Les
coups de cœur
d'un
dimanche au musée des Beaux-Arts.
Si
collectionner rime souvent avec «spéculer », ce n'est pas le
cas de Daniel Hurstel, avocat d'affaire parisien qui, depuis une
trentaine d'années s'adonne à cette activité sans but mercantile,
se définissant, non pas comme un collectionneur, mais comme « un
amateur qui accumule les coups de cœur ».
Son
fil directeur ? L'éclectisme: techniques et styles divers (
photographie, peinture figurative ou abstraite), artistes variés,
célèbres ou inconnus. Le mode d'acquisition des œuvres diffère
lui aussi : parfois achetées directement aux artistes, le plus
souvent à des galeristes.
Daniel
Hurstel prête pour la première fois sa collection, dont certaines
pièces avaient déjà été exposées au Grand Palais. C'est grâce
à l'entregent de M. Valentin Goëthals, conseiller municipal délégué
au patrimoine et à la culture que le public pourra apprécier cette
collection, visible du 17 septembre au 20 décembre 2015. Elle
provient de son appartement parisien du XVème arrondissement et de
son château près de Lyon, ouvert à la visite et aux manifestations
culturelles.
Ces
explications ont été données par M. Robert Blaizeau (nommé conservateur des musées municipaux de Saint-Lô en préambule à la
visite guidée qu'il organisait, le dimanche 11 septembre, à
laquelle assistaient 45 personnes, pour moitié, des adhérents de
notre association.
Entré
en fonctions le 1er septembre, le nouveau conservateur a bien sûr
procédé à l'accrochage .
Plutôt
que se laisser guider par le collectionneur, l'option retenue par
l'équipe du musée a été d'appliquer ses propres critères :
le résultat, approuvé par Daniel Hurstel n'a donné lieu qu'à
d'infimes retouches.
Quels
choix ont donc déterminé l'accrochage ?
Un
jeu sur la verticalité rythme le grand mur de gauche (en direction
de la salle des tapisseries) Aux lignes de force de la scène de
Bagarre
d'Hervé Ingrand répondent les arêtes des livres d'une photographie
anonyme et un diptyque de Daniel Clarke, scène de plage avec des
cabines de bain, en écho avec le grand tableau d'Eugène Boudin que
possède notre musée.
Sur le mur qui
clôt partiellement l'espace d'exposition s'accumulent des portraits,
ou paradoxale- -ment, des anti-portraits puisque les codes du genre
sont subvertis.
Exemple
le plus significatif, une toile de Georg Baselitz, peinte à
l'envers, caractéristique de sa manière.
Significative
également, une œuvre d'Annette Messager, technique mixte, où
des superpositions de gazes créent un effet de relief et laissent
deviner un visage de trois-quarts, balafré de coulures rouge sang.
Le fond, dans des tonalités de gris et de noir traduit l'univers
oppressant de cette artiste .
Isolé
sur le mur de droite trône le tableau préféré du collectionneur,
mis ainsi à l'honneur à sa demande, Frère
et sœur,
de Claire Tabouret, artiste française peu connue jusqu'à ce que son
travail entre dans la prestigieuse collection de François Pinault.
La
question du Sacré est posée dans un recoin aménagé dans le même
espace, avec deux photographies d'Andres Serrano :The
Church,
et Church
Trinity .
Le visage du moine âgé de la première photo, valorisé par le
clair-obscur répond à la photographie anonyme qui plus loin lui
fait face, un élégant Portrait
de femme finlandaise,
reproduction d'un tableau de l'Ecole du Nord . Le problème du flou
est suggéré dans l'huile sur toile de Carole Benzaken, Etamin
2,
proche de l'abstraction.
Voici
la toute dernière acquisition du collectionneur, Carafe,
une photographie
de
V. Belin qui, par ses contrastes entre les verres du premier et de
l'arrière-plan rend monumental un objet du quotidien. A proximité,
voilà le premier tableau acheté pour la collection, Abstraction
Bleu ,
de Pierre Celice.
Au centre de la
salle est exposé sous vitrine un livre d'art d'Anselme Kiefer qui
se déploie hors d'un boîtier de métal, tandis que des grains de
sable collés sur les pages les fragilisent.
L'éclectisme
est bien le maître mot de la collection : François Morellet,
célèbre partisan de l'abstraction géométrique au XXème siècle
côtoie Paul Nicolas, artiste dont le talent prometteur ne s'est pas
épanoui. Son huile sur toile, April avait été achetée au
peintre dans sa phase ascendante, alors qu'il fréquentait l'école
des Beaux-Arts de Paris.
Cette visite,
dynamique et pédagogique a constitué un véritable coup de cœur
pour le public, enchanté à l'idée que Daniel Hurstel vienne
lui-même commenter sa collection, le 4 novembre au soir.
M.
Simon.
j'aime beaucoup la formule : « un amateur qui accumule les coups de cœur » qui devrait être la seul raison d'être du collectionneur ...
RépondreSupprimerBelle exposition Miss-Yves, merci de nous la faire partager
Un très bel article de référence, j'aimerais bien savoir quelles toiles ont été exposées au Grand Palais... Les commentaires du collectionneur seront passionnants à entendre. C'est un mécène d'aujourd'hui, je me demande s'il a des liens privilégiés avec les artistes (j'avais vu l'exposition au Grd Palais consacrée à la famille de collectionneurs Stein dont surtout Gertrude)
RépondreSupprimerhttp://www.grandpalais.fr/fr/evenement/matisse-cezanne-picasso-laventure-des-stein
je viens de finir mes lectures des 2 derniers messages.. Bravo Miss pour tout ce travail de synthèse et de présentation. tout est très très intéressant et j'aime carrément beaucoup cette série.
RépondreSupprimerTes explications sont plus emballantes que les tableaux.
RépondreSupprimerCoucou Miss Yves.
RépondreSupprimerIl y à toujours des découvertes à faire chez toi.
Très bonne journée, A + ♣ ☼
La meilleur façon d'aller voir une telle exposition mais souvent peu réalisable. De plus ton propre exposé est excellent.
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