vendredi, mars 23, 2012

De cachot en château




Doué d'une grande capacité de travail gâtée par son sens de l'hospitalité et de la fête, Alexandre Dumas décide, en mai 1844 de se retirer à la campagne pour écrire au calme.

Utilisant la ligne de chemin de fer Paris-Le Pecq, créée dès 1837, il s'installe à saint-Germain -en -Laye avec son fils Alexandre, et découvre bientôt, en revenant à pied de Versailles, un site donnant sur la Seine qui le charme, au lieu-dit Les Montferrands à Port-Marly. Il achète aussitôt des parcelles pour se faire construire une maison de campagne...qui adoptera la tournure d'un petit château de style Renaissance!
Achevé en 1846, celui-ci prend le nom de Château de Monte-Cristo.
Et en 1847, la pendaison de crémaillère réunit plus de 6OO invités!

Toujours aussi entouré et toujours submergé de pique-assiettes, Dumas se fait alors construire un cabinet de travail de style gothique, "Le château d'If", allusion  au cachot où est emprisonné  son héros, Edmond Dantès .
On y accédait, dit-on, par un pont-levis et un chien sculpté était censé écarter de son maître les intrus .
La façade en meulière s'orne de pierres blanches où sont gravés les 90 titres d'ouvrages composés par l'écrivain avant 1846, date de la construction de sa demeure.


L'intérieur de ce cabinet- qui ne se visite pas - se limite à deux pièces, bureau au rez-de-chaussée, minuscule chambre à l'étage.

D'une plate-forme, l'écrivain pouvait observer ses hôtes-parfois inconnus de lui -déambuler dans le parc, peuplé d'animaux exotiques.

Dumas parlait ainsi de son château: "J'ai là une réduction du Paradis Terrestre".
L'intérieur-que l'on ne peut photographier- était luxueusement meublé (le mobilier actuel,  est une reconstitution ) avec, pour summum de l'originalité   une chambre mauresque, réalisée par des artisans tunisiens que lui avait "prêtés" le Bey de Tunis

(Photos  de l'intérieur sur le site officiel des Amis d'Alexandre Dumas)




Au-dessus du portail, la devise de l'écrivain "J'aime qui m'aime" et, en médaillons, les portraits des génies littéraires vénérés par Dumas: Molière, Shakespeare, Homère, Dante...

Mais comment conserver un tel Paradis Terrestre quand on dépense sans compter ?Alexandre Dumas se retrouva vite ruiné par la succession de réceptions , de  repas fins,  de fêtes masquées et par la faillite de son Théâtre Historique , sur le célèbre boulevard du Temple-ou Boulevard du Crime, haut lieu du mélodrame.
Dès 1849, il fut obligé de vendre cette propriété qui lui avait coûté environ 500 000 francs de l'époque.


Le château tomba alors dans l'oubli, passa de mains en mains, faillit être démoli dans le cadre d'un vaste projet immobilier pour être heureusement  racheté en 1972 par le syndicat intercommunal de Port-Marly, Marly -le-Port et le Pecq avec  le soutien de de *l'association des Amis d'Alexandre Dumas.
En 1985, le roi du Maroc, Hassan II , admirateur du romancier se fit mécène en assurant la restauration du le salon mauresque , en dotant le château d'un système de chauffage efficace pour son assainissement et en faisant refaire à Lyon des tissus d'origine.

L'académicien Alain Decaux, Président de l'association des Amis d'Alexandre Dumas avait ainsi défini ce site :" Monte-Cristo, c'est un songe réalisé"
Mort chez son fils à Puys, près de Dieppe en 1870, Dumas sera deux ans plus tard inhumé dans son village natal de Villers-Cotterêts (ici, lettre de Victor Hugo à Alexandre Dumas fils) et en 2002, ses restes seront transférés au Panthéon .

Juste avant qu'il ne rejoigne l'éternité des Grands Hommes Français, une halte nocturne fut  ménagée  pour lui dans ce château qu'il n'avait habité que deux ans .


.................................................................................................................................................................
Lien personnel /mail art ici

16 commentaires:

  1. J'adore ce post, Miss Yves ! Et merci pour le lien.
    Ces deux "bâtisses" sont réellement très belles.
    Voilà ce qui arrive quand on fait la fête à gogo et qu'on a les yeux plus gros que le ventre.
    Heureusement, il y a des admirateurs et des sauveurs de ce patrimoine.

    RépondreSupprimer
  2. château avec CACHET..

    RépondreSupprimer
  3. Che ti pas bô tout cha!

    RépondreSupprimer
  4. Que tu nous conte bien, j'étais partiellement au fait de cette belle histoire.J'avais envisagé de le visiter lors d'un de mes séjours dans les Yvelines.
    C’était sur ma route quand je me rendais à la maison Fournaise, pas très doué ce jour là je me suis fourvoyé sur le chemin pour y arriver...un sans interdit... plus trop de temps... pas facile de faire demi tour... enfin bref!! Bon weekend A + :))

    RépondreSupprimer
  5. Moi aussi j'ai une envie de retourner faire un tour...
    Ma dernière escapade en rp date de 2008, comme le temps passe vite.
    Pas avant l'automne si je me décide, nous avons un autre voyage de prévu en mai...
    A + :))

    RépondreSupprimer
  6. Wonderful pictures -- what an amazing site!

    RépondreSupprimer
  7. Marrant le com d'Hélène.
    Pour St machin, je ne sais pas pourquoi en cours de route St Genole a changé de nom.
    Peut être trouvaient-t-ils, les sarthois, que cela faisait trop breton , Va savoir !!!
    J'ai fait des recherches mais n'ai rien trouvé à ce sujet.

    RépondreSupprimer
  8. Merci pour cette balade littéraire qui nous mène aujourd'hui sur les traces d'Alexandre Dumas ! Je ne connais pas cette demeure, je l'avais aperçue sur le site des maisons des écrivains...
    De vraies folies ces châteaux et il ne l'a habité que deux ans ???
    Bon dimanche

    RépondreSupprimer
  9. Enitam: oui! Folie est le terme qui convient...doublement! Merci, à toi aussi...par ce beau temps!

    RépondreSupprimer
  10. Encore une maison et un cabinet de travail en plus aux allures de châteaux. On dirait des pièces de monopoly, que l'on pourrait déplacer ailleurs tant elles ne semblent que posées sur le relief.
    Je passais souvent pas loin en allant à Versailles en voiture, mais ne me suis jamais arrêtée, je pourrais y aller sans mon mari.
    Généreux Alexandre Dumas ! Vis à vis de ses amis plus ou moins proches et de ses lecteurs aliénés à sa plume. J'ai lu "la guerre des femmes" qui a été retrouvé. J'adorais tout "les mousquetaires" et suites.

    RépondreSupprimer
  11. Ma photo de perce-neige n'est que d'il y a dix jours, Miss. Je l'ai prise en même temps que Pomone.
    A propos des saisons qui passent et des messages de circonstance, j'ai relevé une citation dans le Paasilinna que je suis en train de lire, je m'en servirai sans doute très bientôt...

    RépondreSupprimer
  12. Il y a du moule pour gâteau battu picard (15 cm de haut) dans ces volumes...

    http://www.images-en-somme.fr/recette-gateau-battu.php

    Et du cimetière du Père Lachaise aussi dans les décorations de jardin (cave canem).

    RépondreSupprimer
  13. Bah ! "La guerre des femmes" en effet je suis d'accord avec l'analyse, on le lit en souvenir de Dumas ! Cela me fait penser aux derniers Agatha Christie notamment le cheval à bascule = pas terrible.
    Je n'ai pas été tenue en haleine, quand à être misogyne... CF ce que j'ai dit / Tourguéniev. Il est facile de juger à notre époque.
    Ceci dit, les femmes ont toujours tenus un très grand rôle dans la politique.

    RépondreSupprimer
  14. Mais oui , c'est bien sûr, j'ai lu "la tulipe noire" !!!!
    Mon père rêvait toujours de ce que les fleurs ne pouvaient lui donner : le bleu dans les roses. Ou dans les hortensias malgré une terre qui les faisait tourner au rose.

    RépondreSupprimer
  15. Un chateau bien curieux dont j'ignorais l'existence! Un melange extravagant que j'irais bien visiter pour voir de plus pres les details. Il ne s'arretait pas aux details et trouvait toujours a se nourrir meme en temps de crise. Les romans feuilleton dans les journaux l'ont bien aide.

    RépondreSupprimer
  16. Thérèse: extravagant est le mot, tout comme les maisons de V Hugo, le summum étant Hauteville House
    ELFi: joli jeu de mots!
    Cergie: de quel livre de Paasilinna l'as -tu tirée ?

    RépondreSupprimer

Journée des peintres (2)

à l'abbaye de Cerisy-la -Forêt  Pauline Bailly,qui a exposé à Gratot ,  a mis en scène une femme-nuage dont le cou s'orne d'un c...