...en cette soirée de Saint-Valentin 2016 :
visite coquine organisée par le conservateur, Robert Blaizeau
pour aborder sous un jour nouveau les collections permanentes du musée et en découvrir d'autres, plus lestes, sorties de l'Enfer pour l'occasion, autrement dit de leur(s) réserve(s)
Quelques lecteurs s'étaient piqués au jeu en prêtant leur voix aux textes illustrant, de près ou de loin les oeuvres sélectionnées et commentées .
A tout seigneur tout honneur:
dans l'espace Follain, quelques dessins du poète né à Canisy rendent hommage au corps féminin;un poème inédit, lu par Jacques, honore la beauté vigoureuse et rustique de la Normande,
déjà célébrée par le sculpteur Arthur Le Duc (1848-1918), né à Torigni /Vire
La Normande
Elle est belle vraiment, la Normande robuste
Avec son large col implanté grassement,
Avec ses seins, orgueil et gloire de son buste
Que fait mouvoir sans cesse un lourd balancement !
Elle est belle la fille aux épaules solides
Belle comme la force aveugle et sans effroi !
Il faut pour l’adorer longtemps des cœurs valides
A l’épreuve du chaud, de la pluie et du froid.
Les phtisiques amants de nos lâches poupées
Reculeraient devant ce corps rude et puissant
Dont les mains, aux travaux de la terre occupés,
Montrent, au lieu de lys l’âpre rougeur du sang.
Au détour du sentier, alors qu’elle débouche
Ainsi qu’une génisse errant en liberté
On croit voir la Cérès indomptable et farouche
Du gras pays normand si riche en santé.
Jean Follain La Flèche d’OrUn peu plus loin, une oeuvre en marbre blanc de Gustave Crauk (1827-1905) , élève de James Pradier, suscite une halte et les commentaires approfondis du conservateur.
Le titre mythologique apparemment anodin "Nymphe donnant à boire à un satyre"cache en fait les préludes à une bacchanale, ce que laissent d'ailleurs supposer l'attitude sensuelle des deux personnages et les symboles phalliques
La comparaison avec le groupe sculpté de Pradier, Satyre et bacchante est éclairante.
Cette oeuvre ( exposée au Louvre) fit scandale au Salon de 1834.
Magnifique prétexte à une lecture, faite par Pascale, du seul passage érotique du roman Dans la main du diable d'Anne-Marie Garat digne des romans libertins du XVIII ème s. !
Avec la mort de Sapho du symboliste Gustave Moreau, Eros et Thanatos s'unissent,
ainsi que dans le poème de Jean Follain, La Mort.
Avec les os des bêtes
l’usine avait fabriqué ces boutons
qui fermaient
un corsage sur un buste
d’ouvrière éclatante
lorsqu’elle tomba
l’un des boutons se défit dans la nuit
et le ruisseau des rues
alla le déposer
jusque dans un jardin privé
où s’effritait
une statue en plâtre de Pomone
rieuse et nue.
Territoires © Gallimard Poésie
L'Académie masculine peinte par J-F. Millet a été, pour Robert Blaizeau, l'occasion de rappeler les objectifs et les règles de la peinture de nu, en usage au XIX ème siècle:
Savoir peindre la nudité - outre pour les sujets religieux ou mythologiques- permettait de maîtriser l'anatomie, et, par conséquent de peindre sans erreurs les personnages vêtus.
Les séances procédaient par étapes: copies de dessins, puis d'après sculptures et enfin passage au modèle vivant.
Pas de modèles féminins afin de ne pas troubler les apprentis peintres, et bien sûr, pas de modèles masculins pour les jeunes filles, qui se cantonnaient à la simple copie de dessins!
tout comme l'a été, dans ce sonnet, la poétesse du XVIème S. Louise Labé, (surnommée La belle Cordière).
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
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(A suivre )
Coucou Miss Yves.
RépondreSupprimerC'est saint Valentin qui ce matin va bon train !
Cela en toute retenue, n'y voit malice que qui le vœux bien!
Vite la suite...
Très bonne journée.
A + ☼ ☼
Le sens du verbe baiser a beaucoup évolué depuis l'époque de Louise Labé.. et c'est bien dommage !
RépondreSupprimerLe sens charnel que l'on connaît est attesté dès le XII éme S. et on le trouve au XV éme sous la plume de Villon.
RépondreSupprimerDans la comédie de Molière , Les Femmes savantes , quand Trissotin demande: " Baiserai-je , mon père? " les spectateurs percevaient le double sens .Moliêre a même été critiqué pour ces jeux de mots"bas"
Test test test
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