A la fin de l'été, sous le soleil exactement ,
sur la Croisette
En triant de vieux papiers, lettres, notes, cours, etc
j'ai retrouvé ce poème, appris, je crois, en classe de sixième ou de cinquième.
(Le titre du recueil est de saison ).
Je l'avais longtemps cherché, et si j'en avais un souvenir vague, je l'aurais plutôt attribué à
Tout académicien qu'il fût, Emile Henriot et son oeuvre semblent tombés dans l'oubli.
Ironie du sort, c'est lui qui a popularisé l'expression "nouveau roman" qu'il avait forgée pour critiquer "la Jalousie" d'Alain Robbe-Grillet
Je voudrais peindre ce paysage
en trempant dans l'eau du canal
ce peuplier sans feuille encore
qui a l'air vraiment d'un pinceau.
Sur l'écran du ciel comme une soie grise,
j'inscrirais d'une touche de laque violette très mouillée
le mouvement de cette colline à fin d'horizon,
puis, couleur de rouille et de fumée,
ces bois à demi dissous dans la brume,
et je réserverais pour la plume et l'encre de Chine,
ce bel arbre aux branches tordues
et enchevêtrées au premier plan.
Ce ne sera pas facile à rendre cet emmêlement
et cette ramification délicate,
et toutes ces brindilles capricieuses.
Il faudrait savoir dessiner.
Mais, ce sera ma récompense,
je garde pour le dernier moment,
d'un seul large coup de pinceau,
cette belle coulée d'émeraude pure
qui représentera le pré;
et tout à la fin, signature,
pour faire chanter tout le reste,
une petite tache de vermillon
aussitôt écrasée du pouce,
pour figurer le toit d'une maison dans l'éloignement
à travers ce tendre et mélancolique paysage
noyé d'eau sous un ciel d'hiver.
Emile Henriot. Les jours racourcissent.
1954. Mercure de France, éditions.
Coucou Miss Yves.
RépondreSupprimerLe temps est tordu sur ta première image...
Voici un poème qui semble t'aller comme un gant ou mieux devrais je dire comme un pinceau !
Très bon dimanche. A + ☺ ☼
Magnifique poème qui te parle sûrement très fort !
RépondreSupprimerComme dit dans le commentaire de Daniel, il te va comme un gant.!
les montres sont molles ..partout... la poésie est belle!
RépondreSupprimerune distorsion du temps avec cette montre molle !
RépondreSupprimerj'avoue ne pas connaitre ce poème mais je vais le noter car je l'apprécie !
Pas facile à apprendre comme poème! J'aime la poésie mais j'avais et j'ai tellement de mal à retenir...
RépondreSupprimerOui Elfi a raison avec les "montres molles."
Il faudrait faire des recherches pour savoir ce que représentaient les montres molles pour Dali. Il est vrai que le temps est relatif, parfois il s'accélère parfois il ralentit, on s'en rend particulièrement compte lorsque l'on doit prendre le train et qu'on a du temps à passer lors de la correspondance.
RépondreSupprimer"L'heure d'hiver" et pourtant nous ne sommes encore qu'au début de l'automne... Ceci dit hier j'ai été surprise par la nuit noire à 18H30 (nouvelle heure)
"Aquarelle" ou la création décomposée... La mise en abyme du paysage qui se peint soi-même.
RépondreSupprimerRegarder un paysage pour ce qu'il est, éphémère afin d'en garder la trace en mémoire... C'est ce que je fais la plupart du temps
j'aime beaucoup ce poème, on peint une aquarelle en le lisant. Mais je pense honnêtement que tu n'as pas besoin de conseils en la matière, j'aime TES aquarelles.
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