samedi, février 27, 2016

C'est au pied du mur

...
Que l'on connaît
...
l'artiste.

6 ème édition de l'exposition Maîtres des murs
vendredi 29 mai 2015.
Rencontre avec les quatre artistes .



« Si tu veux être peintre, commence par te couper la langue », Matisse.

Cité en préambule par Anne Slacik, ce précepte aurait pu freiner tout échange !Mais bien sûr,
avec sa jovialité et son humour habituels, David Lewis sut amener chaque artiste à s'exprimer.

Ebauche du sujet : « Depuis quand et pourquoi peignez-vous ?
    - Maya Mémin « Je ne peins pas, j'imprime. Je pensais que j'aurais plus de culot avec une machine qu'avec une toile. A la suite d'une exposition de Rothko, je me suis demandé : pourquoi ne pas rivaliser avec la peinture ? » 
    - Anne Slacik :« Je peins depuis toujours »
    - Jacques Vimard : « Pour plaire à ma mère, pour la séduire , c'est la réponse que j'avais donnée au poète Bernard Noël ».
    - Bernard Legay : « Par volonté d'émancipation, d'opposition à mon milieu d'origine où l'art n'avait pas sa placeLa peinture est un espace de liberté et d'expérimentations multiplesma seule limite est celle du cadre ».
Q
    Question formation, seule Maya Ménin a fait les Beaux -Arts. Le choix d'un atelier de peinture impliquait une complémentaire, ce fut la gravure, sous l'influence d'un professeur fou de cet art.


    Pas d'école des Beaux -Arts pour Anne Slacik, dont la licence de troisième cycle puis l'agrégation d'arts plastiques l'ont menée à l'enseignement jusqu'en 1990, ni pour Bernard Legay, qui a suivi les cours de l'Université d'Arts Plastiques de Paris I.

       Quant à Jacques Vimard, détestant l'idée d'école, il s'est choisi ses propres maîtres (Fra Angelico, Van Gogh, Matisse...). Ce sont les musées et ses amis peintres qui l'ont enseigné. A la demande de David Lewis, il a relaté un souvenir fondateur : écolier à Bois d'Arcy, il passait régulièrement près d'un jardin où un très vieux bonhomme, devant une cabane, peignait des moutons, à la manière de Van Gogh. Or, ce marginal et l'odeur de térébenthine émanant de ses chiffons lui ont révélé tout un univers.

La remarque de David Lewis : « Vous donnez tous des titres à vos œuvres : quel est le rapport entre le titre et l'objet que l'on voit ?» a suscité beaucoup de réactions, chez les artistes et, par ricochet, dans l'auditoire.


A commencer par la boutade de Maya Mémin : « Je donne des titres, juste pour les assurances », assortie malgré tout d'une précision : «Je nommerai plutôt la série, et cela, en fonction du lieu ».
Par exemple, celle conçue pour Fougères sur le concept de « persistance rétinienne ». Fixons une ligne gravée en vert, prolongeons-la en dehors du tableau, elle apparaîtra en rouge, c'est- à -dire dans sa couleur complémentaire.



    Bernard Legay, surpris par le « tous », a cependant admis le fait, reliant le titre de sa série « agres -sions (une agglomération de matière), à la géologie, l'astrophysique, la biologie moléculaire. Un débat aurait pu être relancé avec la question de David Lewis, laissée en suspens : « Que fait-on après le monochrome ? »



    Jacques Vimard s'est analysé de façon approfondie. Initialement peintre non figuratif, après s'être installé en Normandie avec ses 400 tableaux, il a éprouvé le besoin de peindre moins, somme toute insatisfait par cette production informelle. « Je suis venu à autre chose par une tasse blanche à liséré doré », fruit d'un travail sur Mallarmé. Les titres sont devenus alors indispensables, si bien qu'il les inclut parfois dans le tableau. Actuellement, une série s'intitule « Le voyage  à Cythère ». Le sentiment de « quelque chose qui arrive » annonce la fin d'une série tout comme « l'escargot » ou le « papillon » ont été l'aboutissement de rencontres.




    La poésie, particulièrement celle de Mallarmé, régit la démarche abstraite d' Anne Slacik. Tirées d'une série de vingt, trois toiles aux tonalités vert pâle et blanc, très fluides, dialoguent avec un livre d'artiste réalisé pour la maison de Mallarmé à Vulaines-sur-Seine. Il s'agissait d'un travail sur le texte «  le nénuphar blanc », promenade en yole «  au milieu de la rivière :où tout de suite élargie en fluvial bosquet, elle étale un nonchaloir d'étang plissé des hésitations à partir qu'a une source  . »




    Pour clore l'entretien, David Lewis s'est intéressé à la méthode de travail de chacun, consta-
-tant que seul Jacques Vimard utilise « un pinceau normal », alors que Bernard Legay amalgame à de l'acrylique un enduit de sa composition. Toxique ?
« Je travaille très rapidement » a expliqué Anne Slacik « sur des pièces de coton de 2m/3m, au sol, que je redresse, puis retravaille à l'aide de glacis successifs, la toile étant mouillée des deux côtés et tendue sur chassis »


    Maya Mémin s'applique à « retrouver quelque chose dans le papier, dans la trame . » Qui ditgravure dit moyen de diffusion, donc on pense au livre, pour peu que l'on « se regarde les bras pliés ». Envoyé par une amie japonaise, le papier de calligraphie enroulé dans du kraft crée une trame particulière. Méthode ? Le dérouler sous forme de bannière dans le lieu d'exposition, l'encrer avec un pinceau en utilisant du jaune, du bleu, du rouge, avec autant de passages sous presse que nécessaire pour obtenir des mélanges. Après réexpédition en Chine, les grands rouleaux reviennent et sont marouflés sur un papier avec de la soie, ce qui joue le rôle de cadre et de révélateur.
    Au musée de Saint-Lô, inspirée par le nom de Jean Lurçat, Maya Mémin a voulu renouer avec l'esprit du textile.




    Passerelle stimulante vers l'exposition, cette rencontre a suscité beaucoup d'intérêt.
   Au programme, après le vernissage : concert des classes de musique de chambre de l'Ecole municipale, puis spectacle chorégraphique des élèves du Creuset de la danse .




    En ce joli mois de mai 2015, ce fut un beau mariage des arts !

                                                                                                                                                    M.S.






8 commentaires:

  1. Poésies, peintures, musiques... que de mander de plus !
    (je suis une inconditionnelle de Mark Rothko)

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  2. suis subjuguée par les toiles en céladon! magnifique!

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  3. Coucou Miss Yves.
    Ici vous saurez tout sur les peintes et leur motivations.
    Bien sur un célèbre se coupas une oreille, j'ignorais tout sur le coupeur de langue !!! lol
    Aïe! Aïe! le narrateur était soporifique, deux semblent dormir, j'ai l’esprit par tourné ils méditent pour s’imprégner de toute la subtilité de l'exposé...(rire)
    Très bonne semaine.
    A + ☼ ☼ ☼

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    1. Ben! moi aussi j'ai du m'endormir un instant.
      Les peintres je m'en paye une "pinte"...
      Que vient faire un "S" à se coupa?

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  4. J'admire ton admiration pour ce genre d'oeuvres.

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  5. Non non, tous les artistes ne donnnent pas un titre à leurs oeuvres, je l'ai noté à l'expo consacrée à Wifredo Lizm au musée Pompidou où les "sans titre" foisonnaient >


    https://artsessioncentrepompidou.wordpress.com/2015/12/09/wifredo-lam-une-oeuvre-transcontinentale/

    For instance j'ai trouvé ces toiles sur le net >

    http://surrealisme.skynetblogs.be/tag/wifredo+lam

    http://www.artnet.com/artists/wifredo-lam/sans-titre-LzP8WS240sm4Bg_05LUJNQ2

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  6. Et les artistes ne se coupent pas souvent la langue, hormis Monet qui a refusé de transmettre sinon à sa belle-fille... Lors des expos on a des florilèges que je note toujours lorsqu'elles me parlent particulièrement. Picasso était très bavard...

    Willy Ronis : "La photographie c'est le regard. On l'a ou on ne l'a pas.
    Cela peut s'affiner, la vie aidant, mais cela se manifeste au départ avec l'appareil le meilleur marché. En tout état de cause, cela ne figure pas dans les colonnes de matériels qui font rêver les dévoreurs de catalogue"

    Helene Schjerfbeck, artiste finlandaise > "Il manque toujours la touche finale à une oeuvre d'art. Tout ce qui est achevé est mort".

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