ce défi du passage de l'épistolaire, Xavier Béja l'a parfaitement réussi, avec une intensité dramatique exceptionnelle.
Tout d'abord, grâce à un décor sobre, mais signifiant et par une utilisation spatiale judicieuse : deux fauteuils éloignés l'un de l'autre où se replieront , progressivement, les deux amis (les deux frères ?) devenus ennemis alors qu'au début de l'intrigue et de leur correspondance, ils se trouvaient face à face, comme devant un miroir , séparés par une limite imaginaire ténue, au milieu de la scène .
Ensuite, grâce au rôle de la musique et du violoniste juché sur un tabouret face au public , personnage à part entière de cette tragédie de l'histoire dont il est le premier témoin . Au début, au moment de leur séparation , Max et Martin , bras dessus, bras dessous reviennent d'une fête ponctuée de chants yiddish ( le violon rappelle que cet instrument, facile à transporter, a été retrouvé en nombre dans les camps de concentration ) . Lorsque Martin Schulse se laisse embrigader , des airs de valses soulignent son opportunisme, ses ambitions mondaines . Au plus fort de la crise s'élève la musique de Bach en contrepoint à la barbarie nazie. Enfin, le son du violon devient grinçant, inharmonieux et après le flash aveuglant du spot , lumière apocalyptique, le violoniste descend de son tabouret et devient un petit facteur américain qui énonce la phrase attendue:"Inconnu à cette adresse" L'interprétation remarquable de Xavier Béja , de Guillaume Orsat et du violoniste Stéphane Spira a été applaudie et saluée comme elle le méritait, le soir de la représentation, et le lendemain à l'hôtel Plamon .
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