samedi, mars 05, 2016

J.B.Jongkind Sur la voie de l'Impressionnisme

               
 (Du 1er octobre au 20 décembre 2015) La deuxième partie de la visite commentée par M. Robert Blaizeau portait sur l'exposition J.B. Jongkind (prononcer « Yongkind», inaugurée le 2 octobre en présence de M. Auffret, président de la société des amis de Jongkind, qui a rendu possible cette manifestation par de nombreux prêts. Parcourons en sept étapes la vie et l'oeuvre de cet artiste néerlandais (1819-891), le huitième d'une famille paysanne de dix enfants.


1- Jongkind et ses amis.
 En exergue, une aquarelle de petit format, Jongkind en compagnie d'un ami, annonce le propos, illustré par quelques tableaux de figures marquantes du courant pré-impressionniste: Corot, Courbet, Boudin- ce dernier a d'ailleurs reconnu l'influence de Jongkind sur sa manière de voir et de sentir. Notons que La plage à Trouville de Courbet, Les pêcheurs de crevettes d'Eugène Boudin font le lien avec l'exposition de 2013, L'impressionnisme, une immersion dans la peinture » ainsi qu' avec les paysages et les marines du musée.
Une place toute particulière doit être accordée à F. Cals (1824-1898), certes, pour sa toile Pourville, près de Dieppe, bien dans l'esprit pré-impressionniste, mais surtout pour le soutien apporté à son ami Jongkind. Ruiné à cause de sa vie dissipée, ce dernier dut retourner aux Pays -Bas en 1855, et c'est grâce à la vente de tableaux organisée à son profit par Adolphe -Félix Cals qu'il put, en 1860, revenir à Paris, dont il se languissait.


A son retour, il fit la connaissance de Joséphine Fesser, peintre, elle aussi, qui devint sa compagne. Trois tableaux traitant d'un thème voisin (scène d'hiver, patineurs) mettent en parallèle le travail de Josephine Fesser, de Jongkind et de son maître, Andreas Schelfhout, grâce auquel il avait pu obtenir une bourse d'étude. Ainsi, il intégra, à l'âge de 27 ans, l'atelier d'Eugène Isabey, peintre de marines, considéré par Baudelaire comme « un vrai coloriste », « un des hommes les plus justement heureux du mouvement rénovateur » .

 2-Un éternel voyageur.
 L'essor des moyens de transport au XIXème siècle, particulièrement du chemin de fer favorise les déplacements dont Jongkind ne s'est pas privé: La Ciotat, les quais de Marseille, Nevers, Honfleur, le château de Nyon, en Suisse, Paris bien sûr et Londres, autant de destinations qui ont suscité des croquis, devenus peintures en atelier, grâce à son excellente mémoire visuelle, car, à la différence des Impressionnistes, il ne peignait pas sur le motif.
 Le soir du vernissage, M. François Auffret a insisté sur l'aquarelle, L'ancien pont d'Hungerford vu du quai au charbon, signé, dédicacé à « son ami Waring » datée du 9/10 septembre1853, sortie très rarement des collections. Ces annotations attestent un voyage à Londres, contesté par certains biographes. A l'arrière-plan, les fumées industrielles de la ville évoquent la modernité, chère à Baudelaire. Détail pittoresque, l'enseigne de la brasserie Le Lion d'or sera reconnue in situ, par Zola, pendant son exil londonien.


 3-Un amoureux de Paris.
 Jongkind s'attache plus à montrer des scènes de rue qu'à décrire précisément des monuments ; quelques personnages silhouettés les animent, telles les Lavandières au quai de la Tournelle. Les techniques variées (dessin, aquarelle, dessin aquarellé, fusain, fusain et rehauts de pastel), l'éventail des dates (1864,1867,1872,1876) et des lieux révèlent une source d'inspiration constante.


 L'aquarelle Vue de Paris, les berges de la Seine, (1872) porte la dédicace suivante :« a Monsr Emile Zola d'amitié », en remerciement de l'article élogieux rédigé par l'écrivain dans le journal La Cloche qui reconnaît en lui, avec sa série « Démolitions » un témoin des grands travaux Haussmanniens. 4-Jongkind et les Pays-Bas.
 Les paysages typiques des Pays-Bas – certains vraisemblablement peints de mémoire- se déroulent, au fil des titres : L'Escaut à Anvers (3 Oct 66), Moulins aux environs de Rotterdam (9 sept 67), Canal en Hollande (non daté ).


 5-La société des aquafortistes.
 (Jongkind y adhéra en 1862) « L'eau forte est à la mode! » s'exclamait Baudelaire, dans la première version de Peintres et aquafortistes (1862). Et de saluer l'éditeur Cadart ainsi que « M.Yongkind (sic), le charmant et candide peintre hollandais (qui) a déposé quelques planches où il a confié le secret de ses souvenirs et de ses rêveries, calmes comme les berges des grands fleuves et les horizons de sa noble patrie » Six eaux-fortes, accompagnées de leurs matrices montrent la pertinence du jugement du poète critique d'art.

 6-Jongkind en Normandie
Les Hauts-lieux de l'Impressionnisme naissant figurent en bonne place. Vues d'intérieur et d'extérieur par A.F.Cals et Eugène Boudin de la Ferme Saint-Siméon où se réunissaient les artistes novateurs ; jeux de la lumière et des reflets dans le port d'Honfleur par Jongkind, plus soucieux de poésie que de réalisme social, dans l'huile sur toile Chantier de construction navale, Honfleur.

 7- Jongkind en Dauphiné.
 Sous lumière tamisée, la Rotonde conserve les fragiles feuillets des paysages du Dauphiné, où résidèrent, à partir de 1870, le peintre et sa compagne, le fils de celle-ci ayant acheté la villa «Beau Séjour » à la côte Saint- André dans l'Isère. Anticipant les séries des cathédrales et des meules de Monet, Jongkind réalisa de nombreuses recherches d'atmosphères, «   sous un coup de soleil », « par temps d'orage », « en automne », « sous la neige ». Imaginons-le parcourir la route de Balbins, ou de Beaurepaire, les vignes et les coteaux, muni de son matériel et de son pliant .
La présentation rend compte de son travail préparatoire. Il s'agit tantôt de feuilles aquarellées recto verso, encadrées double face, posées sur des supports, tantôt de feuillets juxtaposés dont l'assemblage est très visible . Après son admission le 27 janvier 1891 à l'asile saint-Robert de Saint-Egrève près de Grenoble, le peintre meurt le 9 février. Neuf mois plus tard, sa compagne décède. Tous deux reposent à cinq cents mètres de leur villa, dans le cimetière de la côte Saint-André.




  Tous les visiteurs de l'exposition ont apprécié la disponibilité de M. Blaizeau, la clarté de ses explications et son enthousiasme communicatif : qu'il soit vivement remercié pour ce dimanche au musée.

M. Simon

 Sources : J.B.Jongkind, Sur la voie de l'Impressionnisme, Imprimerie Bayle-26 200 Montélimar Baudelaire, Curiosités esthétiques. L'art romantique, Edition de H. Lemaître, Classiques Garnier, Bordas. www.jb-jongkind.org https://lesarchivesdeladouleur.wordpress.com/2013/06/30/emile-Zola

9 commentaires:

  1. Coucou Miss Yves.
    Tout le monde semble écouter religieusement...
    Très bon weekend, A + ☼ ☼

    RépondreSupprimer
  2. une très belle page qui met à l'honneur un artiste trop oublié,
    je crois avoir un lire à son sujet dans la bibliothèque il faut que je cherche...
    Merci pour toutes ces précisions Miss_Yves
    bonne fin de semaine

    RépondreSupprimer
  3. j'aime me promener dans les musées.. les galeries..les châteaux...
    mais seule... sans appareil dans les oreilles.. sans explications du guide.. suis-je spéciale?
    bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien ne vaut sans doute le contact personnel direct.
      Mais les explications apportent beaucoup, non?
      Les deux approches se complètent, me semble-t-il.
      Réponse de Normande)

      Supprimer
  4. Voila une exposition que j'aurais bien aimé parcourir ce jour-là, pour écouter les commentaires du sympathique M. Blaizeau. Merci pour ce beau reportage, si bien détaillé.

    De ses passages à Avignon (ma ville natale) Jongkind à peint deux tableaux, une huile et une aquarelle, l'huile se trouve à Marmottan et l'aquarelle au Louvre. Je ne pouvais pas manquer d'en parler. Je me souviens qu'à l'époque (il y a cinq ans) mon ami Michel Benoit avait contacté François Auffret, l'actuel président de la Société des Amis de Jongkind, pour un renseigement à propos de l'aquarelle. C'est ainsi que nous avons appris qu'effectivement, Jongkind dessinait sur place, mais peignait dans son atelier de Paris.

    Par ailleurs, lorsque j'ai visité les jardins de Giverny, j'ai eu la surprise de découvrir une copie de l'huile dans un coin de la chambre de Monet, tu te souviens peut-être d'avoir lu pourquoi elle se trouve là...

    RépondreSupprimer
  5. Je repasserai demain, car je veux prendre mon temps pour tout lire et apprécier. A demain, donc !

    RépondreSupprimer
  6. Je découvre ce peintre qui a un nom pas si difficile à retenir et son influence sur Bourdin et donc sur Monet et les impressionnistes. La Normandie a eu une influence majeure que ce soit en peinture ou en littérature

    RépondreSupprimer
  7. bravo, Miss yves. on apprend toujours tant de choses !je découvre ce peintre;

    RépondreSupprimer
  8. Je suis allée voir ses aquarelles, j'aime assez son style, c'est tout a fait le genre d'oeuvres que j'aime. Merci pour cette excellente dissection.
    Je ne connaissais pas cet artiste.

    RépondreSupprimer

Journée des peintres (2)

à l'abbaye de Cerisy-la -Forêt  Pauline Bailly,qui a exposé à Gratot ,  a mis en scène une femme-nuage dont le cou s'orne d'un c...